
Une foule de partisans du Hezbollah suivent un discours, retransmis en direct sur écran, du chef du parti chiite, Hassan Nasrallah, le 29 avril 2022 dans la banlieue sud de Beyrouth. Photo REUTERS/Aziz Taher
Sur écran, devant une foule de partisans et de militants en treillis dans une salle de la banlieue sud de Beyrouth, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a prévenu vendredi que son parti riposterait directement et rapidement contre toute agression israélienne, mineure ou majeure, visant le Liban. Une mise en garde qu'il a formulée lors d'un discours télévisé retransmis en direct à l'occasion de la "Journée de Jérusalem".
Le leader chiite a, dans ce contexte, assuré que le Hezbollah se tiendrait en alerte maximale face à Israël qui, selon lui, prévoit des manœuvres militaires, et a martelé que les élections législatives du 15 mai au Liban n'allaient pas distraire son parti face à l'Etat hébreu.
Des partisans du Hezbollah, drapeaux du parti à la main, écoutent un discours télévisé du chef de la formation chiite, le 29 avril 2022 dans la banlieue sud de Beyrouth. Photo REUTERS/Aziz
Depuis la Révolution islamique iranienne de 1979, la "Journée d'Al-Qods" (Jérusalem en arabe) est célébrée tous les ans lors du dernier vendredi du ramadan, le mois de jeûne musulman, en solidarité avec les Palestiniens. Les rassemblements, qui avaient été annulés ces deux dernières années en raison de la pandémie, ont eu lieu vendredi à Téhéran, ainsi que dans les principales villes iraniennes comme Machhad, Ispahan et Tabriz. C'est également la première fois qu'un tel rassemblement est organisé depuis deux ans dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah.
"Il se peut que les Israéliens commettent une bavure et affirment par la suite être en état d’alerte maximale, alors qu’ils effectuent des exercices militaires", a mis en garde Hassan Nasrallah. "Aujourd’hui, j’annonce que lorsque les manœuvres israéliennes vont commencer, avant ou après les élections libanaises, la Résistance au Liban sera en état d’alerte maximale. Nous le disons clairement dès maintenant : toute erreur, toute bêtise, toute agression, mineure ou majeure, aura une réponse directe et rapide. Ne pensez pas que nous sommes occupés par les élections. Le scrutin ne nous distrait pas de la protection de notre nation", a encore prévenu le leader chiite en s'adressant aux dirigeants israéliens.
Attendues par la communauté internationale, les législatives sont perçues par de nombreux Libanais comme une opportunité de changement de la classe politique dirigeante accusée de corruption et d'incompétence, dans un pays en plein effondrement économique depuis 2019. Mais plusieurs observateurs redoutent un report de ces élections, sous différents prétextes, notamment sécuritaires, alors que de nombreuses formations au pouvoir sont en perte de popularité ces dernières années.
Menaces
Hassan Nasrallah a également menacé Israël d'une frappe directe de la part de son mentor, la République islamique d'Iran. "La République islamique pourrait frapper directement Israël, si ses violations se poursuivent. Cela dépendra du comportement et de la bêtise d’Israël. Nous allons venger nos martyrs. Cela constitue un développement important. Nous devons faire face à la normalisation (avec Israël), en paroles et en action, pour dire aux sionistes que la normalisation ne vous protégera pas", a plaidé le chef du Hezbollah.
Motus sur la frontière maritime et les pays du Golfe
Hassan Nasrallah s'est longuement penché durant son discours de plus d'une heure sur la cause palestinienne et la résistance face à Israël. Il a également condamné la normalisation en cours entre plusieurs pays arabes, notamment des monarchies du Golfe, et l'Etat hébreu. Il a, dans ce contexte, salué les attaques meurtrières menées dans les territoires palestiniens occupés par des Palestiniens contre des militaires et des civils israéliens.
Le chef du Hezbollah a omis d'évoquer dans son discours plusieurs dossiers libanais épineux, tels que la délimitation de la frontière maritime avec Israël, un processus de nouveau dans l'impasse, ou encore le réchauffement des relations entre Beyrouth et les monarchies du Golfe, après une grave crise diplomatique qui a éclaté en octobre dernier, notamment en raison du rôle du Hezbollah au Liban et dans la région.
Lors de son dernier discours le 11 avril, Hassan Nasrallah avait accusé l'Arabie saoudite de vouloir financer ses adversaires politiques lors des législatives du 15 mai. Des accusations qui interviennent au moment où les relations entre le Liban et les monarchies du Golfe, notamment Riyad, se réchauffent après le retour des ambassadeurs de ces pays à Beyrouth, et suite à des signes d'une volonté saoudienne de revenir sur la scène politique libanaise. Le dirigeant du Hezbollah avait également fait savoir que l'objectif de sa formation n'était pas d'obtenir la majorité des deux tiers dans le futur Parlement, estimant que cela n'était "ni logique ni réaliste".
Quelques jours plus tôt, le 8 avril, il avait organisé une réunion, en sa présence, de ses deux alliés chrétiens, le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil, et celui des Marada, Sleiman Frangié, les deux étant des rivaux et potentiels candidats à la présidentielle en octobre. Si cette réunion est intervenue après la formation des listes de candidats aux législatives, elle semble toutefois s'inscrire dans une volonté du Hezbollah de ressusciter l'alliance du 8 Mars, formée par le parti chiite et ses alliés chrétiens, druzes et sunnites, tous réputés proches du régime syrien de Bachar el-Assad.
Je suis super déçue par vos modérateurs immodérés.
20 h 51, le 30 avril 2022