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Politique - Focus

Législatives : Nasrallah identifie la menace contre son camp

Le secrétaire général du Hezbollah pointe du doigt un financement saoudien, comme en 2009, du camp adverse.

Législatives : Nasrallah identifie la menace contre son camp

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Photo d’archives AFP

Au moment où l’ambassadeur d’Arabie saoudite réunissait autour de lui lundi soir en sa résidence à Yarzé toutes les figures de proue opposées au Hezbollah, notamment le chef des Forces libanaises Samir Geagea, le leader druze Walid Joumblatt et l’ancien Premier ministre Fouad Siniora, ainsi que l’ambassadrice des États-Unis, Dorothy Shea, et celle de France, Anne Grillo, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a voulu jouer les trouble-fêtes. En prévenant, lors d’un discours prononcé presque simultanément à l’iftar donné par Walid Boukhari, contre le risque de voir l’argent politique saoudien couler à flot « sous prétexte d’aides humanitaires », le dignitaire chiite a identifié la principale menace à sa formation et à son camp à près d’un mois des législatives : l’Arabie saoudite.

L'éditorial de Issa Goraïeb

Les urnes et les autres

Hassan Nasrallah a ainsi mis en garde contre le danger que peut représenter pour lui le come-back saoudien sur la scène locale après des mois de retrait, et exprimé ses craintes de voir un scénario similaire à celui de 2009 se réitérer. Cette année-là, a-t-il dit, « des centaines de millions de dollars ont été dépensés, sur les médias, les campagnes électorales et l’achat de voix durant les dernières semaines avant les élections », pour garantir une victoire écrasante du camp du 14 Mars. Même si le ton à l’égard de Riyad par ailleurs était plutôt à l’accalmie – le secrétaire général s’est prononcé en faveur d’un dialogue pour en finir avec la guerre au Yémen –, au Liban, la bataille électorale a officiellement commencé. « C’est la raison pour laquelle le président du Parlement Nabih Berry, allié de Hassan Nasrallah, a choisi d’être représenté chez l’ambassadeur saoudien par une figure qui n’est pas issue du mouvement Amal, à savoir le ministre de l’Agriculture Abbas Hajj Hassan. Un détour lui permettant d’éviter de se voir assimilé à cette assemblée plutôt monochrome », indique Salem Zahran, un analyste proche du Hezbollah. Dans une volonté de remobiliser sa base électorale face à un éventuel front politique que soutiendrait Riyad, Hassan Nasrallah a lancé le mot d’ordre pour inciter les électeurs à ne pas dormir sur leurs lauriers, même si la situation du tandem chiite, imperturbable dans ses régions, s’annonce plutôt confortable. « Que personne ne se comporte comme si les choses sont tranchées », a-t-il prévenu.

Le risque de report

Dans son discours, le numéro un du parti chiite a dans la même logique évoqué, pour la première fois, le risque d’un report des législatives, mettant en garde contre un tel scénario qui serait, dit-il, « l’œuvre des ambassades, notamment américaine, et de certaines parties politiques dans une volonté de renforcer la situation du camp adverse alors que notre camp est assuré de préserver la majorité parlementaire ». Alors que la grève des ambassadeurs se poursuit sur fond de revendications salariales, et au moment où les juges et les enseignants désignés dans le cadre des commissions de décompte des voix se désistent en nombre, pour des motifs financiers et logistiques, le risque de voir le scrutin reporté est de nouveau repris dans les médias. « Dans le passé, c’était notre camp qui était accusé de chercher à saboter l’échéance. Aujourd’hui, il est de notre droit le plus élémentaire de leur rejeter la balle », commente pour L’Orient-Le Jour Mohammad Afif Naboulsi, porte-parole du Hezbollah.

Alors que les accusations de chercher à annuler ou à reporter les législatives se sont multipliées il y a quelques semaines, visant principalement le Courant patriotique libre de Gebran Bassil, allié du Hezbollah, donné perdant aux élections en raison d’une baisse de popularité, Hassan Nasrallah ne cessait d’affirmer que sa formation, confiante et disposant d’une machine électorale solide, était prête à passer ce test de popularité. Mais si Hassan Nasrallah évoquait lundi soir pour la première fois une possibilité de report, c’est bien pour s’en laver les mains si cela devait se produire, et surtout pour le faire assumer en amont au camp adverse. L’éventualité que le chef de l’État, Michel Aoun, veuille un report du scrutin dans le but de protéger son gendre, en prenant pour prétexte la grève des ambassadeurs et le désistement des juges au sein des commissions de décompte des voix, existe toujours, estime pour sa part un analyste proche du 14 Mars. Ne pouvant accuser directement son allié chrétien, le secrétaire général se serait, selon lui, rabattu sur les Américains notamment.

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Pour Hassan Nasrallah, c’est parce que la partie adverse se trouve dans une situation inconfortable qu’elle chercherait aujourd’hui avec ses alliés occidentaux à obtenir un report de quelques mois, dans l’attente d’un contexte qui lui serait plus favorable. « C’est pourtant le camp de Michel Aoun et Gebran Bassil qui serait tenté de pousser dans le sens d’une menace à la tenue des législatives à l’étranger », confie un ambassadeur qui a requis l’anonymat. À moins d’être entre-temps suspendue, la grève décrétée par les diplomates depuis deux semaines risque en effet de remettre en cause le vote de la diaspora, ce qui pourrait à son tour torpiller l’échéance localement. Toutefois, Hassan Nasrallah persiste et signe : « Il y aura certainement des élections législatives le 15 mai, et il s’agira d’une bataille électorale démocratique », a-t-il martelé.

Le Hezb imperturbable

Dans les milieux hezbollahis, on s’amuse des accusations dirigées contre le parti chiite, estimant qu’elles sont, aujourd’hui plus que jamais, « infondées ». « Le Hezbollah est le parti le plus confiant au sujet des législatives. Il est fin prêt et table sur une machine parfaitement huilée. Il va surprendre tout le monde par ses résultats », commente Salem Zahran. Cette victoire anticipée ne peut donc que se répercuter sur son allié chrétien, le CPL, qui peut désormais tabler sur un soutien quasi inconditionnel que lui fournira le parti chiite avec lequel il s’est allié sur l’ensemble du territoire libanais. Les analystes proches du parti chiite estiment que le CPL va profiter de l’appoint que lui fournira le Hezbollah dans des circonscriptions telles que Baalbeck-Hermel, Zahlé, Chouf-Aley et Beyrouth II.

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« Je peux d’ores et déjà prévoir qu’au moins 17 députés aounistes réussiront à percer », avance, confiant, M. Zahran. Des prévisions optimistes alors qu’il y a quelques mois, le parti de Gebran Bassil ne pouvait espérer décrocher plus de 10 sièges, selon les experts. Merci donc au Hezbollah et, accessoirement, à... Amal, devrait dire le CPL.

Au moment où l’ambassadeur d’Arabie saoudite réunissait autour de lui lundi soir en sa résidence à Yarzé toutes les figures de proue opposées au Hezbollah, notamment le chef des Forces libanaises Samir Geagea, le leader druze Walid Joumblatt et l’ancien Premier ministre Fouad Siniora, ainsi que l’ambassadrice des États-Unis, Dorothy Shea, et celle de France, Anne Grillo, le...

commentaires (11)

"Nasrallah identifie la menace contre son camp" La seule et unique menace contre le Liban est la présence de ce parti le principal et plus grand responsable de la mouise dans laquelle le pays se débat.

Pierre Christo Hadjigeorgiou

11 h 30, le 14 avril 2022

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Commentaires (11)

  • "Nasrallah identifie la menace contre son camp" La seule et unique menace contre le Liban est la présence de ce parti le principal et plus grand responsable de la mouise dans laquelle le pays se débat.

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    11 h 30, le 14 avril 2022

  • Mais non cher Hassan. Le plus grand danger pour le Hezb n'est pas l'argent Saoudien qui a ete largement dilapide en vain. Le vrai danger, et vous le savez, ce sont les Chiites Libanais qui refusent votre tutelle. C'est pour ca que vous avez assassine Lokman Slim et beaucoup d'autres. Mais les hommes libres n'ont plus peur de vous. Et un jour prochain les potences seront erigees pour les assassins.

    Michel Trad

    19 h 57, le 13 avril 2022

  • L’Iran est dans la merde mais il a de l’argent pour le Hezbollah ?

    Eleni Caridopoulou

    17 h 35, le 13 avril 2022

  • Hassouna va bientôt comprendre que la menace viendra de son propre camp et des ses alliés. Les libanais honnêtes chiites d’Afrique qui ont travaillé dur et perdu tout leur argent au Liban ne vont pas pardonner à Hassouna, à Aoun et compagnie. Le peuple libanais a tout perdu et maintenant il a réalisé qui est le vrai responsable.

    Achkar Carlos

    16 h 15, le 13 avril 2022

  • Le doigt toujours levé ? Et l’argent sale iranien qui achète massivement les chiites ?

    Wow

    14 h 03, le 13 avril 2022

  • Qu’il le tienne pour dit.

    Sissi zayyat

    12 h 07, le 13 avril 2022

  • Qui le tienne pour dit. Nous libanais préférons l’argent des pays arabes qui a toujours été versé pour réhabilité notre pays et aider à sa reconstruction suite aux guerres enclenchées sans raison par un agent étranger qui détruit son pays pour le compte d’un pays ennemi. S’il est si virulent et s’il va sur son perchoir avec toujours cet index menaçant pointé, c’est parce qu’il sait que ses jours sont comptés. Même les partisans d’Amal et les anciens de son camp vont se retrouver devant une réalité et seront obligés de choisir entre la destruction et la mort certaine ou la paix et la reconstruction de leur pays et villages qu’ils ont vu se transformer en champ de bataille et dépôts d’armes dans l’intérêt d’un pays étranger qui ne veut aucun bien à leur nation ni à leurs familles. Le seul argent qu’il verse est le prix de la vie qu’il a ôté aux citoyens à force de lavage de cerveaux et de propagande qui durent depuis des décennies pour les utiliser comme chair à canon, sans aucun résultat positif pour les libanais qui ont tout perdu en le suivant. Un réveil est impératif. Vive le Liban et que vivent les libanais qui au prix de leur vie sont capables maintenant de dire non à l’usurpation de leur pays et de leur identité en votant en leur âme et conscience pour un liban libre et démocratique. On leur fait confiance, car tous les libanais, morts pour rien, seront là pour les guider.

    Sissi zayyat

    11 h 50, le 13 avril 2022

  • intervention de ;l'etranger pour intervention,nasrallah sait tres bien que les libanais penchent dans leur tres grande majorite pour celle des arabes du golfe & des occidentaux. Meme Berry en fait partie. Meme les suiveurs moins naifs du BO Fils & de son BO daddy en font partie. il peut tres bien roucouler ses sottises quant a l'independance , l'argent deverse etc... cela n'y changera rien.il sait lui pourquoi il sera boude : pour ses choix iraniens, pire, son choix des aounistes

    Gaby SIOUFI

    10 h 36, le 13 avril 2022

  • Le discours de Hassouna est la preuve même de son sentiment d’insécurité car il sait que dorénavant il ne pourra plus rien gagner. Le compte a rebours, commencé en 2005, bien que ralenti a cause de la couardise de Hariri, reprend de plus belle. Le CPL n'aura que des députés élus grâce aux voix du Hezbollah, aucuns autres et ils seront bien moins que 10. Etre solide au sein de sa communauté ne lui donne pas d'assurance, il sera minoritaire et c'est l'important car nous pourrons passer les lois nécessaires pour remettre le pays a flots. Les ministres et le gouvernement ne sera plus sous la botte du Hezbollah et le future Président a l'image du Liban et non pas une marionnette de l'Iran. Nous faisons une promesse au Hezbollah, Si son drapeau est jaune, nous l'honorerons en les faisant rire jaune des le lendemain des élections. Les vacances c'est finis! Ce n'est pas par hasard qu'il parle de dialogue au Yémen. Il ont eu la tapotée de leur vie. Idem au Liban, il va avoir le résultat qu'il craint le plus une majorité écrasante contre lui au parlement. Tout porte a croire que ces messieurs vont tout faire pour retarder les élections ou même les voir annulées. Les Libanais a l’étranger votent a 80% contre le parti de Dieu. Faite vos compte ils vont perdent a tous les niveaux. Il faut s'attendre a tout de leur part. Il trouveront le peuple souverain en face. Votez contre! votez FL!

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    09 h 49, le 13 avril 2022

  • Decidement tous les politiciens vereux chez nous prennent le Libanais pour un idiot. Nasrallah qui exprime sa fierté d’etre financé et dirigé par l’Iran s’offusque de l’eventualité d’argent electoral fourni par les Saoudiens. La force destructrice de nasrallah provient de la bassesse et de la soumission de bien de politiciens locaux, notamment chretiens.

    Goraieb Nada

    07 h 50, le 13 avril 2022

  • "… le risque de voir l’argent politique saoudien couler à flot sous prétexte d’aides humanitaires …" - à ne pas confondre avec l’argent politique iranien qui coule aussi à flot, mais lui sans se cacher pour financer les armes, les salaires, et les activités politiques de la résistance islamique "au" Liban (et non pas "du" Liban)…

    Gros Gnon

    05 h 19, le 13 avril 2022

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