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Société - Explosion au port de Beyrouth

Des proches de victimes agressés et interpellés en parallèle de l'office du Vendredi Saint auquel assistait Aoun

"Ils veulent détruire les silos pour faire oublier le drame", dénonce William Noun, qui a perdu son frère dans le drame et qui a été brièvement retenu par les forces de l'ordre.

Des proches de victimes agressés et interpellés en parallèle de l'office du Vendredi Saint auquel assistait Aoun

Des proches de trois pompiers de la famille Hitti tués lors de l'explosion du 4 août 2020, tiennent les portraits des victimes le 14 avril 2022 devant le port de Beyrouth. Photo Matthieu Karam

Des proches des victimes de l'explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth ont été agressés et interpellés par les forces de l'ordre lors d'une manifestation à proximité de l'Université Saint-Esprit de Kaslik, où le chef de l'Etat, Michel Aoun, assistait à l'office du Vendredi Saint.

Ces familles sont venues pour réclamer aux autorités le maintien des silos à grains endommagés par l'explosion, au lendemain d'une décision du gouvernement d'ordonner leur démolition. Les proches des plus de 220 tués et 6.500 blessés avaient déjà manifesté la veille devant le port, sans heurts.

"Faire oublier le drame"

"Le président de la République passait devant nous. Je lui ai alors dit 'nous prions alors que des parents de martyrs se font tabasser à l'extérieur. (...) Je n'ai pas eu le temps de terminer mes propos que des hommes m'ont tabassé et ont agressé un journaliste, puis m'ont conduit dans une salle", raconte l'un des manifestants agressés, dans des propos à la chaîne LBCI. "Ils veulent détruire les silos pour faire oublier le drame", a estimé William Noun, qui a perdu son frère Joe dans l'explosion. M. Noun a, lui aussi, été brièvement interpellé avant d'être relâché, a rapporté le journaliste Salman Andary, de la chaîne Sky News Arabia. "Les forces de l'ordre ont attendu le départ des journalistes pour agresser les familles des victimes", dénonce M. Andary dans un tweet. Dans une vidéo qu'il partage sur son compte, on peut voir un petit groupe de manifestants repoussés par des agents, certains en civil. Des insultes fusent alors, alors que la scène est filmée avec un téléphone portable.


La présidence de la République n'a jusque-là pas réagi à l'incident.

Les proches des victimes s'opposent en majorité à la destruction des silos, affirmant que les autorités cherchent à faire oublier la tragédie avant même que justice ne soit faite. Jeudi, le gouvernement de Nagib Mikati, réuni en Conseil des ministres au palais présidentiel de Baabda, a chargé le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) de détruire ces silos gravement endommagés et qui, selon des experts, menacent de s'effondrer. Le gouvernement avait récemment approuvé leur destruction avant que le ministre de la Culture, Mohammad Mortada, ne crée la surprise en affirmant les avoir classés comme monument historique pour les préserver. Toutefois, le ministre était revenu sur sa décision, ce qui a donc finalement donné le feu vert à la destruction des silos.

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"Logique égoïste"

Le nonce apostolique au Liban, Mgr Joseph Spiteri, qui assistait à l'office du Vendredi Saint au côté du président Aoun, a prononcé une allocution dans laquelle il a formulé des critiques à la classe au pouvoir, sans nommer les personnes qu'il vise. "Il est nécessaire de changer de mentalité afin de sortir de la logique égoïste", a affirmé Mgr Spiteri, cité par des médias locaux. "Voilà où réside notre responsabilité, surtout ceux qui occupent des fonctions officielles au sein de l'Eglise mais en société également", a-t-il ajouté. "Nous ne pouvons jamais oublier la douleur de ceux qui subissent les catastrophes, notamment celle de l'explosion au port de Beyrouth", a insisté le nonce apostolique.

Pour sa part, le patriarche maronite, Béchara Raï, qui célébrait l'office religieux à Bkerké, a estimé que "les circonstances dans lesquelles nous vivons au Liban doivent déboucher sur une renaissance. Nos martyrs ont versé leur sang pour que la nation puisse naître de nouveau. La moindre des choses est de préserver cette nation".

Des proches des victimes de l'explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth ont été agressés et interpellés par les forces de l'ordre lors d'une manifestation à proximité de l'Université Saint-Esprit de Kaslik, où le chef de l'Etat, Michel Aoun, assistait à l'office du Vendredi Saint.Ces familles sont venues pour réclamer aux autorités le maintien des silos à grains endommagés par...

commentaires (5)

En France nous voyons le Président Macron s'arrêter dans la rue quand il est interpellé par un citoyen, pour écouter ses doléances et répondre. Au Liban notre Président ne daigne pas même s'arrêter pour parler à ces familles dans la douleur après le drame de la double explosion au port !

Un Libanais

19 h 18, le 16 avril 2022

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Commentaires (5)

  • En France nous voyons le Président Macron s'arrêter dans la rue quand il est interpellé par un citoyen, pour écouter ses doléances et répondre. Au Liban notre Président ne daigne pas même s'arrêter pour parler à ces familles dans la douleur après le drame de la double explosion au port !

    Un Libanais

    19 h 18, le 16 avril 2022

  • Les forces de l'ordre sont la pour proteger la canaille pas les victimes. Il ne faut surtout pas rappeler aux "responsables" leurs responsabilites !

    Michel Trad

    08 h 20, le 16 avril 2022

  • Ils n’ont pas fini de porter leur croix avec tous ces mécréants de Baabda à Tiné !

    Wow

    01 h 08, le 16 avril 2022

  • Même protester, les libanais le font mal!

    Assouad Fady

    18 h 31, le 15 avril 2022

  • Il faut condamner les coupables avant de condamner les silos!

    TrucMuche

    18 h 15, le 15 avril 2022

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