Manifestation devant le port pour protester contre la destruction des silos

Plusieurs dizaines de proches des victimes de l’explosion meurtrière au port de Beyrouth, le 4 août 2020, se sont rassemblées jeudi après-midi devant les silos à grains dans l'enceinte portuaire pour protester contre leur destruction, comme l'a décidé le gouvernement. L’ancien bâtonnier de Beyrouth Melhem Khalaf et la présidente de l'Union des handicapés du Liban Sylvana Lakkis ont également participé au sit-in.

M. Khalaf a déploré la lenteur de la justice dans l’enquête. "Aujourd'hui, je réclame aux autorités d’être à la hauteur de leurs responsabilités car la population saigne. Et cette hémorragie ne peut s’arrêter sans justice. Oui à la reconstruction du port, mais pas sans justice".

Présent sur place, William Noun, frère du pompier Joe Noun tué dans la catastrophe, a indiqué "travailler avec l’ordre des ingénieurs pour présenter un projet afin de soutenir la structure des silos". "Ce bâtiment peut être soutenu, il n’y a aucune étude qui dit le contraire. Oui cela coûtera de l’argent, mais moins que les frais de destruction", affirme à la presse un autre manifestant.

Quelques policiers ont été déployés sur les lieux mais le sit-in s'est déroulé sans tension ou blocage de routes.

Photo Matthieu Karam

Les proches des plus de 220 morts et 6.500 blessés s'opposent en majorité à cette destruction, affirmant que les autorités cherchent à faire oublier la tragédie avant même que justice ne soit faite. Mais jeudi, le gouvernement de Nagib Mikati, réuni en Conseil des ministres au palais présidentiel de Baabda, a chargé le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) de détruire les silos gravement endommagés. Avant de prendre sa décision, le gouvernement a examiné jeudi un rapport technique dressé par la société Khatib & Alami sur ces silos. Le cabinet avait récemment approuvé leur destruction avant que le ministre de la Culture, Mohammad Mortada, ne crée la surprise en affirmant les avoir classés comme monument historique pour les préserver. Toutefois, le ministre était revenu sur sa décision, ce qui a donc finalement donné le feu vert à la destruction des silos.