
La juge Ghada Aoun au cours d’une perquisition. Photo d'archives Houssam Chbaro
La procureure générale près la Cour d’appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, va porter plainte lundi devant le parquet du Mont-Liban contre Marcel Ghanem, journaliste vedette de la MTV, son frère Georges Ghanem, également journaliste, et la chaîne MTV, a confirmé vendredi une source proche du dossier à L'Orient-Le Jour.
Lors de son émission télévisée "Sar el-Wa't", Marcel Ghanem avait lancé jeudi une diatribe au vitriol contre Mme Aoun, en présence de son frère. Il réagissait ainsi à un communiqué publié la veille par la magistrate dans lequel elle lui reprochait de l’avoir attaquée lors d’une émission précédente.
Etant donné que la juge Aoun s'est constituée partie civile, elle ne prendra pas part à l'enquête. Il reviendra donc à un autre magistrat du Parquet du Mont-Liban de le faire.
Jeudi, Marcel Ghanem est revenu à la charge contre la magistrate réputée proche du président de la République, Michel Aoun. Dans l'introduction de son émission du 24 mars, il critique la juge en la nommant. "Juge du palais, applique la loi ! Tu n'es pas une juge, tant que tu es poursuivie pour avoir enfreint les normes des procédures pénales", a-t-il lancé. Et de poursuivre : "Au lieu que tu ne sois une juge servant la justice et honorant la robe que tu portes, tu es devenue la risée du monde judiciaire". Le journaliste l'a également accusée de recevoir des ordres du "juge du palais présidentiel", dans une allusion au chef de l'Etat Michel Aoun.
Suite aux nouveaux propos de Marcel Ghanem, la procureure a demandé samedi au Conseil supérieur de la magistrature (CSM) d'"intervenir pour arrêter ces campagnes brutales contre les juges".
"Ce qui se passe actuellement peut être résumé ainsi : cibler les juges pour les intimider", dénonce Ghada Aoun, dans une lettre au CSM. "Une fois, c'est moi qui suis visée par les calomnies et les insultes, comme ce qui s'est passé lors du dernier épisode de l'émission Sar el-Wa't, d'autres fois ce sont les juges Jean Tannous, Amani Salamé et Mariana Anani qui sont ciblés. Pourquoi ? Parce que ces juges ont osé ouvrir des dossiers que les responsables de ce pays ne voulaient pas ouvrir, perpétuant ainsi la règle de l’impunité", affirme-t-elle.
La magistrate a dénoncé ensuite le "déclin moral" dans la façon de traiter avec les juges, estimant qu'"on ne peut plus se taire face à cette situation". "Je vous demande d’intervenir pour arrêter ces campagnes brutales contre les juges, non seulement pour préserver leur prestige, mais aussi pour empêcher le phénomène de débauche des médias et leur impunité", a conclu la magistrate dans sa lettre au CSM.
Ghada Aoun avait également affirmé, vendredi sur Twitter, que le frère du journaliste, Georges Ghanem, a touché de l'argent dans le cadre de l'affaire dite du Casino du Liban. Dans un tweet, elle a fait état d'un "énorme gaspillage de fonds publics, d'embauches injustifiées et de facturation de consultants, dont Georges Ghanem, qui touchait 8.000 dollars par mois, puis 12.000 dollars, ce qui a été prouvé par une enquête menée en 2015".
Plainte contre l'avocat Marc Habka
Ghada Aoun a présenté, par ailleurs, vendredi une plainte devant le parquet général du Mont-Liban contre Marc Habka, un avocat invité jeudi dans l’émission de M. Ghanem. Elle l’accuse de s'en être pris à elle sur le plateau télévisé. La juge s’est empressée de porter plainte contre Me Habka pour ne pas avoir à demander l'autorisation de l'Ordre des avocats de le poursuivre en justice. En effet, en cas de flagrant délit, si une plainte est déposée contre un avocat moins de 24h après l’acte incriminé (en l’espèce jeudi), l’autorisation du barreau n’est pas requise. Aussitôt après avoir été présentée à la Sécurité de l'Etat, la plainte a été transmise à l'avocat général près la cour d'appel du Mont-Liban, Raëd Abou Chacra. Joint par l'OLJ, Marc Habka explique qu'étant avocat la loi dispose que c'est à un magistrat et non à la police de l'interroger.
La juge Ghada Aoun défraie souvent la chronique, notamment à travers des perquisitions filmées en direct, ou encore par ses prises de positions dans les médias ou sur les réseaux sociaux. Récemment, elle a engagé des poursuites contre plusieurs banques dans un pays en plein effondrement économique et financier depuis 2019, et a engagé des poursuites contre le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, et son entourage. Les détracteurs de la juge l'accusent d'avoir des motivations politiques, le président Aoun ayant fait de M. Salamé sa bête noire, en lui faisant assumer la responsabilité de la grave crise généralisée. Riad Salamé se défend régulièrement contre ces accusations, malgré le fait qu'il fait l'objet de plusieurs enquêtes au Liban, ainsi que dans plusieurs pays européens, sur fond de soupçons de corruption.
C'est autour des enquêtes visant Riad Salamé que la polémique a débuté ces derniers jours entre Marcel Ghanem et la juge Aoun. Le journaliste, dans son émission diffusée le 17 mars, Marcel Ghanem, entamait une introduction dans laquelle il critiquait nommément la juge dans ce dossier. Mercredi, la magistrate a réagi en demandant au Conseil supérieur de la magistrature (CSM) de prendre "une position claire" concernant M. Ghanem.
La magistrate a dénoncé le "déclin moral" dans la façon de traiter avec les juges, estimant qu'on ne peut plus se taire face à cette situation". Elle demande d’intervenir pour arrêter ces campagnes brutales contre les juges, non seulement pour préserver leur prestige, mais aussi pour empêcher le phénomène de débauche des médias et leur impunité", dans sa lettre au CSM. Ce qui veut dire que les magistrats qui ont manqué à leur devoir et qui ont laissé massacrer la capitale, voler les économies des citoyens et anéanti les institutions et les finances de notre pays , sans qu’aucun coupable ne soit même désigné. Ils exigent encore du respect respect du peuple? Pourquoi respecter des pourris qui ont accepté et continuent de le faire de détruire notre pays alors que leur devoir était de veiller sur les droits des citoyens tués, volés, injustement traités parce ce que ces pourris les ont vendus. Lorsque ces gens là commenceront à respecter les citoyens et leurs droits en leur restituant leur argent et leur honneur, alors on verra si nous déciderons de les calculer. En attendant, Pour nous tous ils ne sont rien et ne méritent aucun égard. Sauf un ou deux qui sont restés fidèles à leur sermon mais qui peinent à se faire entendre.
17 h 34, le 31 mars 2022