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Politique - Liban

L'appel arabe pour le désarmement du Hezbollah mènera à "une guerre civile", prévient Bou Habib

Le chef de la diplomatie libanaise s'oppose aux revendications maximalistes concernant le tracé de la frontière maritime avec Israël, dans un entretien au quotidien Al-Joumhouria.

L'appel arabe pour le désarmement du Hezbollah mènera à

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, à Moscou, le 22 novembre 2021. Photo d'archives EVGENIA NOVOZHENINA / POOL / AFP

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, a estimé que l'appel des pays arabes du Golfe à un désarmement du Hezbollah pour régler la crise diplomatique avec le Liban mènerait à une "guerre civile". Cette mise en garde du chef de la diplomatie intervient alors que la réaction des monarchies du Golfe à la réponse libanaise à la feuille de route transmise par le Koweït en janvier dernier se fait toujours attendre.

"Nous demander de faire quelque chose qui dépasse nos moyens constitue un appel à une guerre civile que nous refusons", a affirmé vendredi M. Bou Habib, dans un entretien avec le journaliste Imad Marmal du quotidien Al-Joumhouria.

Le Liban tente, depuis plusieurs mois, de restaurer ses liens avec les monarchies du Golfe, après la crise diplomatique déclenchée en octobre dernier par l'ancien ministre de l'Information Georges Cordahi sur le rôle de Riyad dans la guerre au Yémen. Si depuis la démission du ministre, des avancées avaient semblé se profiler, elles ne se sont pas concrétisées. Le Koweït avait soumis douze propositions aux autorités libanaises, lors d'une visite de son chef de la diplomatie à Beyrouth en janvier, afin de s'orienter vers un dégel diplomatique. Cette feuille de route comprenait plusieurs requêtes générales de la communauté internationale, comme l'organisation des législatives et le lancement de réformes, ainsi que certains points comme l’appel au respect de la résolution 1559 de l'ONU, adoptée en 2004 et qui porte, entre autres, sur "le désarmement et la dissolution de toutes les milices", à savoir le Hezbollah, financé par l'Iran. Le Liban avait estimé, dans sa réponse, que l'application de cette résolution nécessite du temps et n'a pas commenté directement la possibilité d'un désarmement du parti pro-iranien.

Fin janvier, le chef de la diplomatie koweïtienne, cheikh Ahmad Nasser al-Mohammad al-Sabah, avait annoncé que la réponse du Liban aux propositions était "à l'étude" et que des décisions seraient prises concernant la suite à donner à cette initiative.

"Une réunion du Conseil de coopération du Golfe est prévue à la fin de ce mois, et le dossier libanais devrait y être évoqué", a précisé M. Bou Habib. Le ministre a ensuite affirmé que les responsables koweïtiens étaient "très rassurés par la réponse libanaise que je leur ai transmise". "Le chef de la diplomatie (koweïtienne) est quelqu'un de très compréhensif et coopératif", a ajouté son homologue libanais.

Frontière maritime

Par ailleurs, Abdallah Bou Habib a abordé la question des pourparlers entre le Liban et Israël pour la délimitation de la frontière maritime en vue de l'exploitation de carburants offshore. Il s'est, dans ce contexte, dit en faveur d'un tracé en vertu de la ligne 23 et non celui de la ligne 29 qui reflète de revendications libanaises maximalistes rejetées par Israël.

"Est-ce que nous voulons nous lancer dans des batailles populistes ou bien obtenir des résultats ?", a demandé le ministre, dans une réponse claire aux revendications maximalistes. Il a ainsi rappelé qu'un décret portant sur la ligne 23 avait été émis il y a 11 ans et signé par le président de la République de l'époque, Michel Sleiman, et le Premier ministre actuel, Nagib Mikati, qui l'était aussi à cette date-là. "La continuité fait partie du pouvoir et l'Etat doit respecter ses signatures", a affirmé M. Bou Habib. 

L’émissaire américain Amos Hochstein, qui a effectué récemment une visite de deux jours à Beyrouth pour relancer les pourparlers indirects entre le Liban et Israël autour de la délimitation de leur frontière maritime, s'était déclaré "très optimiste", affirmant que le processus se trouvait dans la phase de "comblement des lacunes pour aboutir à un accord".

Les pourparlers avaient démarré en octobre 2020, sur la base d’une zone contestée d’une superficie de 860 km² à partager entre les deux pays et située entre la ligne 1 officiellement revendiquée par Israël et la ligne 23 revendiquée par le Liban auprès des Nations unies en 2011. La ligne Hof, du nom du diplomate américain Frederic Hof qui avait joué les médiateurs entre les deux parties entre 2010 et 2012, attribuait au Liban 55% de cette zone contre 45% à Israël. Mais au terme de quelques rounds, les négociateurs libanais formés d’experts militaires et civils ont présenté une revendication maximaliste de 1.430 km2 supplémentaires limitée par la ligne 29. Les pourparlers avaient fini par être suspendus en décembre 2020. Le chef de l’État, Michel Aoun, avait alors fait de la revendication maximaliste libanaise son cheval de bataille, avant de faire volte-face et de s’abstenir de signer le décret amendant la superficie de la zone réclamée par le Liban. Face aux revendications libanaises qu’il jugeait excessives, l’État hébreu avait menacé d’élaborer un tracé maximaliste de son cru, qui aurait empiété sur quatre blocs libanais et bloqué toute négociation.

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, a estimé que l'appel des pays arabes du Golfe à un désarmement du Hezbollah pour régler la crise diplomatique avec le Liban mènerait à une "guerre civile". Cette mise en garde du chef de la diplomatie intervient alors que la réaction des monarchies du Golfe à la réponse libanaise à la feuille de route transmise par le...
commentaires (25)

Vous ne voulez pas de guerre civile, nous ne voulons plus du vivre en commun avec eux. Donc divorçons

Lecteur excédé par la censure

14 h 02, le 19 février 2022

Tous les commentaires

Commentaires (25)

  • Vous ne voulez pas de guerre civile, nous ne voulons plus du vivre en commun avec eux. Donc divorçons

    Lecteur excédé par la censure

    14 h 02, le 19 février 2022

  • Difficile de désarmer l’Iran…

    Karam Georges

    10 h 03, le 19 février 2022

  • A une nuance près, c est a une guerre contre l occupant Iranien plutôt qu a unr guerre civile

    Aboumatta

    09 h 45, le 19 février 2022

  • Aoun et son minable clan defendent la milice sectaire illegale depuis leur revirement honteux. Il a officiellement livré le Liban au hezbollah pour loger au palais de baabda. On retiendra de lui qu’il a fui en pyjama laissant ses soldats mourir et qu’il a ete president par la force des baionnettes du hezbollah. Quel beau parcours !

    Goraieb Nada

    09 h 02, le 19 février 2022

  • Guerre civile?Depuis quand une seule main peut elle applaudir ?

    PROFIL BAS

    06 h 09, le 19 février 2022

  • Rien d'autre que la modération et l'élimination du discours va-t-en-guerre à l'intérieur et à l'extérieur , ne peut sauver cette situation INEXTRICABLE . Calmer d'abord les esprits et trouver des solutions médianes pour continuer à vivre ensemble , en deçà et au delà de nos frontières , c'est la seule sagesse à rechercher en premier lieu en nous.même : Accepter l'autre et nous défaire de nos nombrilismes outranciers ! Bravo Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères .

    Chucri Abboud

    23 h 16, le 18 février 2022

  • C’est le ministre de la « République Islamique » du Liban…

    Alexandre Husson

    22 h 42, le 18 février 2022

  • Desarmer ou maintenir les armes. Dans les deux cas nous risquons une guerre civile ! Si vraiment le Hezbollah ne veut pas la guerre civile qu'il prenne l'initiative de proposer une solution au probleme qu'il souleve. Mais est il maitre de ces choix ?

    LH

    20 h 30, le 18 février 2022

  • Vision défaillante depuis toujours. Depuis qu’ambassadeur aux USA. Aucun aboutissement !

    ChatGPT

    20 h 21, le 18 février 2022

  • Dans ce cas, cher clown, il est temps d’aborder le sujet des armes localement en présence de tous les partis et mouvances présidé par le locataire de Baabda qui a promis de soulever la question une fois à la présidence.

    Wow

    20 h 15, le 18 février 2022

  • On nous bassine avec la guerre civile comme réponse au désarmement de HB comme si le pays était en paix, prospère, libre et que son peuple jouissait d’une vie normale ou rien ne leur manque. La guerre nous sommes en plein dedans et celle ci est plus pernicieuse, dangereuse et plus néfaste puisque longue et sans fin ni résultat propice aux liban et aux libanais, alors qu’une bonne guerre militaire serait plus juste et plus honorable puisqu’elle sera menée dans le but de supprimer non seulement le HB mais aussi tous les traitres libanais qui ont anéanti le pays et qui continueront à le gouverner et continueront à le faire pendant encore des siècles si une telle guerre n’est pas déclarée.

    Sissi zayyat

    19 h 23, le 18 février 2022

  • Youkaidi-youkaida, ils sont tous " très optimistes", y compris ce mou-du-genou.

    Christine KHALIL

    19 h 00, le 18 février 2022

  • Les commentaires de Monsieur le ministre Bou-Habib sont à considérer au même titre que celles de son prédécesseur... qui ont menés à la crispation diplomatique que le Liban subit! À quand des ministres dignes de ces fonctions de serviteur de l'état et par extension du peuple? D'ici là, les articles de M. Gaby Nasr, en disent long sur les aptitudes, que dis-je inaptitudes, voire inepties de nos soit-disant dirigeants... HÉLAS!

    Christian Samman

    18 h 51, le 18 février 2022

  • DECLARATION IDIOTIQUE ! C,EST PLUTOT LA PERSISTANCE DU HEZBOLLAH A TENIR EN OTAGES LE PAYS ET SES CITOYENS ET SES PROVOCATIONS PARTOUT DANS LA REGION ET SURTOUT LOCALEMENT QUI SERVIRA DE MECHE POUR ALLUMER UNE GUERRE CIVILE DONT H.N. A TANT DE FOIS MENACER LES LIBANAIS DANS SES DISCOURS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 32, le 18 février 2022

  • Ôtez-moi d’un doute, Monsieur Bou-Habib est-il ministre des affaires étrangères du Liban, de l’Iran ou bien juste du Hezbollah ? Au nom de qui parle-t-il et au nom de qui baisse-t-il une culotte apparemment réversible de sa propre initiative et sans que personne ne lui ait demandé de le faire ? Quelle honte et quelle indignité de lire des déclarations pareilles …

    DC

    18 h 11, le 18 février 2022

  • La ligne 29 n’est pas une revendication "maximaliste", mais légale. Et personne ne demande le désarmement du Hezbollah. Ce que nous voulons c’est le désarmement de toutes les milices. Nuance. Maintenant si le Hezbollah est la dernière milice à rendre ses armes, c’est son problème. Et si cela implique qu’ils résisteront à l’autorité Libanaise, ce ne sera pas une guerre civile, mais la suite logique de la "guerre d’abolition". Demande à ton centimaître s’il se souvient que c’est lui qui l’a initiée en 1989…

    Gros Gnon

    17 h 51, le 18 février 2022

  • A quoi ca sert de devenir ministre des affaires étrangères si c'est pour être le laquais du Hezbollah.

    Achkar Carlos

    17 h 35, le 18 février 2022

  • La déclaration de Bou Habib au sujet du désarmement du Hezbollah. Il ne faut pas oublier que même si le MAE, est consentant au désarmement, il ne peut le dire tout haut. Il y a un enregistrement qui prouve qu'il aimerait que le Hezbollah ne fasse plus obstacle. Cet enregistrement a été fait sans qu'il ne s'en rende compte. "Enlevez-moi le hezbollah et le champagne est à mes frais". Quand un président de la République est imposé par le bout d'un fusil Islamiste Iranien, nous sommes un pays géré par une milice et sous occupation iranienne. Quiconque dément cette vérité est un traître à la patrie !

    Marwan Takchi

    17 h 23, le 18 février 2022

  • Le Liban est aujourd'hui un porte-avions iranien. C'est inacceptable mais hors de notre contrôle. A défaut d'une guerre de libération dont nous n'avons pas les moyens, la seule option est que les US échangent le lâcher du Hezbollah par l'Iran contre une concession majeure sur le sujet du nucléaire et des sanctions. Voir l'exemple opposé lors de l'invasion de l'Irak: Bush a vendu le Liban à Assad en échange de sa non-intervention en Irak.

    El moughtareb

    17 h 14, le 18 février 2022

  • On n’a que des gigolos aux commandes du Liban…

    CW

    17 h 01, le 18 février 2022

  • Il est exact que le Liban n'a pas les moyens de désarmer le Hezbollah, plus puissant que l'armée libanaise. Mais certaines mesures sont à sa portée. Même si elles risquent de provoquer des heurts, le salut du Liban est à ce prix. - Cesser de répéter à cor et à cris que ces armes sont légitimes. - Contrôler toutes les frontières, aériennes maritimes et terrestres, et tout spécialement la frontière libano-syrienne. Y empêcher toute contrebande, et spécialement tout trafic d'armes et de matériel militaire, et ce, dans les deux sens. - Saisir toutes les armes qui seront vues hors des locaux du Hezbollah. - Tout cela se résume en une phrase : faire respecter l'autorité de l'État.

    Yves Prevost

    16 h 44, le 18 février 2022

  • Les Arabes ne sont d'accord que sur leurs désaccords. Cordahi était juste un bouc émissaire dans cette affaire. On le savait déjà que ces moins que rien avaient d'autres revendications aussi mesquines les unes que les autres. Ces nomades doivent rester sous leurs accompagnés de leurs dromadaires

    Khalil Mteini

    16 h 32, le 18 février 2022

  • La guerre est là de toute manière ! Le choix c’est entre la mort économique , ou la lutte physique !

    LeRougeEtLeNoir

    16 h 11, le 18 février 2022

  • Et pourquoi donc cher Monsieur ?? Alors armons nous tous pour libérer les fermes de Chebaa ! Ou alors que les arabes constituent une force de frappe sans la Syrie qui viennent désarmer la milice pour appliquer la légalité internationale , 1559, et 1701 !!

    LeRougeEtLeNoir

    16 h 11, le 18 février 2022

  • La guerre ou la servitude et le déshonneur!

    Alexandre Husson

    16 h 07, le 18 février 2022

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