Le président libanais Michel Aoun redoute une "annulation" des élections législatives du 15 mai, faute de fonds nécessaires pour l'organisation du scrutin dans un pays ravagé par la crise, alors que certains observateurs accusent la classe au pouvoir de vouloir repousser l'échéance ou l'annuler, dans la perspective d'une perte de popularité.
"Je n'ai pas de craintes concernant la date du scrutin, mais concernant l'annulation des législatives. Et cela relève du ministère concerné, le ministère de l'Intérieur, qui a déjà avancé qu'il n'avait pas les fonds nécessaires pour l'organisation du vote à l'étranger et sur le plan national", a affirmé le président Aoun, dans un entretien avec le journaliste Nicolas Nassif du quotidien al-Akhbar, proche du Hezbollah.
"Le problème ne relève pas du président de la République, mais plutôt du gouvernement. J'ai dit que les élections doivent se tenir dans les délais constitutionnels, et c'est ce qui a été décidé lorsque la date a été fixée au 15 mai", s'est défendu le chef de l’État. "Nous avons convoqué le collège électoral et avons fixé la date du vote à l'étranger ainsi qu'au Liban. Nous avons ouvert la porte aux candidatures et avons mis à jour les listes des électeurs. Reste la question du financement. Je suis conscient que nous n'avons pas les fonds pour non seulement organiser les législatives mais aussi pour tant d'autres choses. C'est peut-être pour cela que j'aurais des craintes concernant les élections et leur annulation", a admis le président Aoun.
En début de soirée samedi, la présidence de la République a publié un tweet dans lequel elle souligne "qu'afin d'éviter toute confusion, le président Aoun est attaché à la tenue des législatives à la date prévue le 15 mai". "Le gouvernement étudiera mardi les moyens en vue de surmonter les difficultés financières", a ajouté la présidence.
Les élections législatives sont perçues par nombre de Libanais comme une opportunité de changement au sein de la classe au pouvoir, accusée d'être responsable de l'effondrement socio-économique inédit dans le pays. Plusieurs voix expriment cependant des craintes quant à un report du scrutin, alors que certains partis politiques traditionnels voient leur popularité en perte de vitesse après plus de deux ans d'une crise qui a poussé les trois-quarts de la population dans la pauvreté.
Vendredi, le Groupe international de soutien au Liban (GIS) a estimé que les prochaines législatives constituent "une responsabilité souveraine qu'il incombe aux autorités d'assumer". "Si la communauté internationale est profondément engagée et a apporté un soutien financier, matériel, technique et politique important au processus électoral, les élections sont avant tout un droit et une attente du peuple libanais et une responsabilité souveraine qu'il incombe aux autorités d'assumer", a-t-il insisté. Il a enfin "exhorté les organes compétents à allouer les ressources financières nécessaires à la tenue des élections au Liban et à l'étranger, à permettre au ministère de l'Intérieur et à la Commission chargée de la supervision des élections d'être pleinement opérationnels, et à assurer l'organisation en temps voulu du vote de la diaspora".
commentaires (19)
Aoun redoute? Mais Aoun pousse à….! hahahahahaha
LeRougeEtLeNoir
09 h 35, le 13 février 2022