C’est le montant que la dette publique libanaise a atteint en milliards de dollars à fin octobre dernier, selon les chiffres publiés par le ministère des Finances et relayés par le Lebanon This Week de la Byblos Bank. Un montant qui se base sur la parité officielle de 1 507,5 livres pour un dollar, bien que celle-ci ne fasse plus beaucoup sens dans un Liban en plein effondrement économique où le dollar s’échangeait cette semaine autour de 20 000 livres sur le marché parallèle. Ce nouveau pic constitue une hausse de 4,4 % par rapport aux 95,6 milliards de dollars atteints fin 2020, et de 5 % par rapport aux 95,06 milliards de dollars atteints fin octobre 2020. La dette a ainsi grossi de 4,2 milliards de dollars sur les dix premiers mois de l’année 2021, soit une hausse de 3,4 milliards par rapport à la même période en 2020.
Dans le détail, à fin octobre 2021, la dette publique était constituée à 61,8 % de la dette libellée en livres et à 38,2 % de celle libellée en devise, correspondant respectivement à 92 951 milliards de livres (soit 61,7 milliards de dollars au taux officiel) et à 38,14 milliards de dollars dans cette monnaie, dont 8,68 milliards de dollars d’arriérés de paiement accumulés. La Banque du Liban (BDL) détient 38,2 % de la dette publique totale libanaise à fin octobre 2021, suivie des banques commerciales avec 15 % et des institutions financières non bancaires (8,7 %). Les investisseurs locaux et étrangers en détiennent, eux, 36,2 %, tandis que les institutions internationales et les gouvernements étrangers se partagent les 2 % restant. Les parts de la dette publique cumulées de la BDL et des banques commerciales dépassent donc les 50 %, ayant investi massivement durant des années dans les bons du Trésor et eurobonds qui avaient de hauts taux de rendement, les rendant alors très vulnérables lorsque l’État a décidé de faire défaut sur sa dette en devise en mars 2020, en marge de la crise. Jusqu’à présent, soit près de deux ans plus tard, aucune restructuration de la dette n’a encore été effectuée.
Dès les rumeurs d’un possible défaut de paiement, une partie des créanciers internationaux s’étaient en grande partie rassemblés sous la bannière « Ad Hoc Lebanon Bondholder Group » pour négocier avec le Liban. Ils ne s’étaient plus manifestés depuis l’échec des négociations entre le Liban et le Fonds monétaire international (FMI) en juillet 2020, avant de revenir à la charge en septembre 2021 pour rappeler le pays à ses obligations, sans réel succès. La donne pourrait changer si la reprise des négociations avec le FMI depuis fin janvier arrive à des résultats concluants avec les autorités libanaises. Rien n’a toutefois filtré à ce propos dans la presse jusqu’à présent.
commentaires (2)
J'imagine que la part de la BDL est prélevée sur les fonds prêtés/ mis à disposition par les banques. Les 15% doivent être des investissements directs. Bonne remarque sur la dette qui augmente. Sans doute les intérêts accumulés non payés
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14 h 34, le 07 février 2022