Ce qu’on a appelé « l’initiative koweïtienne pour rebâtir la confiance entre le Liban et les États arabes et ceux du Golfe en particulier » semble avoir pris une pause. Tout au long de la semaine dernière, les médias libanais ont longuement exposé cette feuille de route transmise aux autorités libanaises par le biais d’un document en douze points, tout en insistant sur le fait qu’il pourrait s’agir d’un ultimatum adressé au Liban : soit il s’engage à accepter et exécuter les points figurant sur le document, soit il doit s’attendre à de nouvelles mesures sanctionnant son comportement de la part des gouvernements arabes. Certains médias ont même dit que le Liban était ainsi placé devant un choix radical : soit il reste dans le giron arabe, soit il se place dans l’orbite persane.
Certes, le ministre koweïtien des Affaires étrangères Ahmad Nasser al-Mohammad al-Sabah a utilisé un ton diplomatique avec les différents responsables libanais qu’il a rencontrés, dans une tentative d’adoucir l’impact du contenu du document qu’il leur a remis. Mais selon une source gouvernementale libanaise, certains points ressemblaient fort à ce qu’on avait appelé l’initiative du secrétaire d’État américain Colin Powell en 2003, lors de sa visite au président Bachar el-Assad. Après l’invasion américaine de l’Irak et la chute de Saddam Hussein, les Américains avaient en effet adressé une lettre au président syrien pour lui demander de rompre ses liens avec l’Iran et le Hezbollah. Assad avait refusé la demande américaine à l’époque, et quelques mois plus tard le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté la résolution 1559 qui réclamait, entre autres, le retrait des troupes syriennes du Liban, mettant ainsi fin à une tutelle qui datait de 1990 et qui bénéficiait de la bénédiction américaine. Le document remis à Beyrouth ressemblait aussi à celui qui avait été élaboré par la Ligue arabe en 2011 et remis à la Syrie et qui, à travers 13 points, proposait une solution à la guerre qui éclatait dans ce pays. Là aussi, Assad avait refusé le document, et onze ans plus tard, la guerre se poursuit en Syrie.
Les responsables libanais avaient donc des raisons d’être inquiets en recevant le document remis par le ministre koweïtien. Une fois n’est pas coutume, ils ont décidé de coordonner leur action et de prendre en même temps du recul. Aussitôt, un ballet de contacts diplomatiques a été effectué via le ministère des Affaires étrangères, mais aussi à travers des contacts directs entre certains responsables et des parties arabes et étrangères. Selon la source gouvernementale, le Liban a ainsi commencé à recevoir des réactions nuancées de la part de certains diplomates arabes, en provenance notamment de la Jordanie et de l’Égypte. Ces deux États auraient en effet fait savoir aux autorités libanaises que le document qui leur a été soumis n’est pas élaboré par tous les Arabes. Il s’agit essentiellement d’un document issu des monarchies du Golfe. Ils auraient aussi déclaré aux dirigeants libanais que leurs gouvernements comprennent la délicatesse de la situation au Liban. Dans le même sillage, les Algériens (dont le pays doit en principe accueillir le sommet arabe annuel prévu à la fin du mois de mars) auraient aussi exprimé leur sympathie envers le Liban dans ces circonstances difficiles, tout en encourageant ce pays à rédiger une réponse mesurée et réaliste.
Après ces échos encourageants, les dirigeants libanais ont donc choisi de répondre le plus rapidement possible au document présenté par le Koweït, pour que le ministre des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib puisse présenter la réponse lors de la réunion informelle qui s’est tenue à Koweït City le week-end dernier. Le Liban a ainsi montré aux dirigeants arabes qu’il prend au sérieux le document qui lui a été présenté. Et il a essayé d’être aussi réaliste que possible en expliquant ce qui peut être mis en œuvre rapidement et ce qui peut prendre du temps en raison des circonstances particulières du pays et du contentieux avec les Israéliens, mais aussi à cause de la menace terroriste.
D’ailleurs, selon la source gouvernementale précitée, lors des rencontres informelles qui se sont déroulées au Koweït, le chef de la diplomatie a multiplié les contacts bilatéraux et le climat général arabe n’était pas hostile à la position libanaise. L’Irak par exemple a fait preuve de compréhension, ainsi que d’autres représentants arabes. Mais ces réunions ont été surtout marquées par les développements de la guerre du Yémen et les attaques (des houthis) contre Abou Dhabi. Le document présenté au Liban n’était donc pas le seul sujet d’actualité, mais il est aussi clairement apparu qu’il ne faisait pas l’unanimité chez les représentants des différents pays arabes. Pour la source gouvernementale, s’il devait être soumis au vote lors des réunions arabes préparatoires du sommet, il pourrait ne pas être adopté tel quel. Cela ne signifie pas pour autant qu’il faut le prendre à la légère, mais simplement qu’il est possible d’en discuter certains points et que le Liban peut bénéficier de l’appui de certains États membres de la Ligue arabe. Pour cette même source, les dernières discussions au Koweït ont montré que le document est davantage une sonnette d’alarme qu’un ultimatum... en attendant les développements des doubles négociations entre la communauté internationale et l’Iran d’une part, et entre les Saoudiens et les Iraniens de l’autre. Le Liban cherche donc à gagner du temps.
Hahahaha... cet article mfe ramène des souvenirs de mama aafaf sur tv liban, et la logique de gogosse qu'elle maîtrisait pour intéresser les enfants! Cheers à scarlette qui reprend le flambeau et nous traite de la même façon. Merci scarlette, j'adore la sonnette d'alarme de la conclusion.
00 h 48, le 03 février 2022