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Lifestyle - La mode

Un regard en arrière sur une année qui a tout changé

Au seuil de 2022, un regard en arrière sur l’univers de la mode nous renseigne sur des tendances qui vont se confirmer, notamment sous l’influence de la pandémie et d’une fluidité des genres de plus en plus accentuée. La tendance numérique va vite évoluer avec la création du métavers où la mode se précipite la tête la première. Les créateurs libanais vont entamer leur résurrection.

Un regard en arrière sur une année qui a tout changé

Élie Saab, printemps-été 2022. Photo DR

L’année 2021 a commencé dans la perplexité, avec une flambée dévastatrice du Covid-19 qui a traumatisé le monde et forcé la mode à se réinventer. L’annulation des événements physiques, toujours prétextes à des réunions planétaires et à une surenchère d’effets, a poussé les grandes marques à se replier sur le numérique, ce qui a renforcé les domaines de la vidéo et du design graphique et sonore. En revanche, l’apparition du vaccin et les campagnes de vaccination qui ont suivi ont allégé quelque peu la contrainte du virtuel, et la mode, industrie sensuelle entre toutes et qui sollicite le toucher autant que la vue, a opté pour des événements phygitaux, un néologisme qui répond à une nouvelle réalité à la fois physique et numérique.

Ahmad Amer, collection « L’Été d’après », 2021. Photo DR

Le confinement a contraint les marques à adapter leur offre à un mode de vie sans événements publics, ce qui a relativement affecté la haute couture et accentué un style porté vers le confort, entre maille, jersey et déstructuration.

Pour les créateurs libanais, au choc de la pandémie s’ajoutaient les séquelles de la double explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth, qui a dévasté en premier tout le secteur où se regroupaient les créatifs de la ville. Faisant preuve d’un admirable courage et d’une extraordinaire résilience, la plupart de ces artistes ont consacré les premiers mois de 2021 à se relever, poursuivant leur chemin avec encore plus de détermination, d’inventivité et de maturité.

Sandra Mansour, printemps-été 2022. Photo DR

Pour l’ensemble de l’industrie, une profonde réflexion sur l’inclusion et la fluidité des genres s’est imposée sous l’influence des médias et de la presse spécialisée. Le numéro de janvier 2021 de Vogue US a annoncé la couleur en proposant quatre couvertures, dont une consacrée au mannequin grande taille Paloma Elsesser. En décembre, le même Vogue US secouait déjà le cocotier de la bien-pensance en affichant un homme, le chanteur Harry Styles, vêtu d’une robe de soirée Gucci. Le ton étant ainsi donné, la diversité était bien partie pour occuper la place, et la barrière entre les vestiaires féminin et masculin timidement ébranlée depuis le début de la décennie achevait de s’effondrer.

« Emergency Room », collection Neverland 2021-2022. Photo DR

Trois angles majeurs peuvent cependant être dégagés des développements amorcés en 2021 :

Métavers : le 4 janvier 2021, le visionnaire Demna Gvasalia, directeur artistique de Balenciaga, engageait ses invités à découvrir sa collection à travers un jeu vidéo avec pour vedette Marge Simpson de la série d’animation des Simpson. Une brèche s’ouvre pour la mode qui va à l’évidence exploiter le filon du virtuel en s’infiltrant de plus en plus dans le métavers où des jeux vidéo offrent la possibilité d’équiper des personnages en articles de mode réels et d’acheter ou gagner des NFT, ou jetons non fongibles, traduits en objets virtuels ou échangeables contre des articles exclusifs dans la vie réelle. On a ainsi vu Nike investir dans la jeune l’entreprise RTFKT (prononcer artéfact), fondée en 2020 et spécialisée dans la fabrication de produits virtuels, notamment des baskets.

Rabih Kayrouz, « Les Essentielles ». Photo DR

Savoir-faire : en réaction à ce glissement dans l’univers immatériel, les grandes marques de mode vont en revanche se replier un peu plus sur leurs fondamentaux. On l’a vu avec le nouvel espace créé par Chanel en banlieue parisienne pour regrouper ses prestigieux ateliers dédiés aux multiples savoir-faire qui font sa richesse. Dior, sous la houlette de sa directrice artistique Maria-Grazia Chiuri, a également mis en avant le travail de ses ateliers à travers un graphisme blanc spécifique à l’année 2021 présentant des mannequins de couture habillés de patrons spécifiques au patrimoine de la marque. L’exposition itinérante de la maison, « Christian Dior, couturier des rêves », s’est posée à Doha, une septième escale qui donne à voir à travers divers tableaux et scénographies une évolution en cohérence avec l’ADN de la marque portée par les grands talents qui se sont succédé à sa direction artistique.

Salim Azzam, première collection masculine 2021. Photo DR

Reconstruction : c’est avant tout chez les créateurs libanais qu’il faut chercher le rebond. Profond sans chercher à être spectaculaire, un nouveau regard sur la mode s’affirme à Beyrouth, capitale devenue depuis le début des années 2000 l’une des principales adresses de l’industrie. Rabih Kayrouz met en avant ses Essentiels après avoir vu détruit son bel espace niché dans un ancien palais beyrouthin et avoir lui-même survécu à une inquiétante blessure. Elie Saab, qui lui aussi a vu sa maison de Gemmayzé détruite et son show-room du centre-ville sérieusement endommagé, est retourné vers ses chères années 1970 chercher le glamour d’un âge d’or qui ne cesse de l’inspirer. Chez la génération montante, on verra un Salim Azzam poursuivre avec confiance un chemin auquel il a été le premier à croire et qui se révèle gratifiant. Confiné dans son village du Chouf où il donne du travail à ses pays et payses de toue âge, entre patrons et broderies, il prend le temps d’interpréter à sa belle manière la question des genres à travers un vestiaire plus inclusif que jamais. Éric Ritter, dont la première boutique, à peine ouverte, à Mar Mikhaël a également été détruite, offre de nouvelles créations basées sur la réinterprétation de tissus et vêtements en déshérence qu’il trouve sur les marchés de Tripoli, dans le voisinage de son atelier. Là encore, à la croisée du punk et de la haute couture, il propose, sous la marque Emergency Room et ses marques petites-sœurs, des modèles exclusifs et accessibles, faits main, déployant diverses techniques complexes et soutenant une inclusivité inconditionnelle. D’autres, comme Ahmad Amer, vont choisir d’imaginer le futur pour ne pas se laisser bloquer par un présent affligeant. Amer a d’ailleurs intitulé sa collection de l’hiver 2021 L’Été d’après. Sandra Mansour, qui a tout perdu, atelier et showroom, dans la double explosion, revient en force avec une collection printemps-été 2022 tout d’optimisme et d’exquise fraîcheur, inspirée de l’artiste chinoise contemporaine Chen Ke. On se félicitera de revoir, après la destruction de l’été 2020, de belles enseignes reprendre leur place sur Mar Mikhaël, la chaleureuse boutique Liwan cocréée par Lina Audi sur le principe de la tradition revisitée n’étant pas des moindres.

L’année 2021 a commencé dans la perplexité, avec une flambée dévastatrice du Covid-19 qui a traumatisé le monde et forcé la mode à se réinventer. L’annulation des événements physiques, toujours prétextes à des réunions planétaires et à une surenchère d’effets, a poussé les grandes marques à se replier sur le numérique, ce qui a renforcé les domaines de la vidéo et du...

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Cher Bassil, vous êtes trop jeune et 1 peu maladroit. Trop presde6

Teresa INGEGNO

16 h 57, le 05 janvier 2022

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Commentaires (1)

  • Cher Bassil, vous êtes trop jeune et 1 peu maladroit. Trop presde6

    Teresa INGEGNO

    16 h 57, le 05 janvier 2022

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