
Les affrontements de Tayouné avaient fait sept morts, dont une civile. João Soussa
C’est de façon équilibrée que la procureure générale près la cour d’appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, tenterait de traiter la plainte et la contre-plainte portées la semaine dernière respectivement contre le chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, et le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans le cadre des affrontements de Tayouné survenus le 14 octobre. Ce jour-là, des accrochages meurtriers s’étaient produits en marge d’un rassemblement de centaines de partisans du Hezbollah et du mouvement Amal devant le Palais de justice, pour protester contre le juge Tarek Bitar, en charge de l’enquête sur l’explosion du port, le 4 août 2020. Ces incidents avaient fait 7 morts dont 6 dans les rangs du tandem chiite, et une victime civile. Après avoir déféré à la Sécurité de l’État le dossier présenté le 20 décembre par des habitants de Chiyah contre M. Geagea, la magistrate a en effet agi de même avec une plainte présentée vendredi par des habitants de Aïn el-Remmané contre M. Nasrallah. Comme il s’agit d’accusations « politiques », il est « très peu probable », selon des sources judiciaires concordantes, que ces mesures mènent à des poursuites concrètes de nature à aboutir à la condamnation de l’un ou l’autre chef de parti.
Dans la plainte déposée contre M. Geagea, le chef des FL est accusé de « crime intentionnel » dont ont été victimes « les martyrs de Tayouné ». À l’opposé, les habitants de Aïn el-Remmané accusent M. Nasrallah d’« actes terroristes, atteinte à l’unité nationale, usage d’armes illégales et (de) préjudices corporels et matériels ».
Avant la décision rendue par Mme Aoun, on redoutait, notamment dans les milieux FL, que cette dernière mène une politique de deux poids, deux mesures en défaveur de M. Geagea. Une haute source judiciaire avait en effet indiqué dimanche à L’OLJ que la procureure pourrait rejeter la plainte contre le chef du Hezbollah au motif que celle-ci ne mentionne pas son identité complète. Selon cette source, Mme Aoun aurait pu refuser de déférer le dossier en invoquant l’insuffisance de renseignements. Cela aurait constitué « un scandale judiciaire », s’insurge auprès de L’OLJ Élie Mahfoud, l’un des avocats mandatés par les plaignants de Aïn el-Remmané. « En 22 ans de carrière, je n’ai jamais vu un procureur rejeter une plainte pour informations incomplètes sur l’identité d’une personne attaquée en justice », assure-t-il, soulignant que l’action vise textuellement « Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah ». « Du reste, la faille peut être comblée par le service sécuritaire auprès de qui le dossier a été transféré », ajoute-t-il.
Concernant le service sécuritaire devant lequel a été déférée la plainte de vendredi, on dénonce dans les milieux FL le fait que « l’affaire soit désormais entre les mains de la Sécurité de l’État (service dont le patron est réputé proche du chef de l’État) alors que les investigations devraient en principe être confiées à la police judiciaire (notamment au service de renseignements de l’armée) ». Faux, répond une source du parquet de Baabda, qui précise que le dossier a été transmis « uniquement pour consultation », notamment en vue d’obtenir « l’identité complète de Hassan Nasrallah ». Selon la source précitée, soit la procureure pourrait classer sans suite la plainte contre M. Nasrallah, soit se déclarer incompétente. Cette seconde option semblerait privilégiée, les actes imputés relevant du « terrorisme », et donc de la justice militaire, ajoute cette source.
En queue de poisson...
Un avocat qui accompagne le dossier réfute également la compétence de la procureure générale. « Le parquet militaire ayant déjà investigué sur les affrontements de Tayouné, aucune autre juridiction ne peut se pencher sur l’affaire », tranche-t-il, sous couvert d’anonymat. Dans le même esprit, il note que si Mme Aoun se déclarait incompétente pour poursuivre le dossier contre M. Nasrallah, elle serait tenue d’agir de même pour les accusations contre M. Geagea. Du côté du parquet, on estime que Mme Aoun s’orienterait vers ce choix, en se réservant probablement le pouvoir d’examiner uniquement les « droits personnels » (liés aux dommages et intérêts) des parents de victimes, après que le tribunal militaire a rendu son verdict sur les responsabilités.
Quoi qu’il en soit, estime une haute source judiciaire interrogée, les deux affaires sont « politiques », et il faut les traiter avec « beaucoup de perspicacité et de réserve ». Ce qui laisse penser qu’elles devraient se terminer toutes deux en queue de poisson, dans le cadre d’un match où aucune partie n’aura gagné une manche.
commentaires (7)
Des jeeps avec grosses mitrailleuses, des roquettes, RPG et ils ne s'en cachent pas ces barbus. Ils agressent les quartiers résidentiels de Ain el Remmanneh, Badaro...Le comble? Ils demandent justice parce que les agresseurs ont été pris pour cible par les défenseurs du quartier. Donc, il fallait que le hezbollah casse et détruise les voitures garées dans les ruelles, qu'il tire sur les balcons à l'aveuglette ? C'est cela la justice? Nous avons une organisation terroriste que la planète ou presque décrit comme telle ...Au liban, on les subit et le comble : Cette organisation veut "imposer" sa loi, son idéologie et interdire aux libanais de penser ne serait ce qu'un dizième de seconde au mot "paix". Il faut que le liban entier soit "en guerre" "mobilisé contre les ennemis de l'organisation hezbollah " et que le liban soit le terrain de guerre des pays de la région. Aoun et cie sont des alliés de cette organisation en plus. Bassil vient de le confirmer, à Wafic Safa coordinateur du hezbollah, parait il du moins ( selon les médias au liban )
radiosatellite.co
11 h 18, le 28 décembre 2021