Le président libanais, Michel Aoun, a appelé une nouvelle fois, mardi, à la tenue du Conseil des ministres, affirmant qu'il est en faveur d'une telle réunion même si elle est boycottée par les ministres chiites du Hezbollah et d'Amal, alors que le chef du gouvernement s'abstient de réunir son équipe en l'absence d'accord interne, afin de ne pas aggraver les tensions.
"Je suis en faveur d'une réunion du Conseil des ministres, même si elle sera boycottée", a déclaré M. Aoun devant une délégation de l'ordre des rédacteurs de presse, conduite par son président Joseph Kosseifi. "Nous sommes désormais devant l'obligation de faire le choix entre la justice et la politique", a-t-il estimé en soulignant qu'il est inconcevable que le cabinet demeure bloqué, "plusieurs questions devant être tranchées, telles que le budget, pour faciliter (la résolution) de plusieurs dossiers, tels que celui de l'électricité".
Le président libanais a tenu à préciser qu'il "s'entend très bien" avec le Premier ministre Nagib Mikati, soulignant que "les divergences de points de vue ne signifient pas qu'il y a des désaccords".
C'est la première fois que le président Aoun s'exprime aussi clairement pour une relance du Conseil des ministres, contre la volonté de son allié de longue date, le Hezbollah. Contrairement à M. Aoun, le Premier ministre préfère attendre un accord politique élargi avant de réunir son gouvernement au grand complet. Les ministres chiites s'opposent à la réunion du gouvernement en raison de profonds désaccords autour de l'enquête menée par le juge Tarek Bitar sur la double explosion meurtrière du 4 août 2020 au port de Beyrouth.
Relation avec le Hezbollah
Pour ce qui est de ses relations avec le Hezbollah, qui connaissent des soubresauts ces derniers mois en raison de plusieurs dossiers politiques et judiciaires, M. Aoun a souligné qu'"il y a des choses qui doivent être dites entre amis". "Nous plaidons pour ce que dit la Constitution, car le non-respect de ce texte signifie le chaos", a-t-il affirmé dans une allusion au principe de la séparation des pouvoirs, notamment politique et judiciaire, prévu dans le préambule de la Constitution.
L'appel du Hezbollah à une décision gouvernementale pour dessaisir le juge Bitar de l'enquête s'était transposé dans la rue, le 14 octobre dernier. Des affrontements avaient alors opposé des miliciens relevant du tandem chiite à des forces chrétiennes présumées proches des Forces libanaises de Samir Geagea. Avec un bilan de sept morts et des dizaines de blessés, ces accrochages ont fait craindre un violent dérapage du pays.
commentaires (6)
On n'a pas fini d'avoir des mollassons au Sérail. Et c'est là où le bât blesse.
Esber
22 h 00, le 14 décembre 2021