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Nos Lecteurs ont la Parole

Le silence des loups

« Notre journaliste (Caroline Hayek) a appris qu’elle avait obtenu le prix Albert Londres alors qu’elle était en France pour couvrir le procès du prêtre Mansour Labaky qui a écopé de 15 ans de réclusion pour abus sexuels. L’Orient-Le Jour était le seul média libanais présent à ce procès et le seul à le couvrir en détail. Le sujet dérange encore de nombreux Libanais qui persistent à dire qu’il s’agit d’un complot, malgré le verdict » (L’OLJ).

D’abord, toutes mes félicitations à la journaliste primée et, partant, au journal qui lui a servi de tremplin et de support ainsi qu’à son équipe.

Mais voilà que la bonne nouvelle annoncée dans cette même note est aussitôt assombrie par la mauvaise, à savoir l’absence de médias libanais au procès du prêtre condamné par la justice française pour abus sur des mineures, et non des moindres puisqu’il s’agit aussi de viols.

L’absence des médias libanais pendant l’audience et leur silence après la sentence contrastent avec le courageux journal L’Orient-Le Jour qui ne craint pas de « dire la vérité, aussi difficile soit-elle », maxime qui, depuis Bachir, tourne en boucle, mais le plus souvent à vide.

Cependant, il n’y a pas lieu de s’en étonner puisque la plupart des médias sont à la solde des politiques et se taillent des vérités et des contre-vérités sur mesure.

D’aucuns pourraient néanmoins avancer que « toute vérité n’est pas bonne à dire », que celle-ci en particulier est embarrassante pour l’Église maronite, mais lorsque cette vérité devient flagrante et scandaleuse, lorsqu’elle émane de la justice française, sur base de témoignages plus que crédibles, étayés par des faits et les « stigmates » moraux et psychologiques réels des victimes, cette vérité, aussi compromettante soit-elle, ne peut rester sous le boisseau. Les organes d’information se doivent justement d’informer, par vocation, et de dire la vérité, par devoir, en accordant à celle-ci la couverture proportionnelle à son importance ou à sa gravité. Sans compter le droit pour les victimes d’être vengées ou consolées par la publication de l’affaire et la sensibilisation de l’opinion publique, à plus forte raison si ce jugement, comme il faut s’y attendre, restera sans suite. Cela outre les effets dissuasifs d’une telle médiatisation susceptible de prévenir d’autres crimes et d’autres victimes.

Quant à l’accusé qui a brillé par son absence en arguant de problèmes de santé qui ont duré aussi longtemps que l’instruction, c’est-à-dire des années, il avait tout le loisir de prouver son innocence, au lieu de la clamer, et de déjouer le « complot » au lieu de le dénoncer.

Il convient, à ce propos, d’interroger les complotistes purs et durs, de leur demander quelle est cette machination si évidente qui n’a pas convaincu la cour criminelle du Calvados à Caen? Quelle est la teneur de ces « documents importants » envoyés par le patriarche Raï au Saint-Siège, en 2016, qui n’ont pas réussi à convaincre la Congrégation pour la doctrine de la foi ? Laquelle a maintenu son verdict.

Mais pire encore, et à l’adresse de tous les défenseurs du défendeur (devenu condamné) : quelle est cette maladie qui cantonne certains dans le déni, qui les fait croire au complot et croire mordicus à son innocence ? Malgré toutes les évidences ?

Quel est cet esprit chrétien qui pousse les « fans du chantre » à menacer les victimes, déjà assez traumatisées et stigmatisées, voire à les terroriser ? Puis aller assister à la messe et communier en bons chrétiens bon teint ? Quelle est cette obnubilation qui les empêche de se dire, au moins, qu’il n’y a pas de fumée sans feu ?

Quelle est cette énigme qui rend le patriarcat maronite toujours silencieux relativement à cette affaire, et surtout après la prononciation du jugement ? Qui fait que le patriarche ne se soit pas encore tourné vers les victimes pour s’excuser publiquement, comme l’a fait le pape François envers les innombrables victimes d’agressions sexuelles ?

Quelle est cette lâcheté qui pousse les défenseurs zélés des intérêts des chrétiens, chefs de parti, députés, politiciens, etc., à rester coi, à ignorer les victimes, chrétiennes ou non, d’un prêtre censé être chrétien au sens le plus éthéré du terme ?

Quelle est cette immoralité qui fait que des prêtres, des pasteurs, des prélats, des évêques, des cardinaux, ayant prononcé leurs vœux, entre autres de chasteté, utilisent cette même main qui lève le calice et la patène durant l’office, cette même main qui donne la bénédiction, pour peloter, molester et agresser des enfants ? Si Jésus a dit « Laissez venir à moi les enfants car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent » (Luc 18:16), quel sort réservera-t-il aux abuseurs d’enfants ?

Quelle est cette possession qui fait que des serviteurs de Dieu se mettent au service du mal pour crucifier le corps du Christ qu’est l’Église, ce corps dont ils sont les membres vitaux ? Quelle est cette malédiction qui vient discréditer la prêtrise et souiller l’image de l’écrasante majorité des prêtres d’excellente réputation, à la conduite irréprochable ? Quelle est cette occasion irrésistible de chute chez quelques clercs qui vient dépopulariser l’Église pour la faire chuter ?

Ces religieux chrétiens croient-ils vraiment ? Sont-ils chrétiens ? Craignent-ils Dieu ? Se disent-ils, à la manière du bienheureux Estephan Nehmé, « Dieu m’observe » ? « Allah yarani » ?

Mais ils auront beau faire le jeu du diable, ébranler l’Église, « les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle » (Matthieu 16:18).

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

« Notre journaliste (Caroline Hayek) a appris qu’elle avait obtenu le prix Albert Londres alors qu’elle était en France pour couvrir le procès du prêtre Mansour Labaky qui a écopé de 15 ans de réclusion pour abus sexuels. L’Orient-Le Jour était le seul média libanais présent à ce procès et le seul à le couvrir en détail. Le sujet dérange encore de nombreux Libanais qui...

commentaires (1)

Très intéressant

Tarabay Ghassan

09 h 40, le 18 novembre 2021

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Commentaires (1)

  • Très intéressant

    Tarabay Ghassan

    09 h 40, le 18 novembre 2021

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