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Économie - Rapport

Compétitivité des talents : le Liban en milieu de tableau, selon l’Insead

S’il accuse un recul de 12 places par rapport à sa dernière apparition en 2019, le pays du Cèdre affiche néanmoins un score sensiblement plus élevé qu’il y a deux ans.

Compétitivité des talents : le Liban en milieu de tableau, selon l’Insead

Un cours dispensé à Smart ESA de l’École supérieure des affaires pour former les talents de demain. Photo P.H.B.

Les plus de deux ans de crise que le Liban a traversés jusqu’ici ont poussé de nombreux Libanais qualifiés à émigrer, d’autant plus que la nouvelle vague de tensions politiques liées à l’enquête sur la tragédie du 4 août 2020 et aux récents incidents de Tayouné continue d’assombrir les perspectives de développement à court terme.

Une situation d’autant plus dommageable que le pays continuait jusqu’à 2020 à être assez capable d’attirer, de retenir et de développer des talents compétitifs, comme le soulignent l’Institut européen d’administration des affaires (Insead, situé à Fontainebleau, en France), le cabinet de conseil international Accenture et le récent institut de recherche Portulans Institute, créé en 2019, dans la 8e édition de leur indice mesurant la compétitivité des talents dans le monde (GTCI), publié il y a quelques jours. Les données qui ont servi à construire le rapport ont été collectées sur la période allant de 2018 à 2020, soit avant et après le début de la crise qui a éclaté mi-2019.

De retour dans le classement après avoir été exclue de l’édition 2020, faute de données suffisantes, l’économie libanaise y occupe le 71e rang sur 134 au niveau mondial et le 8e sur les 13 pays arabes retenus (l’Algérie, l’Arabie saoudite, le Bahreïn, l’Égypte, les Émirats arabes unis, la Jordanie, le Koweït, le Maroc, Oman, le Qatar, la Tunisie et le Yémen). La Syrie n’est pas incluse dans la liste tandis qu’Israël, 21e avec un score de 68,65 sur 100, domine la région « nord de l’Afrique et Asie de l’Ouest » dans laquelle le Liban est 13e sur 19. L’État hébreu est suivi par Chypre (61,63) et les Émirats (63,38), qui se classent troisièmes dans ce groupes et premiers parmi les pays arabes. Le trio de tête mondial est lui composé dans l’ordre de la Suisse (82,09), de Singapour (79,38) et des États-Unis (78,81).

Méthodologie presque inchangée

S’il accuse un recul de 12 places par rapport à sa dernière apparition en 2019 (59e sur un total de 125), le Liban affiche néanmoins un score sensiblement plus élevé qu’il y a deux ans, soit 44,45 au lieu de 40,85 en 2019 – sur 100, qui représente sa plus haute note attribuée. Cette hausse n’est pas liée à un changement fondamental de la méthodologie utilisée par les auteurs du rapport qui ont élaboré cette nouvelle édition selon les mêmes bases que les précédentes, à quelques ajustements près, dont le nombre de variables retenues, qui est passé de 70 dans l’édition 2020 à 68 dans celle-ci.

Le score du Liban reste toutefois inférieur à la moyenne mondiale (47,26 points selon le Lebanon This Week de Byblos Bank qui a relayé certaines conclusions du rapport) et à celle des pays arabes (45,35). Il est donc probable, compte tenu des développements survenus en 2021 – effondrement de la livre, levée des subventions, maintien des restrictions bancaires illégales sur les comptes en devises ou encore explosion des demandes de passeport à la Sûreté générale –, qu’il faille attendre l’édition 2022 de l’indice pour mesurer l’ampleur de leur impact sur les performances du Liban.

Un résultat qui n’étonne pas Jihad Bitar, directeur de Smart ESA de l’École supérieure des affaires, qui pointe du doigt le fait que « le vrai problème du Liban est de garder les talents dans le pays, et surtout les bons ». Il indique également que plusieurs entreprises connaissent des difficultés à embaucher des personnes compétentes dans des domaines où trouver ces « talents » était plus simple auparavant, comme le management par exemple.

Dans le détail, l’indice GTCI évalue les étapes et décisions prises par les gouvernements pour encourager les compétences individuelles, comme la capacité des États à apporter des aptitudes nécessaires à une économie innovante, productive et compétitive. Il est calculé à travers la moyenne pondérée de six sous-indices regroupés en deux catégories qui reflète ces différents aspects. La première catégorie rassemble les quatre sous-indices relatifs aux politiques mises en œuvre ainsi qu’aux ressources employées pour accueillir de nouveaux talents. La seconde mesure la « qualité » des talents que les moyens déployés par un État donné ont permis d’attirer. Enfin, les pays inclus dans l’étude représentent en outre plus 94 % de la population mondiale et près de 98 % du PIB global.

Les scores obtenus par le Liban pour chacun de ces sous-indices sont plutôt en phase avec la réalité du terrain. Dans le sous-indice « Enable » qui mesure la qualité de la réglementation et les conditions du marché du travail, le pays occupe par exemple une médiocre 88e place, avec un score de 44,23 points. Sans surprise, le Liban a affiché un piètre score de 25,53 points pour la variable mesurant la stabilité politique, ce qui le place parmi les très mauvais élèves (127e mondial).

Le constat n’est pas plus reluisant en ce qui concerne les sous-indices « Attract », qui mesure la capacité à attirer des travailleurs dans le pays (88e rang mondial avec 45,34 points), « Grow », qui évalue le niveau d’éducation et de formation (69e avec 35,96 points), et « Retain », qui note la capacité à garder les talents sur place (98e, 38,61 points).

Ce sont enfin les sous-indices « Vocational Training », qui englobe le niveau moyen de compétence, et « Global Knowledge », ciblant les compétences de haut niveau et l’impact sur les talents, qui tirent la note globale du pays et son classement vers le haut (60e avec 55,09 points pour le premier et 46e avec 47,28 points pour le second).

Les plus de deux ans de crise que le Liban a traversés jusqu’ici ont poussé de nombreux Libanais qualifiés à émigrer, d’autant plus que la nouvelle vague de tensions politiques liées à l’enquête sur la tragédie du 4 août 2020 et aux récents incidents de Tayouné continue d’assombrir les perspectives de développement à court terme.Une situation d’autant plus dommageable que...

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