Le numéro deux du Hezbollah, Naïm Kassem, a lancé samedi une nouvelle diatribe contre le juge Tarek Bitar, en charge de l'instruction sur la double explosion au port de Beyrouth du 4 août 2020, estimant qu'il pose un "réel problème" pour le Liban et qu'il serait "préférable qu'il se récuse, afin que la situation se stabilise" dans le pays.
"Aujourd'hui, le juge Bitar pose un réel problème pour le Liban", a déclaré le cheikh Kassem lors d'une cérémonie de remise des diplômes à Haret Hreik, dans la banlieue-sud de Beyrouth. Selon lui, le magistrat "n'est pas sans danger pour la justice, il fait preuve de "copinage et politise l'enquête de façon flagrante". Il a dans ce cadre indiqué que "des familles de victime ont désormais des soupçons" à l'égard de Tarek Bitar, en référence à l'ancien porte-parole des victimes, Ibrahim Hoteit, qui a désavoué la semaine dernière le juge dans des vidéos reprenant l'argumentaire du Hezbollah et que certains observateurs estiment filmées sous la contrainte. Depuis, certains groupements de familles de victimes se sont désolidarisées de M. Bitar.
Le tandem chiite réclame le départ du juge Bitar, qu'il accuse de s'en prendre uniquement à des dirigeants de leur camp politique dans ses poursuites. Le magistrat a pourtant convoqué des responsables politiques, sécuritaires et judiciaires de diverses affiliations et ne se laisse pas facilement intimider par les pressions exercées sur lui par une majorité de la classe politique. Il entend en effet poursuivre ses investigations et a fixé plusieurs dates pour interroger les députés et anciens ministres Ghazi Zeaïter et Nouhad Machnouk, ainsi que l'ex-Premier ministre Hassane Diab. Cette affaire a provoqué une grave crise gouvernementale, les ministres chiites réclamant des mesures gouvernementales concernant le magistrat. Quant au Premier ministre Nagib Mikati, il refuse de réunir le cabinet tant qu'une solution n'est trouvée.
Les accrochages de Tayouné
"A cause de M. Bitar, une grande sédition a failli avoir lieu à Tayouné et dans la région", a insisté Naïm Kassem, en référence aux affrontements meurtriers du 14 octobre, qui ont eu lieu en marge d'une manifestation du Hezbollah et du mouvement Amal réclamant la récusation du juge. Des manifestants en route vers le palais de Justice avaient alors tenté d'entrer dans une rue à prédominance chrétienne, où ils ont essuyé des tirs, ce qui a provoqué des combats armés qui ont fait sept morts. "Si nous ne pouvons avoir aucun espoir que ce juge, qui a provoqué des problèmes et catastrophes, ne fasse son travail de manière juste, il serait préférable qu'il se récuse afin que la situation se stabilise et que les gens puissent connaître la vérité" sur le drame du 4 août, a poursuivi le responsable chiite.
Naïm Kassem a par ailleurs lancé de nouvelles accusations contre les Forces libanaises de Samir Geagea au sujet des affrontements de Tayouné, estimant que les partisans FL étaient "prêts, renforcés par des franc-tireurs", et qu'ils ont "ouvert le feu sur une manifestation pacifique". "Nous avons réussi à y faire face en étouffant la subversion dans l'œuf, grâce à notre patience", a-t-il poursuivi. Et de souligner que son parti "suivra l'enquête et ses résultats afin que les coupables soient punis conformément aux dispositions prévues par la loi libanaise". "Malheureusement, les FL et les autres groupes soutenus par les ambassades se moquent de la faim des gens, de la faillite économique et de la possibilité que des conflits militaires éclatent dans le pays", a conclu Naïm Kassem.
commentaires (28)
Ouvrons les dossiers de tous les meurtres et la contrebande au Liban et vous irez vous savez ou! Recuses toi, toi meme avec ta bande, et nous aurons un pays libre; nous aurons alors une chance alors de batir un pays de droit sans milices et juger tous nos politiciens corrompus proteges par vous et vos maitres.....!
Sabri
14 h 49, le 25 octobre 2021