Le gouvernement de Nagib Mikati, réuni pour la première fois à Baabda depuis que le Parlement lui a accordé sa confiance, a nommé hier les membres de sa délégation qui sera chargée de négocier avec le Fonds monétaire international (FMI) pour un plan de sortie de crise du pays.
Cette délégation est présidée par le vice-président du Conseil, Saadé Chami (PSNS), ancien du FMI, et elle comprend les ministres de l’Économie, Amine Salam, et des Finances, Youssef Khalil, le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé ainsi que deux conseillers du président de la République Michel Aoun, Charbel Cordahi et Rafic Haddad. La nomination de ces deux conseillers montre que le chef de l’État veut garder la main sur ce dossier, au motif que la Constitution accorde au président la prérogative de conclure les accords et traités internationaux. Sur ce plan, des informations font état d’un désaccord entre le chef de l’État et le Premier ministre, qui aurait préféré que la délégation ne soit formée que de ministres. Mais le président de la République a obtenu gain de cause sur cette question.
Entamées en mai 2020, les négociations avec l’institution internationale avaient fini par dérailler deux mois plus tard sur fond de divisions côté libanais à propos des pertes à assumer par l’État, en défaut de paiement, et ses principaux créanciers – banque centrale et banques commerciales notamment.Près de douze autres commissions ministérielles ont également été formées hier en vue de suivre les principaux sujets brûlants.
100 millions de dollars à EDL
Lors de sa réunion, présidée par le président Aoun, le gouvernement a en outre décidé de déférer l’affaire de l’explosion en août d’une citerne d’essence à Tleil, dans le Akkar, devant la Cour de justice. Ce drame avait fait au moins 30 morts le 15 août dernier quand des habitants s’étaient rués vers une citerne saisie par l’armée pour récupérer du carburant, au plus fort de la crise d’essence.
Sur un autre plan, le cabinet a réclamé une avance de 100 millions de dollars à la Banque du Liban (BDL) afin de financer les importations de fioul à destination d’Électricité du Liban (EDL). Suivant les informations de notre correspondante Hoda Chedid, le ministre de l’Énergie, Walid Fayad, avait demandé 200 millions, mais le Premier ministre n’a approuvé que 100 millions. Cet argent devrait servir à augmenter les heures d’approvisionnement en courant jusqu’à sept à huit heures par jour, à partir du 20 octobre.
Hausse des prix et « rationalisation »
Au début de la réunion, le chef de l’État a souhaité au cabinet d’obtenir, après la confiance du Parlement, « celle des citoyens et de la communauté internationale ». La confiance octroyée il y a une dizaine de jours par la Chambre oblige désormais le gouvernement à « travailler sérieusement et rapidement pour mettre en application la déclaration ministérielle, en respectant les priorités établies » pour les différentes réformes, à commencer par les « questions sociales et de la vie de tous les jours », a-t-il ajouté. Il a notamment appelé l’exécutif à se pencher sur « le contrôle des prix » des biens de consommation et sur le projet de carte d’approvisionnement pour les familles défavorisées. Les modalités de ce projet, de l’enregistrement et du filtrage des bénéficiaires jusqu’à la distribution de la carte, avaient été annoncées par les anciens ministres de l’Économie et des Affaires sociales, mais la nouvelle équipe a souhaité réviser le texte présenté. Les aides qui doivent être distribuées via cette carte ont notamment pour objectif d’aider les familles dans le besoin à faire face à la suppression des subventions sur les denrées essentielles – comme les médicaments, le carburant ou la farine – déjà totalement ou partiellement levées ces derniers mois. C’est d’ailleurs ce qu’a déclaré quasiment sans ambiguïté le ministre de l’Énergie, lors d’une déclaration à la presse suite à la réunion du Conseil des ministres. Le ministre a estimé que les subventions sur le carburant ont pratiquement été levées, soulignant qu’elles « n’ont en tout cas pas servi les intérêts des citoyens, mais d’autres intérêts » et affirmant cependant que la tendance serait à la « rationalisation de la consommation ».
De son côté, le Premier ministre a estimé qu’obtenir la confiance des Libanais était un « défi », mais que cela serait possible si le cabinet se comporte « comme une équipe de travail unie et solidaire ». « Nous avons tous la responsabilité de nous assurer que les droits des gens sont respectés et nous devons nous engager à réaliser les vœux des citoyens, surtout en ce qui concerne la Sécurité sociale », a-t-il poursuivi, citant parmi les dossiers prioritaires la carte d’approvisionnement, l’électricité et les pénuries de carburant. M. Mikati a encore affirmé que sa réunion avec le président français, Emmanuel Macron, vendredi dernier, avait été « très bonne » et que ce dernier lui avait assuré que Paris est prêt à aider le Liban « dans plusieurs secteurs tant que la transparence est assurée (du côté libanais, NDLR) ». Le président français a insisté, selon M. Mikati, sur le fait que la « vraie voie vers le sauvetage » du pays en crise passait par les négociations avec le FMI.
Prolongation de la mobilisation générale jusqu’à la fin de l’année
Le Conseil supérieur de défense, réuni hier au palais de Baabda sous la présidence du chef de l’État, Michel Aoun, a recommandé la prolongation de l’état de mobilisation générale au Liban jusqu’à la fin de l’année, alors que plus de 623 609 cas de coronavirus ont déjà été enregistrés dans le pays.
« L’état de mobilisation générale sera renouvelé à partir du 1er octobre et jusqu’au 31 décembre 2021. Les mesures déjà en vigueur resteront inchangées », a annoncé le secrétaire général du Conseil supérieur de défense, le général Mahmoud el-Asmar, lors d’un bref communiqué lu à l’issue de la réunion.
Le gouvernement de Nagib Mikati, réuni en Conseil des ministres hier, a avalisé la recommandation du Conseil supérieur de défense.
commentaires (5)
2 sur 6 pour le 13 prez. Au moins un tilt mou'aatil négocié en moins d'une et sans trainer les pattes. C'est donc la norme?... En fait... "Tilt" de quel côté demanderaient nos copains anglos?
Wlek Sanferlou
13 h 33, le 30 septembre 2021