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Nos Lecteurs ont la Parole

Assez de mots futiles

« Le Liban paie aujourd’hui les choix politiques et économiques faits au lendemain de la guerre civile... Je pense fondamentalement que ce système et cette classe politique ne peuvent pas mener la moindre réforme car cela reviendrait à remettre en cause ce qu’ils sont et le système dans lequel ils évoluent. »

Par Agnès Levallois, Dimitri Krier,

publié le 21/07/2021,

Les Clés du Moyen-Orient.

Simon est un père libanais. Il se démène afin de gérer un quotidien pour le moins humiliant et de financer, malgré tous les blocages bancaires illégitimes, les parcours scolaire et académique de ses fils. Jacques, l’aîné, poursuit ses études universitaires. À la suite d’une conférence consacrée aux moyens de préserver l’équilibre psycho-physiologique de l’individu, il dit : « Cher professeur, chers amis, la nature des choses me touche plus particulièrement de nos jours. Cet espace à observer et à découvrir avec les sens nous permet d’animer une sensibilité bien précieuse sur laquelle s’acharnent des décideurs historiques de tant de bords! Quand les créatures d’une jungle nous entourent, ils nous observent et réagissent à notre présence. Plus que jamais l’individu dans mon pays a besoin qu’on le regarde et qu’on réponde concrètement à des besoins indispensables. Cependant, l’élan vital qui nous reste est réduit à la recherche des matières essentielles au plus bas prix ! Les meneurs d’affaires astiquent les moindres convenances alors que les besoins criants de la population nous ramènent aux taudis du Moyen Âge. Le monde inhumain dans lequel chacun sombre au rythme des attentes ressemble davantage à un chaos orchestré par des humanoïdes sans âme. À quoi sert-il donc que mes parents se serrent encore plus la ceinture pour payer mes études quand la motivation et la concentration se disloquent à chaque manque essentiel ? Quand je sors de classe je fais de mon mieux pour éviter de répondre à comment ça va, car rien ne fonctionne vraiment, à part un bon sens isolé et mes jambes. »

Il s’exprime à ce sujet aussi lors d’un échange en soirée avec son père autour de la lanterne de grand-père : « Dis papa, à quoi ça sert un nouveau gouvernement de spécialistes ? Est-ce que l’expérience de la misère fait partie de la liste de leurs compétences ? Peuvent-ils non pas saisir mais ressentir ce qu’est d’avoir le ventre creux dans le noir et la misère, à chaque instant, de souffrir de douleurs sans trouver de remèdes, d’être déchiré par la détresse intime sans répondant, de se savoir défini par des figures de styles et des dissertations verbales ? »

Aux nouveaux ministres, de grâce allez droit au vif de l’action. Secourez la vérité du port, le corps et le mental des Libanais dans la rue, la norme humaine et la générosité de cœur !

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

« Le Liban paie aujourd’hui les choix politiques et économiques faits au lendemain de la guerre civile... Je pense fondamentalement que ce système et cette classe politique ne peuvent pas mener la moindre réforme car cela reviendrait à remettre en cause ce qu’ils sont et le système dans lequel ils évoluent. » Par Agnès Levallois, Dimitri Krier, publié le 21/07/2021, Les...

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