Alors que les Libanais sont asphyxiés par la pénurie de carburants, les autorités sont parvenues samedi à un accord pour continuer à subventionner à court terme le carburant.
L'accord a été trouvé à l'issue réunion présidée par le chef de l'Etat libanais Michel Aoun, l'après-midi à Baabda, en présence du Premier ministre sortant Hassane Diab, du ministre sortant des Finances Ghazi Wazni et du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé. Ils ont été rejoints par visioconférence par le ministre sortant de l'Énergie Raymond Ghajar.
Il a été convenu, à l'unanimité, de "demander à la Banque du Liban d'ouvrir un compte temporaire pour couvrir une subvention urgente et exceptionnelle aux carburants (essence, mazout et gaz domestique)". Le taux de change qui sera utilisé pour calculer les nouveaux prix de l'essence sera de 8.000 livres libanaises, a-t-on précisé. L'enveloppe de 225 millions de dollars que les décideurs demandent dans ce cadre doit permettre de maintenir ces prix intermédiaires du carburant jusqu'à fin septembre. C'est à peu près à cette période que plusieurs responsables ont estimé que la carte d'approvisionnement, un système d'aide directe aux plus pauvres, sera mise en place.
Après cette annonce, le porte-parole des stations-service, Georges Brax, a indiqué que conformément à cette décision et selon son étude 20 litres d'essence seront vendus à 145.800 LL et 20 litres de mazout à 116.400 LL.
La Banque du Liban avait annoncé le 11 août qu'elle ne pouvait plus subventionner au taux actuel les importations de carburants et que ce mécanisme serait donc arrêté, soulignant qu'elle pourrait toutefois continuer à l'appliquer si une loi était votée au Parlement pour l'autoriser à puiser dans les réserves obligatoires des banques. Une suppression des subventions impliquerait une hausse de plus de 300% des prix des carburants. En attendant, les stocks encore disponibles dans les stations-service sont vendus au tarif toujours en vigueur, parfois sous le contrôle de l'armée libanaise, qui oblige les propriétaires à vider leurs stocks.
Une perte couverte par le gouvernement
Le gouverneur de la banque centrale Riad Salamé a indiqué à l’agence Reuters que la BDL allait fournir des dollars au taux de la plate-forme Sayrafa qui était de 16.500 LL vendredi. Il a indiqué que la différence entre le taux de Sayrafa et les 8.000 L.L. sera une perte couverte par le gouvernement.
De son côté, le chef de l'État a prononcé une allocution retransmise à la télévision. "Je continuerai à travailler jusqu'à ce que nous puissions trouver les solutions. Je ne serai pas affecté par les surenchères ou les campagnes médiatiques, et je n'abandonnerai pas mes devoirs et responsabilités", a-t-il dit. "Tous les services de l'État censés prendre des décisions ont été perturbés. J'ai donc pris l'initiative de résoudre les crises et les problèmes urgents. Je vous parle honnêtement, afin que vous sachiez qu'un obstacle surgit face à toute idée, proposition ou initiative. C'est comme si on voulait que la situation se détériore davantage", a-t-il dénoncé. Il a ensuite indiqué qu'il a été décidé de subventionner les carburants et que "le Trésor public prendra en charge une partie du coût". "Une aide d'urgence sera accordés aux fonctionnaires, en attendant que leurs salaires soient révisés", a-t-il poursuivi. Il a enfin assuré que le gouvernement sera formé "en coopération" avec le Premier ministre désigné Nagib Mikati.
Les personnes réunies à Baabda ont aussi décidé de demander aux ministères, administrations et services judiciaires, services de sécurité et militaires compétentes de coordonner entre eux afin d'éviter l'accaparement de l'essence, du mazout et du gaz domestique, ou l'exploitation du stock existant pour réaliser des profits illégaux.
Il a aussi été décidé de modifier les indemnités de transport journalières afin qu'elle deviennent de 24.000 livres libanaises pour chaque journée de présence réelle. Enfin, il a aussi été décidé d'octroyer d'une aide sociale d'urgence en deux versements égaux, à tous les employés de l'administration publique, quel que soit leur titre (salariés, contractuels...).
commentaires (9)
"...Je ne suis pas affecté par les surenchères ou les campagnes médiatiques...!..." etc. C'est justement là où le bat blesse chez vous, cher Monsieur ! Si vous écoutiez un peu plus ce que disent la plupart de vos citoyens...au lieu de préter l'oreille seulement à vos quelques courtisans serviles...âgés...ou très jeunes et ambitieux, vous trouveriez les solutions pour résoudre leurs problèmes...provoqués justement par vous et votre ignorance des réalités du petit peuple. Qui n'est pas très éloigné de votre palais-résidence...où vous ne manquez certainement de rien, n'est-ce pas Monsieur !?!? - Irène Saïd
Irene Said
12 h 35, le 22 août 2021