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Politique - Contestation

Tous les militants interrogés dans l’affaire Tarek Merhebi ont été relâchés

Le député avait abandonné les poursuites plus tôt dans la journée.

Tous les militants interrogés dans l’affaire Tarek Merhebi ont été relâchés

Les manifestants sont restés devant le siège des renseignements des FSI toute la journée pour s’assurer que leur camarades allaient être relâchés. Photo Lyana Alameddine

Coup de théâtre hier dans l’affaire de l’assaut mené contre l’appartement du député Tarek Merhebi (courant du Futur, Akkar) par des militants en colère après l’explosion d’une cuve de carburants qui a coûté la vie à près de trente personnes dimanche, dans le Akkar. Le député, qui avait déposé une plainte personnelle contre les manifestants pour « vol et effraction » dans son appartement de la rue Spears à Beyrouth lundi, a annoncé retirer sa plainte hier lors d’une conférence de presse au Parlement. En soirée, les activistes ont tous été libérés, avant d’être accueillis comme des héros par une foule en liesse.

« J’ai décidé de mon propre chef de retirer la plainte que j’avais déposée contre les jeunes qui ont pris d’assaut ma maison », a affirmé M. Merhebi. Il a précisé être revenu sur sa décision « pour ne pas porter préjudice » à ces activistes, dont quatorze avaient été convoqués par les services de renseignements et trois détenus depuis lundi, et pour ne pas que des « procédures pénales » soient lancées contre eux.

Le retrait de cette plainte intervient alors que, depuis lundi, des activistes restaient mobilisés pour le pousser à prendre une telle décision. Dans la matinée d’hier, des dizaines de personnes se sont rassemblées devant le siège des services de renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI) dans le quartier d’Achrafieh, où étaient convoqués les activistes, 14 en tout. Quelques-uns des militants se trouvaient aux arrêts depuis plus de 48 heures, notamment Khodr Eido, un contestataire connu au sein de la thaoura. William Noun, frère de l’une des victimes du port Joe Noun, figure aussi parmi les personnes interrogées hier : il avait été brièvement arrêté avant d’être relâché dimanche. Son arrestation avait profondément ému un grand nombre de personnes.

L’avocat du député, Me Sleiman Merhebi, a assuré à L’Orient-Le Jour après la conférence de presse qu’il allait immédiatement lancer la procédure de retrait de la plainte. Auparavant, il avait précisé que le député avait des « preuves » du cambriolage commis, puisqu’une carte de crédit subtilisée sur place, selon lui, avait été utilisée plusieurs fois. Il avait également assuré que « le vol a de toute vraisemblance été commis par une seule personne, un intrus, et que les autres ne seraient pas au courant de cette affaire ». À la question de savoir pourquoi 16 personnes avaient été interpellées alors que les soupçons se limitent à une seule, l’avocat a précisé qu’il s’agit de la procédure habituelle dans le cadre de ce type d’enquête.

L'édito de Issa Goraieb

Dans le feu de l’inaction

À cela, l’un des avocats des militants, Me Sleiman Charif, a répondu en se demandant « comment il est possible que des gens qui entrent pour cambrioler un appartement filment toute leur action en direct ». « Même les enquêteurs n’ont pas cru à cette version », a-t-il ajouté. « Les tentatives de cette classe politique de nous dépeindre en tant que criminels n’aboutiront pas, nos actions sont politiques », a-t-il martelé. Me Mazen Hoteit, un autre avocat des activistes, estime que l’accusation de vol n’a aucun fondement et que l’objectif est de dissuader les jeunes de poursuivre leur contestation, notamment pour « discréditer les familles de victimes qui sont le fer de lance de la lutte pour la vérité autour de la double explosion au port de Beyrouth ».

Parallèlement hier, le fondateur du parti Sabaa, Jad Dagher, a été arrêté par les renseignements des FSI en son domicile. Selon le secrétaire général du parti, Hassan Chamas, c’est en raison d’un post que Jad Dagher est poursuivi. « Il avait écrit que si le député Tarek Merhebi n’abandonnait pas sa plainte pour vol contre les militants, notamment un cadre de Sabaa Khodr Ahmad, il serait considéré comme une cible politique prioritaire par le parti », précise-t-il.

L’assaut contre l’appartement de Merhebi dimanche faisait suite à la tragédie du Akkar, au cours de laquelle l’explosion d’un dépôt d’essence saisi par l’armée a tué et blessé des dizaines de personnes venues s’approvisionner en carburant, alors même que le pays traverse une crise d’essence sans précédent. Les députés de la région ont été pointés du doigt par une population en colère pour leur rôle présumé dans la contrebande de fuel vers la Syrie.

« Ce n’est que le début »

Malgré la conférence de presse du député, les militants n’ont pas été libérés tout de suite. Face au siège des SR de la police à Achrafieh, les manifestants, présents depuis le matin à 10h, se sont impatientés. « État policier ! », ou encore « ce sont des corrompus que vous protégez ! », scandaient-ils face aux forces de l’ordre.

La volte-face du député Merhebi a laissé les proches des activistes sceptiques. « S’il est vrai que de l’argent a été volé de son appartement, quel est le sens de cette volte-face ? », s’insurge Ibrahim Eido, frère de Khodr. « L’important est d’établir l’innocence de mon frère une fois pour toutes », poursuit-il.

« Nous n’avons aucune confiance en un député qui avait promis en vain d’effacer sa signature de la pétition de la honte, celle qui visait à retirer le dossier de l’explosion du 4 août dans laquelle a péri mon frère Joe des mains du juge Tarek Bitar pour la remettre à une cour qui n’a jamais fonctionné, déclare à L’OLJ Nancy Noun. Si mon frère William et ses compagnons ne sont pas libérés tout de suite, nous allons fermer toutes les routes. » De fait, dans l’après-midi et jusqu’en soirée, la route principale de Jbeil a été bloquée par des manifestants en colère réclamant la libération de William Noun et de ses compagnons.

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Ce n’est que vers 19h que les jeunes militants ont commencé à sortir l’un après l’autre. Les manifestants étaient en liesse, ils n’avaient pas attendu en vain. Ils scandaient des slogans de la thaoura et entonnaient des chants patriotiques.

Selon Roy Boukhary, un des militants libérés, « les questions des enquêteurs tournaient autour du choix de la personnalité visée, de la nature de notre groupe s’il y en a un… ». Il ajoute : « Nous leur avons expliqué que nous avons réagi aux victimes de l’explosion de Tleil au Akkar. Les enquêteurs ont établi que nous n’avions pas participé à des actes de vandalisme. »

Vers 20h, les derniers militants sont sortis, dont William Noun et Khodr Eido. Les jeunes et leurs avocats ont toutefois assuré que leurs actions politiques ne font que commencer.

Coup de théâtre hier dans l’affaire de l’assaut mené contre l’appartement du député Tarek Merhebi (courant du Futur, Akkar) par des militants en colère après l’explosion d’une cuve de carburants qui a coûté la vie à près de trente personnes dimanche, dans le Akkar. Le député, qui avait déposé une plainte personnelle contre les manifestants pour « vol et...

commentaires (1)

Quelle efficacité dites-moi de la part des forces de l’ordre. Ils arrivent à savoir qui a manifesté et vont vite et sur ordre de HN perquisitionner et procéder à des arrestations des libanais mécontents de leurs dirigeants pendant que les grands criminels ne sont pas inquiétés. Puis sur ordre toujours du même les relâchent pour les abandonner aux vindictes de ce dernier. C’est comme ça que fonctionne ce non état tenu par des pourris et gangrené de lâches.

Sissi zayyat

10 h 16, le 18 août 2021

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Commentaires (1)

  • Quelle efficacité dites-moi de la part des forces de l’ordre. Ils arrivent à savoir qui a manifesté et vont vite et sur ordre de HN perquisitionner et procéder à des arrestations des libanais mécontents de leurs dirigeants pendant que les grands criminels ne sont pas inquiétés. Puis sur ordre toujours du même les relâchent pour les abandonner aux vindictes de ce dernier. C’est comme ça que fonctionne ce non état tenu par des pourris et gangrené de lâches.

    Sissi zayyat

    10 h 16, le 18 août 2021

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