Le président libanais Michel Aoun a transmis samedi une lettre au Parlement à travers son président, Nabih Berry, dans laquelle il demande que la Chambre débatte de la situation socio-économique catastrophique qui s'est rapidement détériorée au cours des deux derniers jours après la décision de la Banque du Liban de lever les subventions sur les carburant, paralysant la plupart des secteurs du pays déjà en crise.
"Le chef de l'État a transmis une lettre au Parlement à travers son président dans laquelle il lui demande de débattre de la situation socio-économique survenue après la décision du gouverneur de la Banque du Liban d'arrêter les subventions des matières et denrées essentielles sans attendre la mise en place d'une carte d'approvisionnement, et les conséquences engendrées par cette décision, et ce afin de prendre la position ou les mesures nécessaires à ce sujet", indique la présidence de la République dans un communiqué. Dans sa lettre, le président Aoun a "expliqué la teneur des réunions qui ont eu lieu avec les ministres concernés et le gouverneur de la BDL, et celle qui s'était tenue jeudi au Grand Sérail et qui n'a pas abouti à des résultats conduisant à un arrêt progressif des subventions sur les carburants, les médicaments et les équipements médicaux désormais introuvables (...)". Le chef de l'État a enfin rappelé que le gouvernement n'a pas pu se réunir, "suite au refus de son chef de le convoquer". En effet, le Premier ministre sortant, Hassane Diab, a rejeté vendredi l'appel du chef de l'État à convoquer un Conseil des ministres, estimant que cela était contraire à la Constitution.
Un constitutionnaliste qui a requis l'anonymat explique à L'Orient-Le Jour que selon l'article 145 du règlement intérieur du Parlement, lorsque le président de la République adresse une lettre directement à la Chambre, son président doit convoquer les députés à une séance plénière dans un délai de trois jours. Après la lecture du message du chef de l'État, le président de la Chambre lèvera la séance pour 24 heures. La séance se poursuivra ensuite le lendemain pour discuter du message présidentiel et prendre la décision ou les mesures qui s'imposent. Toujours selon le même article, lorsque le message est adressé à la Chambre via son président, comme c'est le cas actuellement avec la missive de M. Aoun, le chef du Législatif doit convoquer une séance plénière dans un délai de trois jours pour discuter du message et prendre la décision ou les mesures qui s'imposent.
Depuis l'annonce par la BDL mercredi soir de la levée des subventions sur les carburants, une décision contestée par le gouvernement et le chef de l'État et qui devrait entraîner une hausse de plus de 300% des prix de l'essence et du mazout, la plupart des stations-service ont arrêté de vendre leurs stocks en attendant que les nouveaux prix soient fixés, tandis que des files interminables de centaines d'automobilistes se pressaient devant les quelques établissements encore ouverts. Le pays souffre également de pénuries de gaz et de mazout, ce qui a poussé de nombreux commerces et secteurs à tout simplement fermer leurs portes. Un accord entre la Banque du Liban et le ministère de l'Énergie a été conclu pour vendre les stocks restants de carburant importé au taux subventionné de 3.900 LL le dollar, et selon les prix en vigueur. Entre-temps, pour calmer la situation, l'armée a dû intervenir sur tout le territoire pour réguler la vente d'essence et contrôler les stations qui refusent de liquider leurs stocks. Dans plusieurs régions, des incidents se sont produits alors que des centaines d'automobilistes excédés attendaient de faire le plein.
La dernière lettre adressée par le président de la République au Parlement remonte à mai dernier. Elle portait sur l'impasse gouvernementale qui durait depuis plusieurs mois, en raison d'un bras de fer politique entre le Premier ministre désigné à l'époque, Saad Hariri, et Michel Aoun. La lettre du chef de l'État avait été lue puis la séance directement levée.
Le Liban se débat dans une crise inédite depuis deux ans déjà et demeure sans gouvernement depuis plus d'un an. Plus de la moitié de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté.
commentaires (14)
Il aurait dû demander depuis des annees au hezbollah, son cher allié , d’arreter la contrbande éhontée vers la Syrie. Mais le president fort est fort contre les chretiens et le sunnites seulement. Le mandat de la honte, la pire catastrophe pour le malheureux Liban!
Goraieb Nada
07 h 47, le 16 août 2021