La coordinatrice spéciale des Nations Unies au Liban, Joanna Wronecka, a informé jeudi le Conseil de sécurité de l'ONU de l'application de la résolution 1701 qui avait permis un arrêt des hostilités entre Israël et le Liban après la guerre de juillet 2006. Elle a profité de cette occasion pour rappeler aux leaders libanais que la responsabilité du sauvetage de pays gravement en crise était "entre leurs mains".
1701
Après la guerre meurtrière de juillet 2006, la résolution 1701 avait rétabli une cessation des hostilités entre Israël et le Liban. Dans son dernier rapport trimestriel sur l’application de la résolution 1701, le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, avait appelé les dirigeants libanais à former un gouvernement de réforme au plus tôt, les encourageant au respect du calendrier électoral de 2022, sachant que l'année prochaine, une présidentielle, des législatives et des municipales sont prévues.
Jeudi, Joanna Wronecka a exprimé l'espoir d'un "réel engagement envers l'application de la résolution 1701 dans son intégralité". Elle a "salué le rôle joué par l'armée libanaise dans la protection de la sécurité du pays et sa stabilité", mettant en avant "sa coopération avec la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (Finul)" et appelant à un "soutien continu" à ses contingents.
Hier également, l'ambassadrice du Liban auprès de l'ONU, Amal Moudallali, a été chargée par les autorités d'informer l'organisation internationale de "violations israéliennes persistantes" de la souveraineté libanaise, après des raids israéliens en Syrie, dans la nuit de mercredi à jeudi, qui ont provoqué la chute de débris dans plusieurs localités du Liban. Les autorités libanaises se prononcent régulièrement pour un renouvellement de la mission annuelle de la Finul, sans modification de son mandat, contrairement aux États-Unis et Israël qui souhaitent réduire les effectifs des Casques bleus et leur accorder de plus larges prérogatives, au grand dam du Hezbollah.
La responsabilité du sauvetage
Dans son rapport, Mme Wronecka a également mis en exergue "les multiples difficultés socio-économiques, financières et politiques qui s'accumulent et leur impact sur la population". Elle a réitéré l'appel de l'ONU à la "formation d'un gouvernement pleinement habilité qui puisse remettre le pays sur le chemin du redressement". "L'ONU fait ce qu'elle peut pour atténuer la situation, mais au final, la responsabilité du sauvetage est entre les mains des leaders libanais", a rappelé la diplomate, quelques jours après la récusation du Premier ministre désigné, Saad Hariri, en raison d'un profond conflit politique avec le chef de l'État Michel Aoun, autour de la formation du gouvernement qui se fait attendre depuis onze mois.
La communauté internationale dénonce la corruption et l'inaction de la classe au pouvoir et l'appelle à former un cabinet de toute urgence, capable de lancer de vraies réformes afin de pouvoir débloquer une aide financière internationale urgente.
Élections "libres et équitables"
La coordinatrice de l'ONU a aussi souligné dans son rapport que les discussions au sein du Conseil de sécurité jeudi "ont insisté sur l'importance de la tenue d'élections libres et équitables en 2022, dans le respect des délais constitutionnels, dans un signe de reddition de compte démocratique et afin de constituer une opportunité pour la population d'exprimer ses doléances et ses aspirations". Plusieurs observateurs et experts craignent un report des législatives, des municipales et de la présidentielle, alors que le pays se trouve dans une impasse politique.
Joanna Wronecka a en outre abordé la question de la double explosion meurtrière au port de Beyrouth, le 4 août 2020, qui avait tué plus de 200 personnes, blessés 6.500 autres, et ravagé de nombreux quartiers de la capitale, suite à une immense déflagration provoquée par un grand stock de nitrate d'ammonium mal stocké depuis des années. Dans son rapport, elle a appelé à une enquête "impartiale, rigoureuse et transparente". Les autorités libanaises ont rejeté toute enquête internationale dans ce drame. Entre-temps, l'enquête locale menée par le juge Tarek Bitar piétine depuis des mois.
Le magistrat a inculpé plusieurs hauts responsables politiques et sécuritaires, mais il fait désormais face à une levée de bouclier de la part de la classe au pouvoir, tout comme son prédécesseur, le juge Fadi Sawan, qui en avait fait les frais. "Les familles des victimes et des milliers de personnes dont les vies ont été bouleversées à jamais par cette terrible explosion attendent toujours. Elles méritent justice et dignité", a affirmé Mme Wronecka.
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Le sauvetage commence par écarter en bloc tous les responsables de la situation actuelle à commencer par le chef de l'Etat et du chef de gouvernement démissionnaire, et nombreux autres dirigeants.
Esber
19 h 10, le 23 juillet 2021