« Bien sûr que j’ai voté pour la thaoura ! Qui d’autre ? » L’euphorie règne dans le jardin du bâtiment de l’ordre des ingénieurs à Beyrouth, dans le quartier de Jnah, et pour cause, une nouvelle victoire pour la contestation populaire du 17 octobre 2019 a été marquée. En effet, le candidat de cette liste au poste de président de l’ordre, Aref Yassine, a remporté 5 798 voix sur 8615, soit près de 67 % des voix, à la suite d’une journée électorale mouvementée hier dimanche. La coalition baptisée L’Ordre se révolte, regroupant une liste hétérogène de partis politiques, allant du Parti communiste libanais aux Kataëb, en passant par Citoyens et citoyennes dans un État, le Bloc national et Beirut madinati, a réussi à faire élire tous ses 14 candidats lors du second tour des élections de l’ordre des ingénieurs et des architectes. Outre Aref Yassine, six membres de l’assemblée syndicale, un membre pour la présidence de chacun des premier, deuxième et septième départements de l’ordre, un membre du comité de gestion de la caisse des retraites et trois membres du comité supervisant cette caisse ont été élus haut la main. Le taux d’affluence, lui, était très élevé.
Deux autres listes étaient en compétition lors de ce scrutin : la liste de L’Ordre professionnel et national, soutenue ouvertement par le courant du Futur et le mouvement Amal, qui avait choisi pour candidat à la présidence du syndicat Bassem el-Oueini, et la liste L’Ordre, notre maison, officiellement indépendante, mais soutenue par le syndicat des entrepreneurs de travaux publics au Liban et le Parti syrien national social, et dirigée par Abdo Sukkarié. Seuls deux sièges ont été remportés par L’Ordre professionnel et national, ceux du sixième département et le deuxième membre du comité de gestion de la caisse des retraites, sachant que les partis d’opposition n’avaient pas présenté de candidats pour ces sièges-là.
Le Courant patriotique libre et le Hezbollah n’avaient quant à eux pas donné de consignes de vote à leurs adhérents. « Nous n’avons confiance ni en la société civile ni dans les autres partis », a fait savoir l’un de leurs représentants. Enfin, le parti des Forces libanaises s’était contenté de faire une sélection de 7 candidats, qu’il juge « compétents », dont 5 pour l’assemblée syndicale.
Diffamation
Ces très bons résultats du candidat de l’opposition sont d’autant plus surprenants que ce dernier affirme avoir été victime d’une campagne de diffamation de la part des partis traditionnels. En effet, certains médias avaient fait circuler des rumeurs affirmant que Aref Yassine était affilié et soutenu par le Hezbollah. « Les partis confessionnels sentaient qu’ils étaient en position de faiblesse et ont eu recours à leurs méthodes habituelles visant à exploiter l’identité confessionnelle et régionale de Aref Yassine contre lui », explique Omar Badr, membre de L’Ordre se révolte. « L’enjeu est d’autant plus grand pour l’establishment confessionnel qu’il existe une convention stipulant que la présidence de l’ordre doit être en rotation entre un chrétien et un musulman. Or, Aref Yassine a retiré son identité confessionnelle de ses papiers d’identité », ajoute-t-il. Même chez les Kataëb, qui tiennent une ligne intransigeante vis-à-vis du Hezbollah et qui soutiennent la coalition de L’Ordre se révolte, on ne croit pas une seconde aux rumeurs. « C’est juste une stratégie malhonnête de la classe politique afin de fragiliser l’alliance. Mais ça n’a pas marché et nous sommes à fond derrière tous les candidats de notre alliance », fait remarquer Serge Dagher, membre du bureau politique du parti.
Les partis du système reprochent également à la coalition gagnante son dégagisme. « Les candidats de L’Ordre se révolte capitalisent beaucoup sur leur affiliation à la thaoura ! Nous, nous aimons notre syndicat et voulons lui apporter quelque chose avec un programme solide », fait savoir un représentant du mouvement Amal du président de la Chambre Nabih Berry, qui soutient la liste de Bassem el-Oueini. Ce dernier, sous la tente du courant du Futur, jurait ne pas être le candidat de la classe politique. « Les gens votent pour moi parce que j’ai un parcours professionnel et un programme électoral, pas pour des raisons politiques », affirmait-il à L’Orient-Le Jour quelques heures avant les résultats. Et pourtant, malgré les critiques de ses adversaires, la coalition de L’Ordre se révolte a prouvé bel et bien qu’elle avait un programme : une véritable foule de volontaires distribuaient en masse des brochures portant les grandes lignes de ce programme. Au menu, des investissements productifs dans des mutuelles agricoles ou industrielles, la suspension des travaux nuisant à l’environnement et un rôle plus important dans la reconstruction de la capitale après la double explosion du 4 août 2020.
Cette victoire écrasante intervient trois semaines après le premier tour, où la liste de l’opposition proche de la contestation du 17 octobre 2019 avait réalisé un premier raz-de-marée dans le choix des délégués. L’Ordre se révolte avait alors raflé 220 sièges de délégués sur les 283 qui étaient à pourvoir, ainsi que 15 des 20 sièges de représentants des quatre sections d’ingénieurs civils, architectes, ingénieurs agronomes et ingénieurs du secteur public.
commentaires (7)
contrairement a ce que beaucoup[ de personnes pensent cad que les nouvelles elections rameneront les memes personnes je veux eclaircir un point LORS DES DERNIERES ELECTIONS 48% DES LIBANAIS ONT VOTE. BEAUCOUP DE LIBANAIS QUI EN ONT RAS LE BOL DE CES DIRIGEANTS ET NE DESCENDENT PAS DANS LA RUE AUJOURDH'UI COMME AUX PREMIERS JOURS DE L'INTIFADA IRONT VOTER CETTE FOIS CI ET SUREMENT PAS POUR LES MEMES. SI 65% DES LIBANAIS VOTENT CETTE FOIS CI LA CLASSE DIRIGEANTE SERA BALAYE ET C'EST ELLE QUI GARDERA 20 OU 30% DES SIEGES ET LES ACTUELS REVOLUTIONNAIRES GAGNERONT 80 A 70 % DES VOTES DONC GARDER VOUS BIEN DE TOUJOURS DIR EOU EST LA REVOLUTION, LES GENS NE SONT PAS DANS LA RUE. LA VERITE TOUTE CETTE CLASSE DIRIGEANTE CREVE DE PEUR DE PERDRE LA MAJORITE AUX ELECTIONS PROCHAINES ET VA CHERCHER PAR TOUS LES MOYENS A CE QU'ELLES N'EST PAS LIEU. C'EST LE SEUL DANGER AUQUEL LE PEUPLE DEVRA FAIRE FASSE D'ICI MAI PROCHAIN CAR C'EST LA SEULE FACON DE FAIRE PASSER EN JUSTICE TOUS CES CRIMINELS QUI ONT POUR DES RAISONS PERSONNELLES DIVERS AMENER LE PAYER A LA SITUATION OU IL EST AUJOURDH'UI OU SERA PIRE ENCORE DEMAIN
LA VERITE
17 h 06, le 19 juillet 2021