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Économie - Crise au Liban

La facture des générateurs privés va doubler : un million de L.L. pour cinq ampères

Les files d'attente en baisse devant les stations-service dont un plus grand nombre a rouvert après le déchargement de deux navires citernes.

La facture des générateurs privés va doubler : un million de L.L. pour cinq ampères

Vue sur la centrale de Zouk au Liban. Photo M.A.

Alors que les Libanais peinent déjà à s'acquitter de la facture des générateurs privés, en l'absence quasi totale de courant fourni par l'Etat, le président du rassemblement des propriétaires de générateurs privés au Liban, Abdo Saadé, a annoncé lundi que le tarif de l'abonnement à ces générateurs allait doubler et passer à un million de livres pour les 5 ampères, suite à la hausse du coût du mazout. Le mazout se vend désormais à 55.500 LL pour les 20 litres, contre moins de 30.000 LL le mois dernier, depuis que la Banque du Liban subventionne les carburants au taux de 3.900 LL pour un dollar, contre 1.507 LL auparavant.

Aussi, les 5 ampères seront désormais facturés à un million de livres par mois, soit 670 dollars au taux officiel, et 50 dollars au taux du marché parallèle qui tournait autour de 19.400 LL pour un dollar lundi matin. Un tarif inabordable pour une grande partie de la population qui risque alors d'être plongée dans le noir, en plein été, alors que le salaire mensuel minimum est tombé en-dessous de quarante dollars par mois et que la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté. Le tarif d'abonnement aux générateurs privés avait déjà doublé depuis le mois dernier.

"Et quelle sera la facture lorsque nous serons obligés d'acheter du mazout au prix du marché", a lancé M. Saadé lors d'un entretien avec la chaîne al-Hurra. "C'est de la destruction, c'est du suicide. Alors, il n'y aura plus d'électricité, ni pour les riches ni pour les pauvres !", a-t-il prédit. Les propriétaires de générateurs se plaignent en outre de ne pas trouver de mazout en raison de la pénurie.

Dans ce cadre, le président du syndicat des propriétaires d'hôpitaux privés, Sleimane Haroun, a mis en garde contre un "scénario de fin du monde", en cas d'épuisement des réserves de mazout nécessaires aux générateurs qui fournissent les établissements en courant. "Si l'électricité s'arrête, qu'adviendra-t-il des patients en soins intensifs ? De ceux sous respirateurs artificiels ? De ceux qui font des dialyses, des salles d'opération ? Imaginez ce scénario, un scénario de fin du monde", a-t-il dit lors d'un entretien avec la chaîne de télévision al-Hurra.

A Saïda, le président du rassemblement des propriétaires de générateurs privés, Ali Baouji, a averti de son côté que le stock de mazout pour les générateurs de la ville était épuisé et qu'ils allaient s'arrêter de fonctionner les uns après les autres, rapporte notre correspondant dans la région, Mountasser Abdallah. La plupart pourrait cesser de fonctionner d'ici 24 heures, a prévenu M. Baouji qui a appelé les responsables à intervenir pour éviter un black-out total dans la grande ville du Liban-Sud et ses environs alors que le fête de l'Adha tombe la semaine prochaine.

Le Liban est en proie ces derniers mois à des coupures d'électricité de plus en plus longues et fréquentes. Pour pallier le déficit chronique de production d'Électricité du Liban depuis des décennies, les particuliers et les entreprises ont été contraints de recourir à des groupes électrogènes privés qui facturent le kilowattheure (kWh) plus cher. Les propriétaires de générateurs, désormais principale source d’alimentation en courant des Libanais, y compris à Beyrouth, sont de plus en plus nombreux à rationner leur production pour économiser leur stock de mazout. Face à ce double rationnement, les Libanais vivent déjà depuis des semaines sans électricité du tout pendant plusieurs heures chaque jour. En fonction des régions, les black-out durent désormais entre 4 et 10 heures par jour.

Interdiction de stocker le carburant
Par contre, la pénurie d'essence semblait commencer à se résorber lundi. Devant les stations-service, dont un plus grand nombre a rouvert par rapport aux semaines précédentes, les files d'attente ont quelque peu diminué, selon des témoignages sur le terrain. Deux navires citernes qui attendaient le déblocage de crédits de la Banque du Liban ont en effet été déchargés, a annoncé le porte-parole du syndicat des propriétaires des stations-service, Georges Brax. "La BDL a donné des approbations préalables pour les navires qui accosteront dans les semaines à venir. Nous espérons que cette amélioration se poursuivra", a-t-il affirmé, dans des propos rapportés par l'Agence nationale d'information (Ani, officielle).

Des pénuries massives de carburant sévissent depuis plusieurs semaines, sur fond de difficultés d'approvisionnement faute d'ouvertures suffisantes de crédit par la Banque du Liban (BDL), et en raison de la contrebande vers la Syrie et du stockage de la part d'importateurs et des stations-service, spéculant sur la hausse des prix.

Pour protester contre les difficultés qu'ils rencontrent à s'approvisionner en essence, des chauffeurs de camion ont par ailleurs coupé la route à l'entrée-nord de la ville de Saïda (Liban-Sud), provoquant des embouteillages monstres, rapporte notre correspondant dans la région Mountasser Abdallah. "Nos camions n'ont pas de carburant, nous sommes sans travail. Arrêtez de monopoliser l'essence ou de la faire passer en contrebande pour que nos familles puissent vivre", a souligné un chauffeur, Mohamad Afara, à notre correspondant. La route a ensuite été rouverte par l'armée.

Dans ce contexte et alors que beaucoup de Libanais ont commencé à stocker des carburants chez eux, le ministre libanais sortant de l'Intérieur, Mohammad Fahmi, a annoncé lundi l'interdiction du stockage de carburants dans les bâtiments résidentiels, les magasins et les entrepôts à proximité des bâtiments résidentiels. "Il est interdit d'entreposer les matières hautement inflammables dans les bâtiments résidentiels, les magasins et les entrepôts à proximité des bâtiments résidentiels, que ce soit dans un but commercial ou de stockage, a indiqué le ministre dans un communiqué. Cela pourrait provoquer des incendies ou des incidents dangereux", a-t-il justifié. M. Fahmi a annoncé que les carburants stockés seraient saisis et il a demandé aux autorités locales de s'assurer de la mise en œuvre et du respect de cette mesure.

Alors que les Libanais peinent déjà à s'acquitter de la facture des générateurs privés, en l'absence quasi totale de courant fourni par l'Etat, le président du rassemblement des propriétaires de générateurs privés au Liban, Abdo Saadé, a annoncé lundi que le tarif de l'abonnement à ces générateurs allait doubler et passer à un million de livres pour les 5 ampères, suite à la...

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Une réalisation de plus à l’actif du régime fort

Lecteur excédé par la censure

15 h 36, le 12 juillet 2021

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Commentaires (3)

  • Une réalisation de plus à l’actif du régime fort

    Lecteur excédé par la censure

    15 h 36, le 12 juillet 2021

  • "le président du rassemblement des propriétaires de générateurs privés au Liban, Abdo Saadé, a annoncé lundi que le tarif de l'abonnement aux générateurs allait doubler et passer à un million de livres pour les 5 ampères, suite à la hausse du coût du mazout." Que sont devenus les compteurs, installés à grand renfort de couverture médiatique, Monsieur le ministre de l'Economie?? Je vais vous le dire: ayant pris un abonnement pour 15 ampères l'année passée, avec installation d'un compteur, quelle ne fut ma surprise de trouver un disjoncteur de 10 A de mauvaise qualité installé à sa place. Résultat: on ne pouvait plus brancher un climatiseur avec la machine à laver...Le propriétaire du générateur m'a fait savoir que si je voulais reprendre l'abonnement de 15 A, il fallait oublier le compteur et reprendre l'abonnement forfaitaire..."ma betwaffé ma3o" avec le compteur...Eh oui, vive la moumana3a, vive l'axe de la "résistance", et vive le "courant fort"!

    Georges MELKI

    14 h 25, le 12 juillet 2021

  • "Contrebande vers la Syrie", ils roulent bien sur des routes ces contrebandiers, que fait notre glorieuse armée?

    Christine KHALIL

    13 h 53, le 12 juillet 2021

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