Le Conseil supérieur de défense, réuni mardi au palais de Baabda, a appelé les forces de sécurité et l'armée à "se tenir prêtes" pour éviter tout débordement sécuritaire sur le territoire libanais, alors que le pays est secoué depuis plusieurs jours par des manifestations contre l'effondrement général et ses répercussions sur tous les secteurs.
La crise est marquée par la chute de la livre libanaise, qui s'échangeait ce matin aux alentours de 17.000 LL pour un dollar, et par des pénuries d'essence, de médicaments et de matériel médical, ainsi que par des coupures d'électricité n'épargnant ni les hôpitaux, ni les administrations... Sur le terrain, la grogne des citoyens monte et s'exprime dans la rue. Ces derniers jours, les artères du pays ont été coupées par des protestataires et plusieurs manifestations ont été émaillées d'incidents, notamment à Beyrouth, Saïda et Tripoli.
Dans cette perspective, les forces de sécurité et l'armée ont été appelées lors du Conseil de défense à "se tenir prêtes pour empêcher les fauteurs de troubles de déstabiliser la situation sécuritaire", selon un communiqué. Cet appel concerne surtout "les fermetures de routes et les attaques contre les propriétés publiques et privées".
Les ministres sortants de la Défense, Zeina Acar, de l'Intérieur, Mohammad Fahmi, et des Finances, Ghazi Wazni, ont par ailleurs été chargés de "coopérer" pour "trouver des mécanismes de soutien" aux forces armées du pays. Ces institutions sont frappées de plein fouet par la crise et le pouvoir d'achat de leurs agents et militaires a chuté. Ces derniers mois, l'armée était dans ce cadre nourrie grâce à des dons de colis alimentaires envoyés par différents pays.
Affluence à l'AIB
Concernant par ailleurs l'affluence de voyageurs à l'aéroport de Beyrouth en cette période estivale, le Conseil de défense a demandé aux ministres des Transports, Michel Najjar, et de la Santé, Hamad Hassan, de prendre des dispositions pour "accélérer et faciliter" la procédure de tests de dépistage. Tous les passagers atterrissant à l'AIB doivent en effet passer un test PCR, ce qui occasionne, dans le cas d'arrivées simultanées de plusieurs avions, de longues files d'attente dans lesquelles la distanciation sociale de rigueur pour lutter contre le coronavirus n'est pas respectée. Le ministère des Transports et la direction générale de l'Aviation civile ont en outre été chargés de "prendre des mesures pour faciliter le plus rapidement possible" le flux des voyageurs à l'AIB. Lundi, l'Aviation civile avait annoncé des mesures notamment au niveau du contrôle des valises à l'arrivée, afin d'éviter de trop longues attentes. Cette administration a encore été appelée par le Conseil à prendre des mesures pour couper court aux "incidents" survenant entre des passagers et des employés de l'aéroport.
Le Conseil supérieur de défense a par ailleurs évoqué la question de la sécurité des réservoirs de pétrole situés le long de la côte libanaise. Un délai d'un mois a été accordé au ministre sortant de l'Energie, Raymond Ghajar, pour évaluer si ces infrastructures respectent les normes et conditions internationales de sécurité et demander aux entreprises les exploitant de résoudre tout problème éventuel qui serait repéré.
Eviter "le chaos et les émeutes"
Au début de la réunion, le président Michel Aoun a exhorté les Libanais à exprimer leur ras-le-bol face aux pénuries et à la chute de leur pouvoir d'achat, sans toutefois avoir recours "au chaos ou aux émeutes", appelant encore les forces de sécurité à ne pas faire preuve d'"indulgence" face aux débordements des manifestations et sit-in organisés sur l'ensemble du territoire. "Ce qui s'est passé ces derniers jours devant les stations-service est inacceptable. Nous refusons coûte que coûte l'humiliation des citoyens. Tous les responsables concernés doivent œuvrer pour empêcher la récurrence de ces pratiques", a demandé le chef de l'Etat, indiquant que la nouvelle tarification des carburants actée ce matin, en hausse de 30%, devrait "atténuer la crise". "Les blocages de routes affectent douloureusement les citoyens, qui souffrent déjà des conditions financières et économiques difficiles", a-t-il affirmé.
Le Premier ministre sortant, Hassane Diab, a renchéri dans le même sens. "Il y a une différence entre manifester son opposition et s'attaquer aux gens, à leurs biens et à leurs moyens de subsistance. Bloquer les routes ne permet pas aux gens d'exprimer leur avis. Le chaos, les accidents de voiture et les agressions contre l'armée ne permettent pas non plus d'exprimer une opinion", a-t-il souligné. "Je comprends les pressions auxquelles vous faites face en cette période difficile. Je comprends la situation des militaires, à qui l'on demande d'affronter ceux qui s'opposent à (la détérioration des) conditions économiques et sociales", a-t-il toutefois concédé, en s'adressant aux Libanais.
Hassane Diab et la majorité des ministres de son cabinet sortant étaient présents à ce Conseil de défense, aux côtés des responsables sécuritaires. Les détracteurs du chef de l'Etat l'accusent de convoquer ces réunions en lieu et place d'un Conseil des ministres en l'absence d'un gouvernement effectif.
Le Liban est en effet sans cabinet depuis plus de dix mois après la démission de celui de Hassane Diab dans la foulée des explosions meurtrières au port de Beyrouth, en août 2020. Aucun gouvernement de sauvetage du pays en crise n'a jusqu'à présent pu émerger à cause de querelles politiciennes incessantes, opposant notamment le camp du chef de l'Etat, et celui du Premier ministre désigné, Saad Hariri, sur la forme du cabinet et la nomination des ministres chrétiens.
commentaires (16)
Si débordement il y aura ce sera à cause des infiltrés dépêchés par le HB et Amal pour en découdre et ceux là personne ne les arrêterait ni ne les traduirait devant un tribunal car il y a eu de précédents et on a vu les FSI et l’armée faire. On arrête les vrais rebelles pacifiques et non armés assis par terre pour protester, tirés par les cheveux et traîner comme des criminels devant le tribunal militaire et on laisse les voyous armés de bâtons de pierre et de fusils agir en tabassant femmes et personnes âgées en prétextant ne pas les voir ou pire en déclarant qu’ils sont là pour les protéger. Si un débordement aura lieu aujourd’hui personne ne pourra le circonscrire, les gens sont humiliés, ont faim et sont pris en otages alors aucune force ne pourra les arrêter pas même les armes de HB. Il n’y aura qu’un gagnant, LE PEUPLE. Si l’armée veut récupérer la confiance des citoyens il va falloir le montrer lors des prochaines mobilisations du peuple en assurant en premier lieu leur sécurité et en les laissant s’exprimer sans que des voyous puissent les atteindre pour les en empêcher.
Sissi zayyat
11 h 28, le 30 juin 2021