
Des protestataires ont coupé hier la route, à la place des Martyrs, à l’aide de pneus enflammés. Photo João Sousa
Au lendemain d’un week-end marqué par de multiples mouvements de protestation à travers le Liban et certains dérapages violents, la colère a continué de gronder hier. Dès lundi matin et jusque tard en soirée, des protestataires, excédés par la détérioration continue des conditions de vie, marquée notamment par les coupures dantesques de courant électrique, la pénurie et le rationnement de l’essence depuis des semaines et la chute vertigineuse, depuis des mois, de la livre par rapport au dollar, se sont mobilisés sur l’ensemble du territoire, bloquant plusieurs axes routiers dans la capitale, mais aussi dans différentes régions du Metn, du Nord, du Sud, de la Békaa et de Baalbeck. Des routes ont notamment été coupées par des automobilistes à cran, tandis que ce lundi, les files d’attente s’étiraient à perte de vue devant les rares stations-service ouvertes.
À la rue de Hamra, une vingtaine de déposants affiliés à l’ONG Banin Charity Association ont en outre pris d’assaut le siège de la Banque libano-suisse afin de faire pression sur ses employés pour que soient effectués des transferts vers l’étranger depuis leurs comptes. Ceux-ci devaient permettre de couvrir des frais de procédures médicales de patients se trouvant actuellement à l’étranger. Un porte-parole des Forces de sécurité intérieure (FSI) a confirmé que les membres d’une ONG locale avaient pris d’assaut la banque en réclamant 200 000 dollars en espèces, et qu’un accord avait été trouvé.
De son côté, la Libano-Suisse a précisé, dans un communiqué, que « cent hommes liés à cette ONG ont occupé » le siège de la banque et ont « agressé les employés en les frappant ». Elle a précisé que trois d’entre eux ont été blessés, dont un qui a dû être hospitalisé. Dans un communiqué, l’Association des banques du Liban a condamné cet incident et annoncé, en solidarité avec la Libano-Suisse, que toutes les banques fermeraient leurs portes aujourd’hui. Quant à la Libano-Suisse, elle restera fermée « jusqu’à ce que ses employés puissent reprendre leur travail de manière sécurisée ».
Réunion du Conseil supérieur de défense
Dans ce contexte, le chef de l’État, Michel Aoun, a convoqué le Conseil supérieur de défense à une réunion qui se tiendra aujourd’hui, à 13 heures, au palais de Baabda, pour discuter de la situation sécuritaire et des derniers développements sur le terrain. Quelques heures plus tôt, le ministre sortant de l’Intérieur, Mohammad Fahmi, avait confié « craindre le pire (…) parce que les gens peuvent tout supporter sauf de voir leurs enfants affamés ». « Tant que la situation ne changera pas, le chaos va s’accroître, mais il ne se transformera pas en chaos total », avait-il ajouté dans une interview au quotidien panarabe al-Chark al-Awsat.
La crise n’épargne pas les institutions de l’État dont plusieurs ont été contraintes de suspendre hier leurs services, ces derniers jours, en raison des coupures d’électricité. Hier, c’était au tour du centre de la Sûreté générale à Sodeco, où les formalités ont été arrêtées en raison d’une panne de courant causée par un dysfonctionnement des générateurs. Les systèmes informatiques du ministère des Finances ont également été suspendus, ce qui a entraîné l’arrêt provisoire des opérations de paiement au Palais de justice à Beyrouth.
« Nous sommes en enfer »
Plus inquiétant reste toutefois le cri d’alarme lancé par le directeur de l’hôpital universitaire Rafic Hariri, Firas Abiad. « La situation du courant est inacceptable pour l’hôpital, a-t-il déploré sur son compte Twitter. Un arrêt de 21 heures par jour. On ne trouve pas de fioul, et si on en trouve, on n’a pas de liquidités. Les patients ne peuvent pas couvrir la différence. Nous avons pris la décision de couper la climatisation, sauf dans les services médicaux, malgré la canicule. Pas besoin d’avoir recours à l’imagination, nous sommes vraiment en enfer. »
Face à l’aggravation de la crise financière et économique, et alors que la nouvelle tarification de l’essence doit être annoncée aujourd’hui, les syndicats des transporteurs routiers ont appelé à une grève le 7 juillet pour protester contre l’envol des prix. De leur côté, les fonctionnaires ont appelé à une nouvelle grève du 30 juin au 9 juillet pour protester contre l’effondrement de leurs salaires.
Au lendemain d’un week-end marqué par de multiples mouvements de protestation à travers le Liban et certains dérapages violents, la colère a continué de gronder hier. Dès lundi matin et jusque tard en soirée, des protestataires, excédés par la détérioration continue des conditions de vie, marquée notamment par les coupures dantesques de courant électrique, la pénurie et le...
commentaires (4)
Greve de Solidarité des Banques …! Apres l’Incident Oh que Scandaleux et Indigne de la part de Déposants en quête urgente de leurs fonds …? Du Jamais Vu ..! La triste Farce et Arnaque d’Association de Malfaiteurs continue avec la complicité tacite de l’Etat et l’Inertie déconcertante des Déposants !
Cadige William
10 h 06, le 29 juin 2021