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Nos Lecteurs ont la Parole

Quel avenir possible pour le Liban ?

La révolution du 17 octobre 2019 fut une des étapes de l’histoire du Liban comme celle de Tanios Chahine et des révolutions qui la précédèrent et la succédèrent. Toutes les révolutions passent par des étapes :

Premièrement : elles émanent de la souffrance, de l’anxiété et du manque de confiance dans le futur. La situation du peuple ne correspond plus à ses espoirs et la réalité ne répond plus à ses souhaits. Le changement devient de plus en plus urgent. Il y a une colère mêlée de provocation. Ce fut la situation au Liban après 1970.

Deuxièmement : l’explosion résultant des circonstances entremêlées. Les chaînes sont brisées et le système de pouvoir commence à vaciller sans pour autant s’effondrer. C’est ce qui s’est passé le 17 octobre au Liban.

Troisièmement : la révolution où l’ancien est remplacé par le nouveau et où le représentant de la révolution présente les fondements d’un nouveau système. L’explosion a eu lieu au Liban mais n’a pas eu l’effet souhaité car il n’y avait pas une vision politique et sociale claire.

Tout au long de l’histoire, deux camps étaient toujours présents dans chaque société : d’une part, les jeunes qui sont éduqués, qualifiés et déterminés et, d’autre part, les forces armées qui gardent la souveraineté de l’État et la légitimité provenant d’une « vraie Constitution ». À l’évidence, ces deux camps ne sont pas les seuls dans une société du fait que d’autres forces, classes et générations y sont encore présentes et restent en état d’alerte. Mais la voix du dialogue entre la jeune génération montante et ambitieuse et les forces armées en charge est celle qui est entendue. Toutefois, au Liban, des forces étrangères commencent à émerger sur la scène vu les intérêts vitaux qu’elles ont.

Le problème réside dans le ralliement de la jeune génération à un tel régime et à son incapacité, engendrant ainsi une incapacité chez les jeunes à comprendre et à réagir, tout en usant de l’intimidation. Ces jeunes ont un pouvoir absolu entre leurs mains mais ont des lacunes dans leurs idées et, par conséquent, ils manquent de perspicacité. Il est difficile de qualifier cela de « système » car c’est en fait une « oligarchie », une alliance entre l’argent et le pouvoir des armes, celles de la répression en matière de sûreté. Cette oligarchie n’a rien compris et n’a pas pu remarquer le changement qui s’opère au sein d’une société qui est devenue plus forte que toute répression. D’où l’explosion.

Toutes les issues ont été bloquées devant le système ; elles ne sont désormais que des arrangements transitoires visant à rédiger une nouvelle Constitution.

L’illusion portant sur la succession héréditaire a toujours été, et reste encore, la force directrice. Gebran Bassil succède à Aoun, comme le fils de Hosni Moubarak se préparait à succéder à son père et comme Bachar el-Assad a succédé à son père.

Ce système, même sa présidence, a vacillé et la révolution a dû faire face au coronavirus. Ce vacillement a été affaibli en brisant les barrières et les chaînes.

Nous posons la question qui ne cesse d’être répétée : Que voulons-nous ?

Le peuple veut le renversement du système représenté par le président de la République. En réalité, il n’y a plus d’État car il n’y avait pas de système mais juste une multitude d’autorités !

Cette présidence est déjà arrivée à son terme que Michel Aoun démissionne ou pas, car elle a tout simplement perdu le peu de légitimité qui lui restait. Cette dernière a ses caractéristiques :

a) Consentement et approbation volontaire de la part de la population, ce qui n’est plus le cas ;

b) Statut et révérence, ce qui n’est plus le cas, car ces derniers ont perdu leur importance aux yeux des Libanais et des étrangers.

c) Des lois impératives, ce qui n’est plus le cas, car les responsables n’ont plus le pouvoir de guider les gens afin qu’ils les obéissent ou obéissent aux lois qu’ils promulguent.

Personne n’a plus le pouvoir de discuter avec la communauté arabe ou la communauté internationale et être pris au sérieux. C’est le gendre qui négocie au Liban ainsi qu’à l’étranger et c’est un gendre qui a été la cible de sanctions qui lui ont été imposées, l’isolant du monde entier. Lorsque le cabinet des conseillers présidentiels a indiqué que Aoun prononcera un discours, j’ai pensé :

1- qu’il démissionnerait...

a) après la formation du gouvernement ;

b) et après la signature du décret des nominations judiciaires qui est en suspens chez lui depuis deux ans.

2- qu’il déclarerait ne pas nominer son gendre ;

3- qu’il prendrait une décision relative à sa renonciation au pouvoir et à la condamnation des personnes responsables de l’explosion au port de Beyrouth et de ceux qui ont volé les fonds publics ;

4- qu’il annoncerait la dissolution du Parlement et appellerait à des élections législatives anticipées.

Mais il resta muet !

La bataille à laquelle Michel Aoun se livre maintenant est celle de la reprise du pouvoir après l’avoir cédé il y a quelques années à son gendre Gebran Bassil, ce pouvoir qui a été considéré comme une propriété privée. Michel Aoun a laissé la direction de l’État à son gendre alors que lui, il se reposait du fait de son âge avancé. Il a dû imaginer que son gendre transformerait cette nation dans un état de désordre total en une nation d’ordre tout simplement en demandant l’assistance de conseillers : une nation ne peut être transformée en une propriété privée et le peuple ne peut être transformé en des travailleurs et des employés au service des conseillers. Nous sommes en présence d’un peuple, d’hommes, de jeunes et d’une armée, une armée formée par ces mêmes hommes et ces jeunes. Un dialogue est en cours entre les deux parties et ce qu’il faut réaliser, c’est qu’une page est en train d’être tournée ! Si Michel Aoun choisit de rester muet alors que le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah prend la décision d’importer l’essence et le mazout d’Iran, il sera tenu responsable devant l’histoire ! Si Michel Aoun était incapable d’apporter quelque chose de bénéfique pour le Liban quand il avait 50 ans, comment lui serait-il possible de sauver le pays à 85 ans ? Le « père de tous » ne doit pas placer l’armée face au peuple afin d’éviter que le Liban ne prenne un tournant vers le pire et avec lui, toute la région ! Mais l’armée est-elle une partie de ce système ? Sûrement pas. L’armée fait partie de l’État mais non de la classe dirigeante ou du système, car cette méthode de gouvernement n’a plus de futur du point de vue politique ! Elle n’a plus aucune valeur ! Elle s’est éteinte le 17 octobre du point de vue historique et a été totalement paralysée par le Hezbollah du point de vue politique. La diminution du nombre des jeunes manifestants dans les places publiques reflète le niveau de tolérance aux défis qui sont bien nombreux : des banques et des usines qui ont fermé leurs portes, un pourcentage de pauvreté atteignant les 75 %, un taux de chômage dépassant les 50 %, une dévalorisation des salaires et une pénurie alimentaire. Par son entêtement et son nonchalance, le système pousse le pays vers une situation qui peut dégénérer vers le pire, vers un chaos destructif. Si nous observons l’état de la rage refoulée, nous réaliserons que cette dernière peut se transformer en une rancune qui sèmera le chaos partout ! Ces temps difficiles requièrent des hommes comme Fouad Chéhab, Raymond Eddé, Bachir Gemayel, Saëb Salam, etc.

Plusieurs juristes ont réalisé une étude sur les violations de la Constitution par Michel Aoun ainsi que sur la haute trahison qu’il a commise conformément au texte de la Constitution. Nous sommes sur le chemin menant à ce procès au terme duquel une nouvelle ère commencera au Liban, une ère où nous apprendrons que tout acte a des conséquences !

Cent ans sont passés sans que personne ne soit tenu responsable de ses propres actes. Il est temps maintenant de tenir tous les politiciens et les corrompus responsables de leurs actes !

Abdel Hamid EL-AHDAB

Avocat

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

La révolution du 17 octobre 2019 fut une des étapes de l’histoire du Liban comme celle de Tanios Chahine et des révolutions qui la précédèrent et la succédèrent. Toutes les révolutions passent par des étapes : Premièrement : elles émanent de la souffrance, de l’anxiété et du manque de confiance dans le futur. La situation du peuple ne correspond plus à ses...

commentaires (1)

..."""Ces temps difficiles requièrent des hommes comme Fouad Chéhab, Raymond Eddé, Bachir Gemayel, Saëb Salam, etc...""" OUI MAIS , je releve que m. a h Ahdab n'a aucun nom a citer comme capables d'agir comme ces personnages cites plus haut !

Gaby SIOUFI

11 h 26, le 29 juin 2021

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Commentaires (1)

  • ..."""Ces temps difficiles requièrent des hommes comme Fouad Chéhab, Raymond Eddé, Bachir Gemayel, Saëb Salam, etc...""" OUI MAIS , je releve que m. a h Ahdab n'a aucun nom a citer comme capables d'agir comme ces personnages cites plus haut !

    Gaby SIOUFI

    11 h 26, le 29 juin 2021

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