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Lifestyle - Mode

Salim Cherfane conjure « la malédiction de l’Est »

Salim Cherfane conjure « la malédiction de l’Est »

« La malédiction de l’Est », la nouvelle collection Jeux de mains de Salim Cherfane. Photo DR

En voici un dont on attend les collections avec une gourmandise enfantine, rien que pour son rare talent à parler à l’enfant en chacun. L’explosion de Beyrouth l’a propulsé au Caire. Son inspiration se nourrit désormais au chaos de cette ville. Salim Cherfane vient de lancer une ligne qui défie les saisons et conjure l’obsession esthétique occidentale qui, selon lui, tend à éclipser l’imaginaire oriental. « La malédiction de l’Est » pourrait être le titre d’une de ces comédies musicales qui enchantent les enfants à la période des fêtes. Rien de plus potache que de hurler de fausse peur et de rire en faisant semblant de trembler ! C’est cette même gaieté naïve qu’on retrouve dans cette ligne tout en couleur dont Cherfane nous confie, nostalgique, qu’elle puise sa palette aux paysages du Liban. Directeur artistique et designer graphique, Salim Cherfane est venu à la mode comme on cède à une tentation impérieuse. Repéré par Starch, l’incubateur de talents cofondé par Rabih Kayrouz et Tala Hajjar, il crée sous sa marque « Jeux de mains » des vestiaires ludiques qui ne passent jamais inaperçus. Dans les rues de Beyrouth, on ne pouvait d’ailleurs pas rater sa haute silhouette dont il s’amusait lui-même, ses cheveux teints en bleu suggérant qu’il avait accroché par mégarde un morceau de ciel. En 2019, alors qu’il poursuit son petit bonhomme de chemin, n’écoutant que les couleurs qui se bousculent dans sa tête et les assemblages improbables, pareils à des cadavres exquis, dont il nourrit une mode vestimentaire qui ne ressemble à rien de familier, arrive un jour de chance. Il reçoit un appel de la styliste de Beyoncé, rien que ça, qui lui commande une tenue pour la star de la pop. Que se passe-t-il ensuite ? Modeste, Cherfane confie sobrement : « Jeux de mains s’est développé et a obtenu une reconnaissance sur le marché international, de nombreuses portes se sont ouvertes, et j’ai pu poursuivre mon parcours créatif. »

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Entre révolution et explosion, ce parcours créatif s’était trouvé interrompu. Cherfane se morfondait et ses mains oubliaient de jouer. Mais sa bonne étoile n’est jamais loin : « Aux innocents les mains pleines », dit l’adage. Un ami lui propose de rejoindre le projet d’une université allemande au Caire qui recherche un enseignant en design de mode. Il pourra aussi y poursuivre sa collaboration avec le magazine Vice Arabia et la production de sa marque, Jeux de mains. Il tombe amoureux de cette ville, de sa spontanéité, sa « fraîcheur » et son mystère. Il adore « son absence de bon sens, son côté multicouche. Le Caire est comme une scène à 360 degrés dans un film où des millions d’histoires se déroulent en même temps ».

« La malédiction de l’Est », la nouvelle collection Jeux de mains de Salim Cherfane. Photo DR

Le Caire influence indéniablement cette nouvelle collection au titre de conte de fées ou de sorcières. « J’ai décidé d’arrêter de faire des collections saisonnières, ce sont plutôt des histoires avec des messages forts, sur l’époque où nous vivons, à travers des vêtements qui continuent à parler en nous à l’enfant à l’intérieur, et qui continuent à inviter au jeu et à la célébration de la vie. C’est simple au niveau des coupes, mais très coloré. Ça s’appelle “La malédiction de l’Est” parce que je veux briser cette malédiction, défier cette tendance que nous avons, dans notre région du monde, à chercher constamment notre inspiration à l’extérieur, en particulier en Occident. Elle se plie aussi à la magie et aux couleurs de Beyrouth et du Liban, qui persistent malgré l’horreur de l’explosion de 2020 et de la crise économique. Elle célèbre la magie de la terre d’où nous venons », affirme ce grand rêveur qui refuse de grandir, et c’est très bien ainsi.

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