Je vis dans un pays où des seigneurs de guerre sont au pouvoir. Où les corrompus ont des airs d’aristocrates. Où les poubelles ont remplacé les fleurs. Où l’électricité joue à cache-cache. Où l’eau potable n’est pas assez potable pour s’enivrer avec. Où l’essence se fait désirer. Où une monnaie étrangère rythme le quotidien. Où la culture n’accompagne plus l’éducation. Où le présent n’a rien appris du passé. Où le voyou est respecté et l’honnête homme tué. Où la politique flirte avec la religion. Je vis dans un pays d’après-guerre où tout a été détruit et rien n’a jamais été construit.
Mais je vis également dans un pays où la générosité est monnaie courante. Où le sacrifice n’est pas juste une parole. Où la famille est le pilier de la société. Où la montagne veille sur la mer. Où le soleil réchauffe les cœurs solitaires. Où les plats ont un goût d’histoire. Où les sourires ne se font pas timides. Où l’entraide n’est pas quelque chose de rare. Où les passants ont un regard bienveillant.
Je vis au Liban, ce pays dont la beauté n’a d’égale que sa souffrance.
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commentaires (4)
Je l'ai lu et relu, et ne cesse d'être touché par ces belles paroles, qui nous donnent le courage et l'envie de continuer à dire: Je vis au Liban. Merci Nada
RAPHAEL Charbel
10 h 46, le 08 juillet 2021