
Le chef du CPL, Gebran Bassil, lors d'un entretien avec Reuters au siège de son parti, à Sin-el-Fil, le 7 juillet 2020. Photo REUTERS/Mohamed Azakir/File Photo
Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a exhorté dimanche le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, à arbitrer le conflit opposant le camp de la présidence de la République au tandem formé par le Premier ministre désigné Saad Hariri et le président de la Chambre, Nabih Berry, autour de la formation du gouvernement. Un cabinet qui se fait attendre depuis plus de dix mois, alors que le pays poursuit sa descente aux enfers, frappé par une crise économique inédite.
"Aujourd'hui, je veux avoir recours à un ami, Hassan Nasrallah", a lancé dans un discours M. Bassil, plus que jamais à couteaux tirés avec le chef du législatif. Ce dernier, très impliqué dans les tractations gouvernementales, a clairement soutenu la semaine dernière Saad Hariri face au duo Aoun-Bassil. "Je veux que Hassan Nasrallah soit l'arbitre (du conflit gouvernemental) parce que j'ai confiance en lui. Je lui confie la question des droits des chrétiens. Je suis convaincu que vous vous attachez à ce qui est juste", a-t-il souligné. Le chef du CPL s'est encore adressé au dignitaire chiite en ces termes : "Moi, Gebran Bassil, sans vouloir vous faire assumer un fardeau quelconque, j'accepte ce que vous acceptez pour vous-même". C'est la première fois que le leader aouniste s'adresse directement au chef du Hezbollah au sujet du gouvernement, en dépit des rapports en dents de scie entre le parti chiite et le CPL sur plusieurs dossiers, notamment la lutte contre la corruption.
Les droits des chrétiens
La question du "droit des chrétiens" est régulièrement brandie par Gebran Bassil et sa formation politique pour justifier leurs prises de position. "La bataille (pour recouvrer les droits des chrétiens) est existentielle", a-t-il tonné, accusant les détracteurs de Baabda de vouloir anéantir l'équation du "président fort". "Vous ne pourrez pas obtenir, par la pression, ce que vous n'avez pas pu nous arracher depuis 2005", date du retour de Michel Aoun à Beyrouth après quinze ans passés à Paris, a déclaré le chef du CPL à l'adresse de Nabih Berry et Saad Hariri. Dans le contexte de cette "bataille" pour les droits chrétiens, M. Bassil a reproché à son principal adversaire sur la scène chrétienne, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, de ne pas mener cette lutte à ses côtés. "Pensez-vous qu'en observant le silence, vous cachez votre crime ?", l'a-t-il pris à partie.
Dans un communiqué, les Forces libanaises ont réagi aux propos de Gebran Bassil. "Est-il permis que le chef du plus grand groupe parlementaire chrétien et du parti qui détient la présidence fasse de Hassan Nasrallah l'arbitre de la formation du gouvernement ? Entre la Constitution et les armes, qui devrait être l'arbitre ?", a écrit le parti de Samir Geagea. Selon lui, le président et son camp devraient s'en remettre à l'État, ses institutions et à la Constitution au lieu de compter sur "une partie ou une autre pour intimider d'autres parties. Le communiqué ajoute que, sans "les intimidations des armes du Hezbollah et du régime syrien, le Liban ne serait pas dans la situation actuelle" de crise. "Quel chrétien pourrait accepter que Hassan Nasrallah ou quelqu'un d'autre soit le garant de ses droits", ont ajouté les FL, qui ont estimé que ces droits devraient uniquement être protégés par "l'État, la Constitution, la loi, la justice et les institutions". Le parti chrétien a enfin reproché à Gebran Bassil de vouloir "couvrir" les armes du parti chiite en échange de la protection par le Hezbollah "de la corruption, des intérêts et des marchés douteux" du camp aouniste. "Si M. Bassil veillait à protéger les droits des chrétiens et des Libanais, le cabinet aurait été formé en 48 heures. Mais tout ce à quoi il s'intéresse, c'est de protéger ses intérêts et ses acquis, alors que les chrétiens et tout le peuple libanais meurent de faim et d'humiliation", ont dénoncé les FL.
Le discours de Gebran Bassil a été prononcé dans un contexte politique tendu, marqué par le bras de fer opposant Baabda à Aïn el-Tiné et la Maison du Centre, sur fond de tractations gouvernementales qui s'éternisent. En début de semaine, une nouvelle "guerre de communiqués" avait éclaté entre la présidence et le chef du législatif, autour des prérogatives du chef de l'Etat dans la formation du cabinet. Face à Michel Aoun qui insiste pour avoir son mot à dire dans la nomination des ministrables chrétiens, Nabih Berry avait rappelé au chef de l'Etat les "limites de ses prérogatives" en matière de formation du gouvernement.
Non au partage par tiers
Le député de Batroun a dès lors décoché ses flèches en direction de l'initiative lancée par Nabih Berry pour faciliter la formation du cabinet. Concocté par le chef du législatif et le leader druze, Walid Joumblatt, ce projet préconise la formation d'une équipe de 24 ministres-à raison de huit ministres pour chacun des trois grands camps politiques, sans tiers de blocage. Il a déconstruit cette initiative Berry, la réduisant à une simple médiation. "Hassan Nasrallah a eu recours à un ami, le président de la Chambre, Nabih Berry, pour aider à débloquer la crise. Mais pour moi, il n'y a pas d'initiative Berry. Il n'y a qu'une tentative de médiation", a-t-il indiqué, déplorant de ne pas avoir connaissance des "éléments de cette initiative". Et de poursuivre : "Nous remercions ces efforts quand ils sont justes et équilibrés. Mais ils deviennent inacceptables lorsque le médiateur intègre se range dans un camp bien déterminé, comme cela a été le cas ces derniers jours".
Décortiquant les détails du projet de Nabih Berry, Gebran Bassil a expliqué : "Quelle réaction attendez-vous de notre part quand vous formulez des mensonges concernant (le maintien de) la parité islamo-chrétienne, alors que vous revenez en fait au partage par tiers (entre chrétiens, sunnites et chiites) par une formule de trois huit", s'est il interrogé. "La véritable parité réside dans le fait que les chrétiens nomment 12 ministres, et les musulmans 12 autres, et non dans le choix par les chrétiens de 8 ministres tandis que les musulmans en nomment seize (8+8). "Ceci est un partage par tiers que nous refusons", a déclaré M. Bassil réitérant une position que le bloc parlementaire du Liban fort (aouniste) avait clairement formulée il y a quelques semaines.
Réitérant par ailleurs que son camp a fait toutes les concessions nécessaires pour faciliter la mise sur pied de l'équipe ministérielle, Gebran Bassil a une nouvelle fois déclaré que le camp présidentiel n'a jamais exprimé aucune revendication et ne souhaite pas obtenir le tiers de blocage, ainsi que le fait qu'il ne veut pas participer à la future équipe Hariri. Il a, toutefois, lancé une nouvelle salve de critiques en direction du Premier ministre désigné, l'accusant de tergiverser et de ne pas vouloir dialoguer avec les chefs de file politiques, dont M. Bassil fait partie. Il a toutefois réitéré que son camp veut "un gouvernement dirigé par Saad Hariri, parce que c'est ce qui est disponible", dans une claire tentative de répondre aux accusations lancées contre le duo Baabda-CPL de vouloir se débarrasser du leader du Futur. "Nous voulons un gouvernement qui mettra en œuvre les réformes", a encore dit Gebran Bassil, reprochant au Parlement de ne pas avoir voté les projets de loi portant sur plusieurs projets de réforme, tels que le contrôle des capitaux, et la loi sur le recouvrement des fonds transférés à l'étranger, deux propositions que le bloc du Liban fort avait présentées. Selon lui, "il n'y a pas de volonté politique d'opérer les réformes". Ces dernières sont pourtant la condition sine qua non à une aide financière de la communauté internationale, comme l'ont encore confirmé les propos du haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères, Josep Borrell, qui se trouvait samedi à Beyrouth.
Allez donc régler vos problèmes avec lui dans son bunker. Ce qu’il fait ou ne fait pas de vous ne nous intéresse guerre. On espère que bientôt on entendra plus parler des traitres et voleurs et que ce pays se relèvera de ses cendres grâce à ses citoyens honnêtes et patriotiques qui feront foirer tous les plans des fossoyeurs de votre trempe. Le Liban et ses citoyens n’appartiennent à personne d’autre que ses citoyens. PIGÉ où il vous faut un dessin?
12 h 08, le 21 juin 2021