Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a une fois de plus fustigé dimanche les responsables politiques libanais qui ne parviennent pas à se mettre d'accord sur la formation du futur cabinet, appelant les Libanais à un "éveil national" afin d'assurer que les élections de mai 2022 permettront l'arrivée au pouvoir d'une "nouvelle élite" politique.
Dans son homélie, le patriarche a appelé les Libanais à "un éveil national" et à assurer que les élections législatives et municipales de mai prochain seront une "opportunité unique" d'élire une "nouvelle élite qui pourra mener la renaissance du Liban". "C'est comme cela qu'aura lieu la vraie révolution, que nous soutenons, que nous œuvrons à unifier et dans laquelle nous pouvons voir le futur" du pays, a-t-il déclaré. Il a souligné que sa "volonté de soutenir ces forces vives prometteuses" était renforcée par le fait que les "formations politiques" actuellement au pouvoir "donnent à voir l'image la plus laide du Liban et prouvent de manière clair leur faillite et leur incapacité à gouverner". Il a d'ailleurs déploré les échanges "médiatisés" d'accusations de la part des différents responsables de la formation du gouvernement. "Le peuple cherche des moyens de subsister tandis que les formations politiques cherchent, elles, leurs intérêts. Le peuple réclame du pain et des médicaments tandis que les différentes parties s'inventent des prérogatives (...) et cherchent à conserver leur butin et leur avenir au pouvoir" , a-t-il fustigé. "Les responsables bloquent la formation du cabinet à cause de prérogatives. Mais de quoi parlent-ils ? Peuvent-ils nourrir le peuple, lui fournir des médicaments, leur rendre leurs dépôts, mettre un terme à l'émigration ou créer des emplois avec ces prérogatives", a encore souligné le dignitaire maronite. "Vous vous comportez comme si vous participiez à une cérémonie de passation du pays vers le chaos", a-t-il lancé à l'adresse des dirigeants.
Le Liban est sans cabinet en exercice depuis août dernier. Pour tenter de mettre sur pied le nouveau gouvernement, chargé de mettre en œuvre des réformes, condition sine qua non à des aides internationales pour sortir le pays de la grave crise financière actuelle, Saad Hariri avait été désigné en octobre pour former le nouveau cabinet. Mais il est depuis prisonnier d'un imbroglio politico-personnel avec le chef de l'État Michel Aoun et son camp politique, dirigé par son gendre Gebran Bassil. Le conflit porte sur leurs prérogatives constitutionnelles respectives et la répartition des portefeuilles. Le patriarche fustige quasiment tous les dimanches le blocage gouvernemental et l'incapacité des dirigeants à faire passer l'intérêt du peuple avant les intérêts personnels et politiques des responsables.
Soutien à l'armée
Le patriarche a par ailleurs remercié la France d'avoir organisé, cette semaine, une conférence virtuelle de donateurs en soutien à l'armée libanaise, appelant "tous ceux qui se préoccupent de la troupe, garante de l'unité nationale et de la paix civile" à "mobiliser toute leur énergie pour soutenir cette institution afin qu'elle puisse continuer à mener sa mission face aux défis inédits auxquels doivent faire face nos soldats". "L'Etat doit désormais prendre une position claire et reconnaitre que l'armée est la seule responsable légitime de la souveraineté du Liban, de son indépendance et de la sécurité sur son territoire", a-t-il martelé. "Une institution militaire forte qui impose la souveraineté de l'Etat en interne et nous protège face aux menaces extérieures est un élément essentiel de la neutralité positive active du pays", a-t-il ajouté.
Le président Aoun s'était engagé au début de son mandat à régler la question de la stratégie de défense et des armes du Hezbollah, sans que ce sujet n'ait toutefois jamais été ouvertement abordé par les autorités au cours des cinq dernières années.
La conférence de soutien à l'armée de jeudi dernier a permis de mobiliser une aide humanitaire pour la troupe, qui subit de plein fouet les conséquences de la crise socioéconomique. Mais Paris avait précisé que ce soutien ne peut se substituer aux "réformes indispensables" que doivent lancer les dirigeants libanais.
commentaires (9)
Discours creux comme sa mitre.
Christine KHALIL
23 h 14, le 21 juin 2021