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Nos Lecteurs ont la Parole

Réitérer l’expérience de Fouad Chéhab

On doit mettre fin à la comédie de la formation du gouvernement. Tous les États du monde savent ce qui se passe au Liban et nous leur avons demandé leur aide, mais tout semble bloqué et nous tournons dans un cercle vicieux! La France a proposé une solution : son président a visité le Liban à deux reprises, invitant toutes les forces politiques, y compris celles qui bloquent la formation du cabinet, à former le gouvernement. Mais leurs promesses sont restées lettre morte.

Saad Hariri passe la plupart de son temps aux Émirats arabes après avoir été en France. Il a de même visité l’Égypte, qui a réagi favorablement à ses tentatives de former le gouvernement, envoyant ainsi son ministre des Affaires étrangères pour rencontrer toutes les forces politiques.

Les États-Unis d’Amérique avancent d’un pas et reculent de deux! Les États européens ont menacé d’imposer des sanctions contre ceux qui bloquent la formation du gouvernement, mais ne sont pas passés à l’acte ! L’Allemagne est intervenue ainsi que la Ligue arabe qui a condamné ceux qui bloquent ladite formation. Et nous, nous continuons à tourner dans le même cercle vicieux, alors que la gravité de la crise s’accentue aux niveaux financier, économique, hospitalier, éducatif, et des problèmes de la vie quotidienne, etc. Une multitude d’États dans le monde ont fait face à des crises économiques et financières, mais aucune crise n’a été aussi grave que la nôtre. Nous ne sommes pas les seuls à appeler à l’aide; un bon nombre d’organismes financiers et économiques internationaux ont sonné l’alarme, mais personne ne les a entendus !

Hitler et Mussolini furent vaincus lors de la Seconde Guerre mondiale et par conséquent, l’Allemagne et l’Italie sortirent des crises auxquelles elles faisaient face. Mais d’autres États eurent besoin de héros pour sortir de leurs crises. La France par exemple fit face à de sérieux défis lors de la Seconde Guerre mondiale et lors du conflit en Algérie. Elle fut sauvée par le général de Gaulle. Plusieurs généraux français tentèrent un putsch contre de Gaulle. Ce dernier parut à la télévision et prononça un discours invitant tous les Français et les soldats à ne pas exécuter les ordres des officiers rebelles et à exécuter ses propres ordres, car ils sont dans l’intérêt de la France. L’armée ainsi que le peuple français entendirent son appel et lui ont fait acte d’allégeance.

De Gaulle devait dissoudre alors le Parlement et organisa des élections parlementaires régulières. Le résultat fut alors que 80 % du Parlement nouvellement élu vota en faveur de Charles de Gaulle. Malheureusement, nous n’avons pas de Charles de Gaulle au Liban, et Fouad Chéhab nous a quittés depuis bien longtemps, et jusqu’à présent nous n’avons toujours pas pu trouver quelqu’un pour le remplacer.

Fouad Chéhab a fondé un État moderne. Lorsque son second mandat prit fin sous Charles Hélou, « Mizyara » a été élu et nous avons alors entrepris la destruction de cet État moderne. Puis vint l’accord du Caire qui mena à une guerre civile. Bachir Gemayel fit ensuite son entrée dans l’arène politique. Avec lui, la guerre civile était sur le point de finir et l’État reprit sa stabilité. Mais Bachir fut assassiné et il l’est chaque jour, depuis !

Samir Atallah écrivit, il y a quelques jours, faisant une comparaison entre Charles de Gaulle, qui a sauvé la France, et Nicolas Sarkozy, qui ne cesse d’être condamné à des peines de prison à cause de sa corruption et d’être l’objet d’investigations portant sur des affaires de corruption dans lesquelles il fut impliqué ! La classe politique au Liban est formée de « Sarkozys » qui courent après le pouvoir pour piller les fonds de l’État et détruire toutes ses institutions.

Nous n’avons pas de Fouad Chéhab qui fut poursuivi par le pouvoir alors que lui, il le fuyait ! Fouad Chéhab démissionna deux ans après son élection et ce, après avoir tracé les grandes lignes de l’État moderne, après avoir instauré la sécurité et la stabilité et après avoir organisé des élections parlementaires régulières. Mais l’armée et le peuple marchèrent vers Sarba pour lui demander de retirer sa démission.

Nous cherchons des hommes dignes des postes de pouvoir, non des hommes qui s’emparent du pouvoir et en usent pour leur propre intérêt, comme ceux qui ont volé 65 milliards de dollars des fonds consacrés à Électricité du Liban, nous laissant sans alimentation en courant électrique. Le problème qui mena à l’effondrement du Liban requiert une solution radicale et sérieuse !

La proposition du vice-président du Parlement Élie Ferzli de donner les rênes du pouvoir à l’armée pour quatre mois ne vise pas à changer le système parlementaire en le transformant en un système militaire, mais juste à demander l’assistance de la seule institution qui n’est toujours pas touchée par la corruption pour la tenue des élections parlementaires régulières. Ainsi, une nouvelle classe politique serait élue, nous aidant à nous réconcilier avec tous les États du monde et à sortir de notre isolement, ouvrant la voie aux institutions mondiales et aux États amis du Liban pour qu’ils nous accordent leur aide pour faire du Liban un pays encore mieux que le Liban de Fouad Chéhab.

Notre problème est avec la classe nazie et fasciste qui gouverne le pays. Le Liban est une nation qui adore la liberté et l’éducation. Plus cette adoration grandit, plus la nation grandit, et plus cette adoration diminue, plus la nation rétrécit. La classe gouvernante est artificielle car elle s’adore et adore l’argent mais n’adore pas le Liban. Rallions-nous autour de l’armée, la seule institution qui n’est toujours pas touchée par la corruption, pour qu’elle nous rende la liberté que nous adorons et pour qu’elle chasse les conseillers passant leur temps chez « le père de tous », mangeant, buvant et touchant des salaires bien plus élevés qu’ils ne le méritent !

Aucune pression ne sera capable de rétablir le statu quo après avoir engagé la lutte contre les corrompus.

Ces jours-ci, ce qu’on voit contredit ce qu’on entend. Il est temps d’entendre et de voir la même chose. Il est temps de répéter l’expérience de Fouad Chéhab.

Il est temps de s’engager dans une phase de transition de quatre mois sous un régime militaire qui mènerait à des élections parlementaires régulières élisant une nouvelle classe politique intègre, éduquée, patriotique, issue du peuple et qui comprend sa souffrance.

Depuis son indépendance à la fin de la

Seconde Guerre mondiale, le Liban ne sait pas quelle direction prendre, ne sait pas avec qui s’allier et qui traiter en ennemi. Le Liban est perdu, il ne se retrouve plus.

Nous avons perdu notre identité. Nous n’avons aucune appartenance, même pas à nous-mêmes.

Nous sommes malheureusement le peuple des hasards : nous aimons par hasard, nous haïssons par hasard, nous nous unissons par hasard, nous nous séparons par hasard, nous entamons des guerres par hasard et nous nous en sortons par hasard, nous naissons par hasard et nous mourons par hasard. Nous sommes les amis du vent dont nous avons appris l’incertitude et l’instabilité, et nous sommes les amis des vagues dont nous avons appris la contradiction et l’émotion.

Le conflit entre le Liban qui aspire au changement et le Liban qui refuse le changement est similaire à celui d’un marteau taillant une pierre.

Les hommes politiques ne lisent pas, n’écrivent pas. Et les intellectuels chassent les mouches dans les bars et tavernes…

Nous avons accusé le colonialisme français de mécréance, mais nous sommes devenus bien plus impies après nous en être libérés ! Nous avons combattu la mentalité policière, mais nous avons été plus terribles que toutes les polices du globe !

Le Liban est, depuis trente ans, un champ d’expériences pour tous les problèmes du Moyen-Orient. La guerre a commencé par une guerre palestino-chrétienne puis s’est transformée, successivement, en une guerre syro-chrétienne, islamo-chrétienne, sunnito-chiite, syro-palestinienne, chiito-chiite, christiano-chrétienne, palestino-palestinienne, sunnito-chiite puis iranienne, etc.

La seule et unique solution est de répéter l’expérience de Fouad Chéhab par le biais d’une phase de transition de quatre mois au cours de laquelle les disciples de Fouad Chéhab gouverneraient et organiseraient les élections afin d’élire une nouvelle classe politique qui nous sortirait de l’enfer dans lequel nous sommes enfermés... C’est la seule et unique solution.

Avocat

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On doit mettre fin à la comédie de la formation du gouvernement. Tous les États du monde savent ce qui se passe au Liban et nous leur avons demandé leur aide, mais tout semble bloqué et nous tournons dans un cercle vicieux! La France a proposé une solution : son président a visité le Liban à deux reprises, invitant toutes les forces politiques, y compris celles qui bloquent la...

commentaires (1)

DE GRACE NE PLUS REVENIR AUX ANNEES FOUAD CHEHAB. DE GRACE ! RIEN N'AUTORISE UNE COMPARAISON ENCORE MOINS UN SOUHAIT DE RETOUR VERS CES ANNEES LA. D'AUTRES HOMMES, D'AUTRES CIRCONSTANCES POLITIQUES REGIONALES, MONDIALES ET LOCALES, UNE CULTURE NATIONALE GENERALE - BCP MOINS ENCLINE A LA CULTURE DE LA CORRUPTION .

Gaby SIOUFI

15 h 06, le 12 juin 2021

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Commentaires (1)

  • DE GRACE NE PLUS REVENIR AUX ANNEES FOUAD CHEHAB. DE GRACE ! RIEN N'AUTORISE UNE COMPARAISON ENCORE MOINS UN SOUHAIT DE RETOUR VERS CES ANNEES LA. D'AUTRES HOMMES, D'AUTRES CIRCONSTANCES POLITIQUES REGIONALES, MONDIALES ET LOCALES, UNE CULTURE NATIONALE GENERALE - BCP MOINS ENCLINE A LA CULTURE DE LA CORRUPTION .

    Gaby SIOUFI

    15 h 06, le 12 juin 2021

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