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Nos Lecteurs ont la Parole

L’humanité finira par triompher

Je sors de l’hôpital, mon diagnostic est flou.

Je n’arrive pas à faire démarrer ma voiture, j’éclate en sanglots.

Je regarde à ma droite, une femme voilée dans sa voiture garée à côté de la mienne me regarde, baisse sa fenêtre et me dit : « Chou beké habibté? E7ké. »

Plus elle me parle et plus je pleure, j’ai oublié mon diagnostic.

Je pleure maintenant tous les Georges et tous les Mohammad qu’on a tués pour rien.

Je pleure ces 15 années de guerre civile qui n’ont servi qu’à amplifier la haine dans nos cœurs.

Une succession de guerres qu’on a planifiées pour nous pour ne pas nous laisser le temps de mieux connaître « l’autre », pour ne pas prendre le temps et apprendre à vivre ensemble, toujours vouloir mettre la faute sur celui qui est différent de nous, mais différent comment ? Par sa religion ? Par ses convictions ?

Est-ce une raison pour détruire tout un pays ?

Je viens d’une génération qu’on a surnommée la génération de la guerre.

Une génération qui a grandi dans les abris, et a été élevée dans la terreur et dans la haine.

Une génération à qui on a menti, lui faisant croire que l’ennemi était celui d’en face.

Une génération marquée pendant des années par les angoisses de la guerre et qui, pour se protéger, s’est rassemblée à nouveau derrière les mêmes chefs de guerre.

Mais pour se protéger de qui ?

De mon frère vivant de l’autre côté de la frontière, qui, comme moi, endure depuis des années du fait de vos complots, de votre corruption et de votre haine.

Pour se protéger de qui ?

De mon frère ne vivant pas dans la même région, mais provenant de la même terre...

Pour se protéger de qui ?

De mon frère qui aime ce pays et qui est prêt à tout sacrifier pour le voir renaître...

Pour se protéger de qui ?

De mon frère qui comme moi se jette sur les étalages des supermarchés que vous avez vidés pour nous affamer !

Pour se protéger de qui ?

De mon frère qui, comme moi, fait la queue dans les stations-service par crainte d’une pénurie !

Pour se protéger de qui ?

De mon frère qui, comme moi, ne sait plus comment faire pour assurer un meilleur avenir à ses enfants !

Vous nous avez tout pris, mais cela ne nous fait pas peur parce que vous avez oublié qu’on avait un point fort en commun : l’humanité. Et ensemble, main dans la main, nous finirons de ce sectarisme et de ce communautarisme dans lesquels vous nous avez fait baigner.

Ensemble, main dans la main, nous rebâtirons un Liban diversifié par son peuple et riche par la bonté de son cœur.

Un Liban que vous n’avez pas su aimer et que vous avez vendu au premier arrivé pour vos propres intérêts.

Je n’oublierai jamais son visage angélique.

La seule personne qui était à mes côtés quand j’avais besoin d’un soutien humain, d’une épaule sur laquelle pleurer, était une femme au grand cœur.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6000 caractères, espace compris.

Je sors de l’hôpital, mon diagnostic est flou.Je n’arrive pas à faire démarrer ma voiture, j’éclate en sanglots.Je regarde à ma droite, une femme voilée dans sa voiture garée à côté de la mienne me regarde, baisse sa fenêtre et me dit : « Chou beké habibté? E7ké. »Plus elle me parle et plus je pleure, j’ai oublié mon diagnostic.Je pleure maintenant tous les...

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