Un responsable du Pentagone ayant requis l'anonymat a affirmé mercredi que Washington souhaitait renforcer l'armée libanaise afin de "contrer le Hezbollah", poids lourd de la politique libanaise et classé mouvement terroriste par les Etats-Unis. Ces déclarations américaines interviennent alors le Liban traverse une grave crise socio-économique et financière et que l'Etat n'a plus les moyens de financer nombre de ses institutions.
Dans un entretien à la chaîne britannique Sky News Arabia, ce responsable américain a souligné que l'administration du président Joe Biden "est consciente du rôle actif de l'Iran au Liban à travers le Hezbollah (...)". Il a ensuite fait savoir que l'équipe du président américain "souhaite améliorer les capacités de l'armée libanaise afin de contrer le Hezbollah et éviter que les institutions sécuritaires du pays se retrouvent entre les mains du parti".
Depuis 2006, le gouvernement américain a fourni au Liban plus de 1,7 milliard de dollars d’assistance en matière de sécurité.
Le responsable a dit s'attendre a ce que l'armée libanaise reçoive d'"importantes aides" jusqu'à la fin de l'année en cours, ainsi que pour l'année suivante, dans le cadre du budget annuel américain réservé aux ventes d'armes à l'étranger.
Il a dans ce contexte affirmé selon Sky News Arabia que "des alliés principaux de Washington dans la région arabe soutiennent cette aide aux forces armées libanaises, à leur tête l'armée, malgré la situation interne au Liban, et que l'importance du soutien de l'armée et de son rôle sur tout le territoire libanais faisait l'unanimité". Ces responsable ne nomme toutefois pas les alliés auquel il fait référence.
Pas de nouvelles sanctions à court terme
Enfin, le responsable US cité par Sky News Arabia a dit exclure "à court terme" de nouvelles sanctions de la part de l'administration Biden contre des responsables libanais en lien avec le Hezbollah. "La seule politique qui se manifeste actuellement est celle du soutien à l'armée libanaise et à la stabilité des institutions gouvernementales sécuritaires", s'est-il contenté d'ajouter.
Le Hezbollah est quant à lui sur la liste américaine des organisations terroristes, depuis 1997. Ses dirigeants, ainsi que des soutiens et des alliés du parti chiite, font l'objet de sanctions américaines. Parmi eux figurent le chef du Courant patriotique libre, le député Gebran Bassil, allié chrétien du Hezbollah, ou encore les ex-ministres Youssef Fenianos et Ali Hassan Khalil.
Le Liban connaît une grave crise économique et financière depuis l'été 2019, aggravée par une impasse politique qui laisse le pays sans gouvernement depuis le mois d'août. Début mars, le chef de l'armée libanaise, le général Joseph Aoun, avait tiré la sonnette d'alarme en interpellant les responsables sur les conditions difficiles rencontrées par l'armée, qui doit subir des réductions budgétaires, et sur l'impact de la crise économique et financière sur les soldes des militaires. Depuis, de nombreux pays, notamment la France, la Turquie et le Maroc et le sultanat d'Oman, ont envoyé des tonnes d'aides alimentaires à la troupe.
Dernièrement, le département d'Etat américain a annoncé avoir tenu le 21 mai une conférence annuelle avec l'armée libanaise par visioconférence durant laquelle Washington et Beyrouth ont discuté du "renforcement de la coopération sécuritaire". Le département d'Etat a également annoncé une aide financière militaire de 120 millions de dollars à l'armée pour l'année 2021. Cette aide, qui doit encore être validée par le Congrès US, dépasse de 15 millions de dollars celle de l'année dernière.
Et mercredi, le commandant en chef de l'armée libanaise, en visite officielle à Paris, a été reçu par le chef de l'Etat français, Emmanuel Macron, à l'Elysée. Il s'agit de la première fois qu'un président français reçoit un commandant en chef de l'armée libanaise. Au cours de leur entretien, les deux hommes ont notamment discuté des "défis" auxquels doit faire face l'armée. Emmanuel Macron a confirmé au général Aoun la poursuite de l’appui de Paris aux forces armées libanaises, "véritable pilier de la stabilité du pays", selon des déclarations de l'Elysée.
commentaires (11)
Excellente nouvelle ! Cela veut-il dire que l’armée recevra des chars dernier cri, des missiles sol air, des drones armés etc ?… cela nous changerait des lance pierre datant de la guerre du Vietnam, qui représente l’essentiel de « l’aide » militaire. Ne rêvons pas trop, rien de ce qui nous aiderait a défendre le territoire national contre une invasion extérieure, ne nous sera donné.
EL RIZ Mohamed
20 h 44, le 27 mai 2021