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Économie - Restructuration bancaire

Les employés de banque vont rejoindre la grève générale du 26 mai

Les licenciements dans le secteur ont atteint « 12 % de l’effectif total, soit environ 3 000 salaires sur 24 886 ».

Les employés de banque vont rejoindre la grève générale du 26 mai

Le président de la Fédération des syndicats des employés de banque au Liban, Georges Hajj, a appelé hier les employés du secteur à répondre à la grève générale le 26 mai. Photo João Sousa

Plus d’un mois après avoir appelé à l’arrêt « immédiat » des licenciements qu’elle juge abusifs dans le secteur bancaire, la Fédération des syndicats des employés de banque au Liban a tenu hier une conférence au Club de la presse lors de laquelle son président, Georges Hajj, a poussé un coup de gueule face aux conséquences sur les employés de banque de la crise économique et financière sans précédent que traverse le Liban depuis bientôt deux ans. Attendu depuis plusieurs semaines, ce rendez-vous avec les journalistes a également été pour lui l’occasion d’inviter l’ensemble des travailleurs du secteur à répondre à l’appel de grève générale le 26 mai, lancé mardi par la Confédération générale des travailleurs libanais (CGTL).

Ce « cri de colère » intervient alors que plusieurs établissements bancaires ont commencé à dégraisser leurs effectifs en 2020 et qu’une seconde vague de licenciements est pressentie par les acteurs du secteur depuis plusieurs mois, avant même le lancement d’une restructuration du secteur au cours de laquelle plusieurs enseignes pourraient fusionner. Réfutant les chiffres de licenciements qui ont circulé dans les médias ces deux derniers mois, Georges Hajj, contacté il y a peu par L’Orient-Le Jour en prévision de cette conférence, avait toutefois souligné la nécessité de présenter une « contre-attaque » envers les établissements bancaires qui feraient fi des protocoles de licenciements présentés par la fédération en janvier dernier.

Perte de confiance des employés du secteur

Depuis le début de la crise, et selon les déclarations faites hier par le président de la fédération, des licenciements ont eu lieu au sein de « 16 établissements bancaires sur les 61 opérant au Liban », atteignant « 12 % de l’effectif total, soit environ 3 000 salaires sur 24 886 ». Un chiffre n’incluant pas les départs volontaires, a-t-il précisé. Les motifs de licenciement sont variés, « préretraite, démission administrative, licenciement économique », tandis que les indemnisations accordées aux employés concernés oscillent entre « un total de traitements généraux, au minimum, et la somme de deux ans de traitements calculés sur la base du revenu annuel total, au maximum ». Le tout déboursé « en livres libanaises au taux bancaire de 1 515 livres libanaises pour un dollar », alors que la dévaluation de la monnaie nationale face au billet vert n’a cessé tout au long de la crise, stagnant depuis deux mois autour des 12 500 livres pour un dollar, mettant à mal « la dignité » des travailleurs.

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En outre, le président a dénoncé « la politique salariale », inscrite dans le contrat de travail de l’Association des banques au Liban (ABL), qui fixe les rémunérations des employés bancaires selon leurs grades, « ne reflétant plus la réalité » de la situation dans le pays et entraînant, en sus des licenciements, « des démissions volontaires de Libanais hautement qualifiés ».

Georges Hajj a ainsi appelé à l’entame des négociations pour le renouvellement du contrat collectif de travail pour les années 2021 et 2022 avant la fin de cette année et au vote par le Parlement d’une modification de l’article 4 de la loi 192/1993 sur les fusions-acquisitions des banques. Présenté début février par le groupe parlementaire des Forces libanaises, ce texte a pour objectif de relever les indemnités versées aux employés du secteur bancaire qui se retrouveraient sans emploi en cas de fusion de plusieurs établissements.

Concernant les restrictions bancaires sur les comptes en devises des déposants libanais, imposées en crescendo dès la fin de l’été 2019 sans approbation du Parlement, le président de la fédération a rappelé que les employés de banque sont soumis aux mêmes règles. Une affirmation nuancée par une source du secteur qui a tout de même pointé « certains privilèges accordés à des employés de haut rang au sein de certaines banques ».

Appelant ainsi à restaurer la confiance dans le secteur bancaire également du côté de ses employés, le président a exhorté à nommer « des spécialistes à la tête d’un nouveau gouvernement, capables d’implémenter les réformes nécessaires à la reconstruction de cette confiance et à la relance du secteur bancaire ». Il a ainsi incité les autorités à « prendre leurs responsabilités », alors que celles-ci s’écharpent sur la formation d’un nouveau gouvernement depuis près de 10 mois, sans qu’aucune once de solution n’ait été jusqu’à présent mise sur la table.

Collusion de départs pour un effet de masse

Les chiffres concernant les départs au sein du secteur bancaire divergent selon les sources. Ainsi, l’une d’entre elles, contactée par L’Orient-Le Jour, avait estimé début février à 20 % la proportion des départs déjà actés en 2020, alors que d’autres portaient à 40 % la réduction totale d’effectifs à terme. Contactées, peu de banques ont accepté de faire un commentaire à ce propos. L’une des trois plus grandes banques alpha a toutefois fait parvenir au début du mois à L’Orient-Le Jour un communiqué dans lequel son administration déclarait « n’envisager aucun plan de licenciement ni de fermetures d’agences dans le futur » à court terme, si ce ne sont « des changements minimes se limitant au non-remplacement des départs à la retraite ».

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Une autre source proche du secteur bancaire, contactée hier, a, elle, estimé à plus de 6 000 le nombre de départs, les licenciements inclus. « À partir de fin 2020, les banques ont offert des packages de départ aux employés proches de l’âge de la retraite, différents selon les établissements mais somme toute plutôt généreux et calculés par rapport à la crise, tandis que certains employés de banques pouvant travailler en tant qu’indépendants pour des compagnies étrangères par exemple (ceux employés dans l’informatique, dans le développement technologique, etc.) ont présenté leur démission. À cela, et au même moment, se sont ajoutés des licenciements (indemnisés), ce qui a donné l’impression de départs en masse », explique la source.

Restreignant l’accès aux comptes en devises face à une crise de liquidités sans précédent, les banques ont annihilé la confiance des déposants libanais pour assurer leur propre survie dans un pays en banqueroute, l’État ayant acté le premier défaut de paiement de son histoire sur ses obligations en devises (eurobonds) en mars 2020. Pour pallier à cette crise, la Banque du Liban (BDL) avait publié fin août dernier la circulaire n° 154 concernant la restructuration bancaire, créant un climat d’incertitude totale quant à l’avenir des employés de banque. Ce texte, dont l’échéance a pris fin en février dernier, demandait une recapitalisation, quitte ou double, des banques de 20 % par rapport à fin 2018 (une obligation datant de novembre 2019 renouvelée) et le placement auprès de leurs banques correspondantes à l’étranger d’au moins 3 % des dépôts libellés en devises que les établissements bancaires possédaient au 31 juillet. Des conditions bel et bien remplies par l’ensemble des banques, selon les propos du gouverneur de la BDL, Riad Salamé, accordés au quotidien français Le Figaro il y a un mois et dénoncés par des sources proches du secteur qui soulignent, entre autres, des jeux d’écriture comptable via des actifs immobiliers utilisés par les banques pour répondre à cette circulaire.

Plus d’un mois après avoir appelé à l’arrêt « immédiat » des licenciements qu’elle juge abusifs dans le secteur bancaire, la Fédération des syndicats des employés de banque au Liban a tenu hier une conférence au Club de la presse lors de laquelle son président, Georges Hajj, a poussé un coup de gueule face aux conséquences sur les employés de banque de la crise...

commentaires (1)

mais enfin comment / pourquoi nous attendre a du mieux dans un pays ou nul n'oserait se fier aux chiffres publies ici et la, par ceux-ci ou par ceux la. 12%, 20 % 40 % , 3000 ou 6000 licenciements enregistres? enregistres ou par dieu ?

Gaby SIOUFI

10 h 17, le 20 mai 2021

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Commentaires (1)

  • mais enfin comment / pourquoi nous attendre a du mieux dans un pays ou nul n'oserait se fier aux chiffres publies ici et la, par ceux-ci ou par ceux la. 12%, 20 % 40 % , 3000 ou 6000 licenciements enregistres? enregistres ou par dieu ?

    Gaby SIOUFI

    10 h 17, le 20 mai 2021

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