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Politique - Diplomatie

A Beyrouth, Le Drian lance la « nouvelle approche française » du dossier libanais

Le chef du Quai d’Orsay rencontre Michel Aoun, Nabih Berry, Saad Hariri et les « forces politiques du changement ».

A Beyrouth, Le Drian lance la « nouvelle approche française » du dossier libanais

Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, saluant le Premier ministre désigné, Saad Hariri, qu'il a reçu à la Résidence des Pins, jeudi 6 mai 2021. Photo envoyée par le bureau de presse de M. Hariri

Ce n’est pas un déplacement de plus. C’est une visite qui consacre la nouvelle approche que la France adopte à l’égard du dossier libanais. C’est ainsi que des milieux politiques français qualifient la visite du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, à Beyrouth, jeudi. L’occasion pour lui de faire passer des messages fermes aux responsables libanais, comme il l’avait déclaré sur son compte Twitter mercredi soir.

Cette visite de M. Le Drian, très impliqué dans le dossier libanais aux côtés du président Emmanuel Macron, intervient à l’heure où le nouveau gouvernement qui devait être formé conformément à l’initiative française lancée par M. Macron le 1er septembre 2020 se fait toujours attendre. Rien ne prête à croire qu’il verra le jour prochainement. S’il est conscient de cet état des lieux d’autant plus grave que le Liban fait face à une crise économique et financière inédite, M. Le Drian a évité de se noyer dans les détails des tractations gouvernementales avec les responsables libanais en place qu’il a rencontrés, notamment le président de la République, Michel Aoun, et le chef du législatif, Nabih Berry. Le responsable français aurait, en revanche, insisté sur l’urgence de former un nouveau cabinet dans les plus brefs délais, tout en rappelant que « la formation du gouvernement est une affaire libanaise », comme le confie un proche du président de la Chambre à L’Orient-Le Jour, citant le chef de la diplomatie française. Ce proche de M. Berry souligne aussi que Jean-Yves Le Drian aurait assuré que l’initiative française –prévoyant la mise en place d’un gouvernement de mission qui lancerait un processus de réformes économiques afin de redresser le pays- était toujours sur la table.

La transition, le mot-clé
Mais tel ne semble pas être le but principal du déplacement de M. Le Drian à Beyrouth. « La transition (politique) au Liban est le mot-clé de la visite du ministre des Affaires étrangères à Beyrouth », déclare à L’OLJ Gwendal Rouillard, député du Morbihan (Bretagne) et connaisseur du dossier libanais. « La France a développé son initiative. Mais certains responsables n’ont pas respecté leurs engagements, alors que la France et la communauté internationale s’impatientent », rappelle-t-il avant de souligner que devant ses interlocuteurs libanais, le chef du Quai d’Orsay a précisé qu’il y avait une nouvelle approche française du dossier libanais.

Et d’ajouter que les débats se poursuivent à Bruxelles autour d’un mécanisme européen de sanctions contre ceux qui bloquent le processus politique au Liban, alors que des mesures nationales ont été prises, et se poursuivront. Une tendance qu’a confirmée la porte-parole du Quai-d’Orsay, jeudi. « Comme nous l’avons déjà indiqué, des mesures ont été prises à titre national visant à restreindre l’accès au territoire français à des personnalités libanaises impliquées dans l’obstruction politique et la corruption ; nous nous réservons la possibilité d’adopter des mesures supplémentaires si le blocage persiste, nous avons engagé une réflexion avec nos partenaires européens sur les mesures qui sont à la disposition de l’Union européenne pour accroître la pression en vue d’une sortie de crise », a-t-elle déclaré lors d’un point de presse.

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Après avoir mis en garde les principaux tenants de la scène politique pendant plusieurs mois, la France a en effet annoncé jeudi dernier avoir restreint l'accès au territoire français de plusieurs personnalités libanaises jugées responsables du blocage politique. Ni le type exact des restrictions, ni le nombre et les identités des personnes concernées n'ont été jusque-là communiquées, une façon pour la France, allié historique du Liban, de laisser planer la menace sur l'ensemble de la classe politique locale.

Définissant les grandes lignes de la nouvelle vision française, M. Rouillard explique : « Paris a constaté l’échec du système libanais, et que tous (les protagonistes politiques) sont responsables de la situation actuelle. La France soutient donc les forces politiques du changement, c’est-à-dire les hommes et les femmes qui pensent au Liban de demain ». C’est par cette nouvelle approche que Gwendal Rouillard justifie le fait que le ministre français se soit abstenu de se réunir avec les chefs de file politiques perçus comme traditionnels, exception faite de MM. Aoun et Berry, mais aussi du Premier ministre désigné, Saad Hariri. Des rencontres « protocolaires » comme les décrit un ancien député ayant requis l’anonymat.

Des proches de Saad Hariri, notamment le vice-président du courant du Futur Moustapha Allouche, avaient déclaré en cours de semaine que la récusation de M. Hariri est désormais envisageable si des percées significatives ne sont pas opérées au niveau de la formation du cabinet. Des propos que Fouad Siniora, ancien Premier ministre, qualifie d’« irresponsables », car une telle démarche « plongerait le Liban dans l’inconnu ».

Les élections législatives en temps voulu
Quoi qu’il en soit, « Jean-Yves Le Drian veut accompagner la transition politique au Liban », selon M. Rouillard. Cela lui fait dire que « la rencontre avec les forces du changement doit être un moment fondateur pour édifier le nouveau Liban ». Gwendal Rouillard faisait allusion à la rencontre tenue jeudi à la Résidence des Pins entre le chef de la diplomatie française et des partis de l'opposition ainsi que plusieurs collectifs issus pour certains du mouvement de contestation qui avait éclaté au Liban le 17 octobre 2019. Y ont notamment pris part le leader des Kataëb, Samy Gemayel, le chef du mouvement de l’Indépendance, Michel Moawad, et le secrétaire général du Bloc national, Pierre Issa, pour ne citer que ces exemples.

Un proche des participants à la réunion confie à L’OLJ que M. Le Drian a fait part de sa volonté de ne pas rencontrer les principaux protagonistes politiques dans la mesure où ils n’ont pas respecté leurs engagements. « Devant les diverses composantes de l’opposition, Jean-Yves Le Drian a insisté sur la nécessité de tenir les législatives prévues en 2022 en temps voulu, sachant que les Français sont conscients du fait que les protagonistes au pouvoir œuvreraient pour reporter la consultation populaire sine die au vu des nouvelles tendances populaires hostiles aux protagonistes politiques traditionnels », ajoute le proche des participants à la réunion, indiquant que M. Le Drian a interrogé les opposants sur leurs vues pour éviter l’effondrement du Liban, et leurs préparatifs pour les élections de 2022. Et de préciser que la question de la préservation de la souveraineté du Liban a été également soulevée lors de la rencontre. Des points qui figurent au centre d’un mémorandum remis par les participants au ministre français, comme l’a indiqué Samy Gemayel sur Twitter.

Ce n’est pas un déplacement de plus. C’est une visite qui consacre la nouvelle approche que la France adopte à l’égard du dossier libanais. C’est ainsi que des milieux politiques français qualifient la visite du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, à Beyrouth, jeudi. L’occasion pour lui de faire passer des messages fermes aux responsables libanais,...

commentaires (11)

Que veulent "les forces du changement" à part le pouvoir avec l'aide étrangère? Veulent-elles l'audit de la BDL? Qu'elles manifestent pour cela. Ont-elles demandé au responsable français une vue satellitaire du ciel libanais du jour de l'explosion ? Lui ont-elles demandé de rapatrier les fonds qui ont trouvé refuge dans l'UE? Qu'ont elles fait jusqu'à présent contre la corruption? Soutiennent elles le juge Aoun, les juges qui bloquent les avoirs des banquiers? Il est clair que ces petits problèmes ne les intéressent pas.

NASSER Jamil

10 h 45, le 08 mai 2021

Tous les commentaires

Commentaires (11)

  • Que veulent "les forces du changement" à part le pouvoir avec l'aide étrangère? Veulent-elles l'audit de la BDL? Qu'elles manifestent pour cela. Ont-elles demandé au responsable français une vue satellitaire du ciel libanais du jour de l'explosion ? Lui ont-elles demandé de rapatrier les fonds qui ont trouvé refuge dans l'UE? Qu'ont elles fait jusqu'à présent contre la corruption? Soutiennent elles le juge Aoun, les juges qui bloquent les avoirs des banquiers? Il est clair que ces petits problèmes ne les intéressent pas.

    NASSER Jamil

    10 h 45, le 08 mai 2021

  • Le sujet crucial des prochaines élections a donc enfin été évoqué par la diplomatie macronienne. Mais ... pas devant les bonnes personnes !! A quoi ça sert de dire seulement aux "opposants" que c'est important que les législatives se tiennent en temps prévu ? Mr Le Drian les vrais Libanais vous répondront: et pourquoi doit-on attendre encore 1 an jusqu'à la date prévue en mai 2022 pour changer cette majorité parlementaire qui a montré par A + B qu'elle est INCAPABLE et NE VEUT PAS gouverner ? Vous semblez vouloir encourager les Libanais à laisser le Liban agoniser encore 1 an supplémentaire sans rien faire. De son temps Napoléon III était intervenu pour empêcher Youssef Karam de mener sa révolution contre un pouvoir corrompu asservi à l'étranger. Macron fera de même dès que la vraie révolution libanaise commencera réellement. Rien de mieux à attendre d'un régime encore plus indigne de l'héritage de saint Louis que ne l'était celui de Napoléon III !!

    Citoyen libanais

    21 h 31, le 07 mai 2021

  • Mais oui le pays est vendu aux Ayattollah ( l'Iran , Syrie et cie. ) ???

    Eleni Caridopoulou

    19 h 32, le 07 mai 2021

  • Cela fait plus de 18 mois que les protagonistes de la crise au Liban se renvoient la balle sans nommer quelqu’un, pourtant ils sont tous connus par le peuple. Pourquoi les pays amis, et notamment la France évitent jusqu’a aujourd’hui de donner la liste des personnes qui n’auront plus l'accès au territoire français et qui seront de surcroit frappes par les sanctions? Il est grand temps de dévoiler publiquement cette mafia!

    CW

    18 h 52, le 07 mai 2021

  • Monsieur Le Drian. Ces vendus n’accepteront jamais d’abandonner leur postes juteux qui leur procurent argent et pouvoir absolu et feront de tout pour conserver le pouvoir. D’u. côté parce ce que le chaos qu’ils ont instauré leur permet de continuer à piétiner la constitution et les lois du pays sans être inquiétés et de l’autre d’empêcher quiconque de les démasquer en découvrant les scandales innombrables qu’ils essaient d’enterrer en restant à leurs postes ou en concluant des accords pour ne jamais être jugés. Le jour où les pays amis les sanctionneraient en citant leurs crimes d’abus de biens sociaux, vols en réunion et trahison de la nation, ils n’auront plus aucun recours et se verront hors jeu de facto. Il n’y a pas de remèdes magiques à notre problème libanais. Seul une décision ferme et courageuse des pays amis sauverait notre pays. En premier lieu l’application de l’article 1559 qui a été bafoué et que ce président n’a jamais évoqué pour libérer notre pays des milices étrangères qui saccagent la nation et tuent le peuple. Alors pourquoi ne pas le lui rappeler, lui, qui s’égosille en discours creux se proclamant protecteurs des chrétiens. Un président est censé être le président de tous les libanais et en premier ceux qui sont menacés par des armes, étrangères de surcroît. Alors comment faire confiance à un individu pareil qui protège nos assassins pour conserver le pouvoir en le partageant avec des mercenaires?

    Sissi zayyat

    10 h 51, le 07 mai 2021

  • Messieurs Aoun, Hariri et surtout Berri puisent leur force de leurs clients, les 300,000 personnes qu'ils ont engagé dans le service public, et de leur familles.... qui vont les reconduire a leur postes ad aeternam. Personne ne peut rien contre ce million et demi de voteurs qui sont l'elephant dans la chambre et qui, eux, plus que leurs patrons, sont responsables de la crise Libanaise.

    Mon compte a ete piraté.

    09 h 45, le 07 mai 2021

  • Tant qu’on s’adresse AUX ForceS politiqueS par MESdames /MESsieurs et non pas par MAdame / MONsieur veut dire IL N’Y A PAS UNE SEULE TETE D’OPPOSITION ! Toujours le même principe politique à la libanaise : Copy/Paste à l'ancienne … aucun éspoir de changement.

    aliosha

    09 h 42, le 07 mai 2021

  • M. Le Drian ne perdez pas votre temps Les Libanais eux-mêmes sont le mal du Liban !

    Carlos El KHOURY

    08 h 16, le 07 mai 2021

  • J'ESPERE QUE MR LEDRYAN A REPONDU A MICHEL AOUN QUE SA POSITION SUR LE DOSSIER DU GOUVERNEMENT EST FAUSSE CAR AOUN ( Berry peut etre ) A LUI MEME NOMME TOUS LES MINISTRES SUNNITES DE L'ACTUEL gouvernement DIAB sans qu'aucun leader musulmans ait son mot a dire ET NOUS AVONS TOUS VU OU CELA A MENE LE PAYS . UN GOUVERNEMNT AUX MAINS DE HEZBOLLAH ET DU CPL UNIQUEMENT QUI A DECIDE DE NE PAS AYER DES BONDS Et MIS LE PAYS EN FAILLITTE ALORS QUE DEPUIS , ON A PAYE EN DOLLAR POUR SOUTENIR LES PRIX PLUS QUE LES BONS ECHUS ET SURTOUT NE DITES PAS ON M'A EMPECHE CAR CE GOUVERNEMENT ETAIT COMPLETEMENT DE VOTRE CRU MR LE PRESIDENT ( et le gendrillon ) cette sornette de la defense des Chretiens alors que les plus hautes somitees religieuses chretienne slui disent d'accepter de faire un gouvernement pour sauve rle peuple et que lui s'obstine . comme pour son election pour la presidence ou il a mis a genoux le pays pendant 2 ans et demi avec la complicite de nasrallah et de Berry evidemnt quoiqu'on en dise HONTE A SES PSEUDO LEADERS QUI MERITENT BEAUCOUP PLUS QUE D'ETRE CHASSE DE LEURS POSTES

    LA VERITE

    04 h 40, le 07 mai 2021

  • Aucune espérance de solution, sans la sortie de Aoun, et par conséquent de sa clique du paysage politique libanais. Donc, attendre la fin de ce terrible mandat, ou mieux, une démarche personnelle du président, qui sait qu'il ne peut plus avancer quoi que ce soit pour l'intérêt de la nation, à cause des innombrables gaffes induites en son nom par ses fâcheux conseillers . Un coup de théâtre dans ce sens, inversera la tendance actuelle, et ferait relancer un processus quoique difficile de sortie de crise, en désactivant toute influence destructrice extérieure vis à vis de la souveraineté du pays.

    Esber

    01 h 20, le 07 mai 2021

  • wait and see ce qu'elle va accoucher la montagne ?

    Gebran Eid

    00 h 45, le 07 mai 2021

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