Le Quai d'Orsay a annoncé vendredi que le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait l'intention d'affirmer lundi auprès de ses homologues de l'Union européenne la "nécessité d'agir pour aider le Liban à sortir de l'impasse politique et économique" en faisant "pression sur les responsables" de cette situation de blocage.
"Dans le prolongement du Conseil des affaires étrangères du 22 mars dernier, le ministre rappellera à ses homologues européens l'impérieuse nécessité d'agir pour aider le Liban à sortir de l'impasse politique et économique, en accélérant les efforts européens visant à faire pression sur les responsables libanais de cette situation de blocage", a dit la porte-parole du Quai d'Orsay, Agnès von der Mühll, en amont de la participation du chef de la diplomatie française à la réunion informelle des ministres des affaires étrangères de l'Union européenne, prévue lundi en visioconférence.
Le Liban sombre dans une crise socio-économique et financière aiguë depuis l'été 2019. La situation s'est aggravée en raison de l'impasse politique actuelle, qui empêche la formation d'un gouvernement depuis plus de huit mois, sur fond de bras de fer politique et de rivalités personnelles entre le président de la République Michel Aoun, et le Premier ministre désigné Saad Hariri.
Le président français Emmanuel Macron s'est fortement impliqué, sans résultats tangibles jusqu'à présent, pour tenter de débloquer la crise politique en lançant le 1er septembre 2020 une initiative en faveur du Liban. Cette feuille de route table sur la mise en place d'un cabinet de mission formés d'experts qui lancerait le chantier de réformes exigées par les pays donateurs pour débloquer des aides financières. Après avoir d'abord écarté toute imposition immédiate de sanctions contre les dirigeants libanais, le chef de l'Élysée a revu sa copie et semble désormais prêt à franchir le pas.
Quant au chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, il sermonne régulièrement les autorités libanaises, à qui il impute la responsabilité de l'absence de gouvernement capable de réformer le pays. La semaine dernière, Paris avait dénoncé "l'obstruction délibérée de la part des forces politiques" du pays et n'hésite plus à employer la menace. Le ministre avait déjà haussé le ton, affirmant que "si certains responsables libanais ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'hésiterons pas à prendre les nôtres", sans toutefois employer clairement le terme de "sanctions". Il avait dans ce contexte estimé que "l’heure est venue de renforcer les pressions pour y parvenir". Déjà le 22 mars, le ministre français avait demandé à l'Union européenne d'actionner "des leviers" contre les responsables politiques au Liban pour qu'un gouvernement soit formé et que des réformes soient engagées dans ce pays "à la dérive".
La semaine dernière, M. Le Drian, et son homologue américain, Anthony Blinken, ont évoqué au cours d'un appel téléphonique la situation au Liban, et ont exprimé "leur souhait partagé de voir les dirigeants libanais mettre en œuvre des réformes cruciales pour le bien commun de leur peuple"
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La pression sur le Liban tant attendue n'est jamais venue et ne viendra jamais car elle est improductive en cas de guerre d'egos. Michel Aoun s'accroche à des prérogatives qu'il n'a plus depuis Taëf, et Saad Hariri ne veut plus reculer devant les nouvelles prérogatives qu'il a acquises depuis Taëf. Tout le problème est là.
Un Libanais
18 h 15, le 18 avril 2021