Le chef de la diplomatie française Jean-Yves le Drian a demandé lundi à l'Union européenne d'utiliser "des leviers" contre les responsables politiques libanais pour qu'un gouvernement soit formé et des réformes lancées dans ce pays "dans la dérive". Le Liban est toujours sans gouvernement plus de sept mois après la démission du cabinet de Hassane Diab, suite à la double explosion le 4 août dernier au port de Beyrouth. Il est embourbé dans une crise socio-économique sans précédent, qui a laissé plus de la moitié de la population sous le seuil de pauvreté.
"Le Liban est dans la dérive, ce pays est en train de dévisser", a-t-il déclaré à son arrivée à Bruxelles pour une réunion avec ses homologues de l'UE, principalement consacrée à la question du respect des droits de l'homme et à l'application de sanctions contre des entités ne respectant pas ces droits. "On sait que les solutions existent. Il faut un gouvernement qui soit un gouvernement inclusif, opérationnel, un gouvernement d'action et il faut des réformes. On sait que les réformes sont tout à fait partagées par l'ensemble de la communauté internationale", a-t-il rappelé. "Tout le monde sait ce qu'il faut faire, mais c'est bloqué pour des intérêts particuliers, parce que les responsables politiques n'arrivent pas à engager le processus", a-t-il accusé. "L'Europe ne peut pas se désintéresser de cette crise. Quand un pays s'effondre, l'Europe doit être au rendez-vous", a-t-il soutenu. "Je veux que l'on puisse échanger ensemble sur les leviers qui nous permettraient de faire pression auprès des autorités libanaises, pour qu'elles bougent, parce que la population libanaise est aujourd'hui dans l'angoisse et le désarroi", a-t-il conclu."Nous avons eu l'occasion de dire à la France que nous partageons ses préoccupations. Le Liban s'effondre. La situation est catastrophique et le moment n'est plus aux querelles politiques", a déclaré le chef de la diplomatie européenne, l'Espagnol Josep Borrell à l'issue de la réunion. "Si les pressions politiques ne suffisent pas, il faudra réfléchir à ce qui peut être fait et nous avons demandé au service pour l'action extérieure un rapport sur les autres possibilités", a-t-il indiqué sans prononcer le mot sanction.
Mercredi, le président français Emmanuel Macron avait déjà jugé nécessaire de "changer d'approche" au Liban, accusant les responsables libanais d'avoir failli à leurs responsabilités. M. Macron s'est fortement impliqué, en vain jusqu'à présent, pour tenter de débloquer la crise politique libanaise en lançant en septembre dernier une initiative en faveur du pays du cèdre. Avant ces déclarations du chef de l'État français, une source diplomatique française avait indiqué à des journalistes qu'Européens et Américains doivent accroître les "pressions" sur la classe politique libanaise, ce qui pourrait in fine aussi passer par des "sanctions". Le 11 mars dernier, Jean-Yves Le Drian avait accusé les responsables politiques libanais de "non-assistance à pays en danger" en se refusant à sortir du statu quo et de la paralysie politique.
Depuis la démission du gouvernement de Hassane Diab après la tragique double explosion au port de Beyrouth, la classe politique n'a pas réussi à s'entendre sur la formation d'un nouveau cabinet capable de mener des réformes, alors que le pays est en plein chaos économique. Au cours des derniers jours, les pressions diplomatiques et dans la rue (des protestations en raison de la crise économique et de la forte dépréciation de la livre libanaise) se sont accentuées sur le chef de l'État Michel Aoun et le Premier ministre Saad Hariri, désigné en octobre pour former le cabinet, pour aboutir à un déblocage de la crise politique. Lundi, M. Hariri a renvoyé la balle de la formation du nouveau cabinet dans le camp du président de la République, à l'issue d'une très brève et orageuse réunion entre les deux hommes, qui a semblé faire revenir le processus à la case départ.
commentaires (11)
Il est grand temps que l'Europe demande des comptes aux responsables libanais. Où est parti tout cet argent des aides Européennes? Et même, il s'agit de non assistance à peuple en danger. Tous ces responsables ont des comptes et des biens en Europe. Oui des sanctions et tout de suite. il ne faut pas attendre, comme dit le proverbe, s'il devait pleuvoir on aurait vu les nuages...Alors geler les avoirs et tout de suite.
PPZZ58
21 h 25, le 22 mars 2021