Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, qui s'est entretenu avec le président libanais, Michel Aoun, le Premier ministre désigné, Saad Hariri, et le président du Parlement, Nabih Berry, a déploré "le blocage complet depuis des mois" des discussions visant à former un gouvernement au Liban. Il a dans ce contexte estimé que "l’heure est venue de renforcer les pressions pour y parvenir".
Déjà le 22 mars, le ministre français des Affaires étrangères avait demandé à l'Union européenne d'actionner "des leviers" contre les responsables politiques libanais pour qu'un gouvernement soit formé et des réformes lancées dans ce pays "à la dérive".
Dans un communiqué publié lundi soir, M. Le Drian a déploré "le blocage complet depuis des mois des discussions visant à former un gouvernement au Liban, alors même que le pays continue à s’enfoncer dans une crise économique, sociale, humanitaire et politique majeure dont la population libanaise paie le prix chaque jour, plaçant le pays sous une tension dangereuse et inutile".
"Demandes d'un autre temps"
Le ministre français a rappelé que "les forces politiques libanaises dans leur ensemble portent l’entière responsabilité de cette impasse". "L’obstruction délibérée à toute perspective de sortie de crise, en particulier de la part de certains acteurs du système politique libanais, par des demandes inconsidérées et d’un autre temps, doit cesser immédiatement", a insisté Jean-Yves Le Drian.
"La France se tient comme elle l’a toujours fait aux côtés des Libanais. Elle a été et reste au rendez-vous sur le plan humanitaire au bénéfice direct de la population du Liban depuis l'explosion du 4 août (2020). Elle a mobilisé en ce sens ses partenaires européens et internationaux. Mais pour sortir le Liban de la crise, la solution passe par la formation d’un gouvernement compétent, prêt à travailler sérieusement et dans l’intérêt général à la mise en œuvre de réformes connues de tous", a estimé le chef de la diplomatie française.
"C’est la responsabilité de toutes les forces politiques libanaises, qui s’y sont engagées devant le Président de la République française, pour leur pays et les Libanais", a-t-il ajouté. Jean-Yves Le Drian a enfin "indiqué à ses homologues européens, de la région et internationaux qu’après sept mois de blocage, l’heure est venue de renforcer les pressions pour y parvenir".
Le Liban est sans gouvernement actif depuis près de huit mois, après la démission du cabinet de Hassane Diab le 10 août dernier, dans la foulée des explosions au port de Beyrouth. Saad Hariri et Michel Aoun, empêtrés dans des rivalités personnelles et un bras de fer politique sur la distribution des portefeuilles, ne parviennent pas à s'entendre sur la répartition et la nomination des ministres alors qu'un nouvel exécutif est crucial pour réformer le pays en crise.
Le président français, Emmanuel Macron, s'est fortement impliqué, en vain jusqu'à présent, pour tenter de débloquer la crise politique libanaise en lançant en septembre 2020 une initiative en faveur du pays du Cèdre. Après avoir d'abord écarté toute imposition immédiate de sanctions contre les dirigeants libanais, le président Macron a revu sa copie et semble désormais prêt à franchir le pas. "Il nous faudra, dans les prochaines semaines, changer d’approche" au Liban, a-t-il récemment déclaré.
Le pays traverse une crise économique très grave. La dépréciation de la livre libanaise, une explosion de la pauvreté et du chômage, l'érosion du pouvoir d'achat et la précarisation provoquent la colère de l'opinion publique, avec des manifestations et des blocages de routes sporadiques.
commentaires (6)
Paroles... Paroles... Paroles.... Entre temps, nous avons coulé!
Salim Naufal / SOFTNET ENGINEERING
22 h 43, le 29 mars 2021