Rechercher
Rechercher

Économie - Crise

Le Liban devrait profiter de la volonté du FMI d’augmenter sa capacité de prêt

Beyrouth pourrait obtenir des allocations de droits de tirage spéciaux (DTS) de 650 millions de dollars si le conseil exécutif du Fonds monétaire international accepte de les augmenter de 650 milliards de dollars.

Le Liban devrait profiter de la volonté du FMI d’augmenter sa capacité de prêt

Les 650 milliards de dollars de DTS supplémentaires devraient permettre au Liban d’obtenir 650 millions de dollars. Photo d’archives AFP

Mardi dernier, la directrice du Fonds monétaire international (FMI) Kristalina Georgieva confirmait que l’organisation internationale voulait augmenter ses réserves et capacités de prêt de « 650 milliards de dollars » à travers une nouvelle émission de droits de tirage spéciaux (DTS). Cette confirmation faisait suite à une proposition du G20 (de 500 milliards de dollars) et une première annonce par le Fonds fin février. Ce dernier n’avait, alors, pas avancé de chiffres.

Ce mécanisme, qui permet de fournir des liquidités aux États pour augmenter leurs réserves de devises, a pour but principal, selon la directrice du FMI, de « soutenir la reprise mondiale après la crise du Covid-19 ». Le Liban pourrait alors en bénéficier, des secteurs entiers de son économie ayant été affectés non seulement par la situation sanitaire mondiale, mais également par la violente crise – économique, financière, bancaire et sociale – qu’il traverse, aggravée par la destruction partielle de nombreux quartiers de la capitale lors de la double explosion meurtrière au port de Beyrouth le 4 août 2020.

Lire aussi

Le FMI appelle à la formation rapide d’un gouvernement


Les quelques leviers de fortune mis en place par les autorités, qui se sont montrées jusqu’à présent incapables de réformer le pays, pourraient de plus risquer de devenir inopérants à court terme, à l’image des mécanismes de subventions dont bénéficient certaines importations et que les réserves disponibles de devises de la Banque du Liban ne peuvent plus financer longtemps. Or ces mécanismes ont jusqu’à présent permis de mitiger l’inflation – même si celle-ci reste violente – liée à la dépréciation de la livre, désormais loin du seuil de 1 507,5 livres pour un dollar qui était stabilisé par la Banque centrale depuis 1997.

Tandis que le Premier ministre sortant Hassane Diab a averti, il y a deux semaines environ, que les réserves de la BDL ne permettraient pas de financer toutes les subventions (blé, carburant, médicaments, matériel médical et denrées alimentaires) au-delà du mois de juin, certains produits ont déjà été retirés de la liste du panier alimentaire mis en place en mai 2020.

650 millions de dollars pour le Liban

Les DTS sont un moyen pour les États d’augmenter leurs réserves en s’échangeant des DTS à de faibles taux d’intérêt.

Les réserves en devises des États sont en effet constituées d’or, de devises et des DTS, appelés aussi SDR (acronyme de Special Drawing Rights). Ils ont été créés en 1969 pour suppléer les réserves officielles des pays membres, l’or et les devises ne suffisant plus à soutenir la croissance mondiale, et par la suite pour ne pas recourir à l’or dans ce but, dont le taux dans les réserves est stable, et donc éviter les fluctuations de prix de la matière première la plus utilisée en tant que valeur refuge. Les DTS servent également d’unité de mesure au FMI et à certaines autres organisations pour pouvoir octroyer des prêts par exemple, et sont libellés en fonction d’un panier de devises fortes : le dollar (41,73 %), l’euro (30,93 %), la livre sterling (8,09 %), le yen (8,33 %) et le renminbi (yuan chinois à 10,92 %) ajouté depuis octobre 2016. Ils dépendent des quotas que le Fonds octroie aux pays membres et de leur place dans l’économie mondiale.

Lire aussi

Aide internationale au Liban : sortir de la spirale de l’échec


Les droits de tirage spéciaux, dont la valeur varie chaque jour en fonction des fluctuations de chaque monnaie, sont aussi des actifs qui engendrent des intérêts – le taux est déterminé à un rythme hebdomadaire (0,05 % actuellement) – pour les pays membres, le FMI et certaines institutions officielles. Ce n’est pas de la monnaie, mais plutôt des demandes potentielles pour accéder quasi gratuitement à des devises de la part des autres pays membres, qui se les échangent volontairement à travers le VTA (arrangement d’échanges volontaires). Chaque pays possède des « SDR allocations », pour lesquels l’État reçoit des intérêts et les « SDR holdings » pour lesquels il en paye.

En se basant sur la proposition initiale du G20, qui tablait sur 500 milliards de dollars, Barclays Capital, une banque d’investissement britannique, relayée par le Lebanon This Week de Byblos Bank, a estimé début mars que le Liban pourrait ainsi recevoir 500 millions de dollars en DTS de la part du Fonds monétaire international. La banque britannique estime que le quota du pays du Cèdre s’élève à 0,1 % des allocations générales, considérant que les holdings DTS du Liban sont actuellement de 0,3 milliard de dollars. Selon ses calculs, cette somme augmenterait les réserves de la BDL de 2,6 %, la banque estimant qu’elles s’élèvent actuellement à 19,23 milliards de dollars, alors que le ministre sortant des Finances Ghazi Wazni a indiqué il y a deux semaines que les réserves s’élèvent à 16 milliards de dollars.

En considérant les mêmes hypothèses que la banque britannique, les 650 milliards de dollars de DTS supplémentaires devraient permettre au Liban d’obtenir 650 millions de dollars. À noter toutefois qu’il s’agit d’une estimation, le Liban possédant 193,29 millions d’allocations DTS et 195,81 holdings DTS, soit une différence de 2,52 millions de DTS. Le pays utilise entre 500 et 600 millions de dollars par mois pour soutenir les mécanismes de subventions, selon le ministre sortant des Finances. Kristalina Georgieva a fait savoir que cette proposition sera présentée « en juin » au conseil exécutif. Ce dernier devra « au moins à 85 % » approuver ce mécanisme pour que soit mise en place l’augmentation des DTS, a indiqué le porte-parole de l’organisation, Gerry Rice, lors d’une conférence de presse tenue le 1er mars. Il a précisé que la précédente augmentation qui a eu lieu en 2009 a nécessité quatre mois pour être mise en place (d’avril à août 2009). C’était la plus grande hausse des DTS alors, octroyant 250 milliards de dollars d’allocations et 21,5 milliards d’allocations spéciales.

Le Liban devrait occuper une partie des discussions lors de la réunion printanière annuelle du FMI le 30 mars, en raison de la situation politique et monétaire, le pays étant sans gouvernement depuis août 2020. Sans oublier que le Fonds a interrompu, en été 2020, les négociations avec le Liban qui lui avait demandé une aide financière en avril de l’année dernière, en raison d’un désaccord sur le montant des pertes entre le gouvernement de Hassane Diab d’une part, la BDL, l’Association des banques et certains députés d’autre part. En octobre 2020, l’organisation avait estimé que le PIB nominal libanais était passé de 52,5 milliards de dollars en 2019 à 18,7 milliards de dollars en 2020, soit une contraction réelle (en retirant l’effet de l’inflation) de 25 %. La réunion printanière annuelle de la Banque mondiale devrait avoir lieu début avril.


Mardi dernier, la directrice du Fonds monétaire international (FMI) Kristalina Georgieva confirmait que l’organisation internationale voulait augmenter ses réserves et capacités de prêt de « 650 milliards de dollars » à travers une nouvelle émission de droits de tirage spéciaux (DTS). Cette confirmation faisait suite à une proposition du G20 (de 500 milliards de...

commentaires (3)

Le quota du Liban auprès du FMI représente ~0.13% du total. Or, 0.13% * $650mds = ~$865 millions

PAZ

18 h 12, le 29 mars 2021

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Le quota du Liban auprès du FMI représente ~0.13% du total. Or, 0.13% * $650mds = ~$865 millions

    PAZ

    18 h 12, le 29 mars 2021

  • LES TAUREAUX SONT PRIS ENTRE EUX PAR LEURS CORNES ENCHEVETREES. RIEN NE LES CONCERNE QUE L,UN DE METTRE L,AUTRE PAR TERRE. LES AIDES DU FMI, DE LA B.M. ET DES PAYS AMIS ET INVESTISSEURS POUR RENFLOUER LE BATEAU DU FOND DE L,ABYSSE ET FAIRE REVIVRE LE PEUPLE N,EST PAS DANS LEURS PRIORITES AUTRE QUE LEURS EGOS ET LEURS INTERETS PERSONNELS CAD COMMENT SE GARANTIR DE NOUVEAU LA.... LATTA !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 03, le 29 mars 2021

  • Un article symptomatique du problème libanais et qui recommande d’écoper de $650M de dettes supplémentaires... Pour en faire quoi au juste? Repayer les échéances de la dette en cours?

    Mago1

    04 h 56, le 29 mars 2021

Retour en haut