La France va-t-elle se rallier à la « méthode américaine » ? Après avoir écarté en septembre dernier toute imposition immédiate de sanctions contre les dirigeants libanais – « une méthode américaine et non française » –, Emmanuel Macron a revu sa copie et semble désormais prêt à franchir le pas. « Il nous faudra, dans les prochaines semaines, changer d’approche (au Liban) », a déclaré hier le président français lors d’une déclaration à l’Élysée aux côtés de son homologue israélien Reuven Rivlin. Une confirmation à demi-mot, mais au plus haut niveau de l’État, de la réalité de la menace qui plane au-dessus de la classe politique locale.
La veille, un diplomate français avait affirmé à l’AFP que le travail des prochaines semaines consisterait à « accroître les pressions » sur les chefs locaux pour obtenir la formation d’un nouveau gouvernement et que cela pourrait in fine aussi « passer par des sanctions ». Le changement de ton était déjà perceptible la semaine dernière dans les propos du ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, accusant les responsables libanais de « non-assistance à pays en danger », une formule choc laissant entendre qu’ils allaient en subir les conséquences.
« La menace est sérieuse », confirme à L’OLJ un diplomate français. Malgré les deux visites d’Emmanuel Macron à Beyrouth, et tout l’investissement diplomatique qui s’en est suivi dans le cadre de ce qui a été surnommé « l’initiative française », la situation est totalement bloquée politiquement tandis qu’elle se dégrade chaque jour un peu plus sur les plans économique et financier. Les réformes qui étaient déjà considérées comme urgentes il y a six mois – on pourrait même dire depuis des années – le sont encore plus désormais, ce qui pousse Paris à opérer un revirement. « Le temps des responsabilités, en tout cas du test de responsabilités, s’achève », a prévenu hier Emmanuel Macron, alors que la France avait tenté jusqu’ici de faciliter un commun accord entre les différentes composantes de la classe politique, sans quoi il n’était pas possible selon elle d’avancer.
Cette stratégie conciliante vis-à-vis des chefs politiques avait suscité de nombreuses critiques, en particulier de la société civile qui relevait le paradoxe de vouloir intégrer à la solution de sortie de crise les principaux responsables de celle-ci. Le choix français était guidé à l’époque par l’absence d’alternative politique sérieuse et légitime et l’urgence de la situation. Mais les nombreux mois perdus à regarder les dirigeants libanais se déchirer sans accoucher de la moindre avancée ont eu raison de la patience française.
« Ce n’était pas (les sanctions NDLR) la priorité du moment en août/septembre, mais au bout de six/sept mois la question se pose, elle est légitime », a dit mercredi un diplomate français à l’AFP, ajoutant que Paris n’allait pas agir seul « mais avec nos partenaires européens et américains ».
« Long processus »
Plusieurs membres de « l’équipe française » pressaient depuis des mois pour passer à la vitesse supérieure, mais le recours aux sanctions dans le contexte libanais n’est pas un pas facile à franchir. Il créerait une situation inédite du point de vue diplomatique où un État se retrouverait à sanctionner un gouvernement « ami » sans qu’il n’y ait eu de conflit ou de grandes tensions entre les deux. Paris espère encore ne pas avoir à en arriver là et ses sorties récentes visent notamment à « accroître la pression » pour parvenir enfin à un déblocage gouvernemental. La rencontre d’hier entre le président de la République Michel Aoun et le Premier ministre Saad Hariri, qui a laissé entrevoir un embryon de sortie de crise, a peut-être été en partie motivée par la pression française. « Nous avons en tout cas été très clairs avec les dirigeants libanais ces dernières semaines », dit le diplomate français précité. La France semble laisser encore une porte de sortie aux dirigeants locaux alors que, de toute façon, l’imposition d’un régime de sanctions risque de prendre du temps.
Pourquoi ? Parce que pour être efficace, il doit être mis en place à l’échelle européenne, ce qui nécessite une décision prise à l’unanimité de ses membres. « La frustration vis-à-vis de la situation libanaise est très partagée parmi les diplomaties européennes et au-delà, mais dans tous les cas c’est un processus qui prend du temps », admet le diplomate français.
Un régime de sanction spécialement créé pour le Liban pourrait être mis en place à l’instar de ce qui existe pour d’autres pays comme la Syrie. Sur quelles bases juridiques ? Rien ne semble décidé pour le moment. « L’idée est de sanctionner toute personne qui pose un obstacle à la sortie de crise », dit le diplomate français. « On n’enclenche pas des sanctions parce que des gens ne prennent pas leurs responsabilités politiques », avait pourtant affirmé Emmanuel Macron le 1er septembre 2020 à Beyrouth. Pour parvenir à un résultat similaire, les sanctions pourraient viser des personnes ayant trempé dans la corruption ou ayant un lien avec des activités terroristes. Le recours aux sanctions pourrait également être graduel et viser, dans un premier temps, les deuxièmes cercles de pouvoir. Pas question toutefois pour Paris « de ne viser qu’un seul camp », en référence aux partis du 8 Mars, alors que la France a fait de la famille Hariri son principal allié sur la scène libanaise depuis des décennies. « Nous tenons l’ensemble de la classe politique pour responsable de la situation actuelle, même si à des niveaux différents », dit le diplomate français.
Plus rien à perdre
C’est la différence avec l’approche de Washington. Les sanctions américaines contre les dirigeants libanais ne visent pour l’instant qu’un seul camp avec l’objectif d’isoler le Hezbollah de ses alliés. C’est dans cet esprit que les États-Unis ont sanctionné en novembre dernier le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil.
L’arrivée au pouvoir de Joe Biden a toutefois rapproché les points de vue français et américain et pourrait faciliter une action commune à ce niveau-là. La perspective d’être sanctionnés par les puissances occidentales – dans lesquelles ils ont leurs habitudes et où se trouvent une partie de leurs intérêts financiers – va-t-elle les pousser à changer de comportement ? « C’est un levier important mais qui n’est pas suffisant », admet le diplomate français. Les chefs politiques qui sont tournés, à l’instar de Saad Hariri, vers l’Occident devraient prendre la menace au sérieux. Pour d’autres, à l’instar du Hezbollah, déjà lourdement sanctionné par les États-Unis, cela ne devrait pas avoir d’impact immédiat et pourrait, dans un premier temps, le pousser (encore plus) à la surenchère. Quant au camp aouniste, les avis sont partagés. Il est impossible au Liban de prétendre être le leader des chrétiens et le candidat à la présidence lorsqu’on est sanctionné par les États-Unis et par les Européens. Mais en même temps, les sanctions américaines ont pour l’instant poussé Gebran Bassil à être encore plus radical dans ses revendications politiques, considérant qu’il n’avait désormais plus rien à perdre.
commentaires (15)
TRAITEZ LES DE TOUS LES NOMS , ILS S'EN FOUTE UNE SEULE SANCTION LES TOUCHERA: BLOQUER TOUS LEURS FONDS PARTOUT EN EUROPE PUIS DANS LE MONDE ENTIER AVEC UNE SAISIE DE LEURS BIENS IMMOBILIERS A EUX ET TOUTE LEURS FAMILLES LA VERITE C'EST LA SEULE SANCTION QU'ILS MERITENT ET QU'ILS COMPRENNENT POUR ENFIN CEDER AUX DEMANDES LEGITIMES DE MR MACRON ET DE L'ENSEMBLE DU PEUPLE LIBANAIS PUIS AUSSI QUE L'EUROPE METTE HEZBOLLAH SUR LA LISTES DES TERRORISTES AVEC CELA LA REVOLUTION U 17 OCTOBRE AURA ATTEINT SON BUT MERCI MR MACRON ET M GUTHIEREZ
LA VERITE
02 h 10, le 20 mars 2021