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Politique - Éclairage

Sanctions : Paris passe à la vitesse supérieure au Liban

« La menace est sérieuse », confirme un diplomate français à « L’OLJ » qui précise que d’éventuelles sanctions ne « viseraient pas un camp en particulier ».

Sanctions : Paris passe à la vitesse supérieure au Liban

Emmanuel Macron à l’Élysée, à Paris, le 18 mars 2021. Ludovic Marin/AFP

La France va-t-elle se rallier à la « méthode américaine » ? Après avoir écarté en septembre dernier toute imposition immédiate de sanctions contre les dirigeants libanais – « une méthode américaine et non française » –, Emmanuel Macron a revu sa copie et semble désormais prêt à franchir le pas. « Il nous faudra, dans les prochaines semaines, changer d’approche (au Liban) », a déclaré hier le président français lors d’une déclaration à l’Élysée aux côtés de son homologue israélien Reuven Rivlin. Une confirmation à demi-mot, mais au plus haut niveau de l’État, de la réalité de la menace qui plane au-dessus de la classe politique locale.

La veille, un diplomate français avait affirmé à l’AFP que le travail des prochaines semaines consisterait à « accroître les pressions » sur les chefs locaux pour obtenir la formation d’un nouveau gouvernement et que cela pourrait in fine aussi « passer par des sanctions ». Le changement de ton était déjà perceptible la semaine dernière dans les propos du ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, accusant les responsables libanais de « non-assistance à pays en danger », une formule choc laissant entendre qu’ils allaient en subir les conséquences.

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« La menace est sérieuse », confirme à L’OLJ un diplomate français. Malgré les deux visites d’Emmanuel Macron à Beyrouth, et tout l’investissement diplomatique qui s’en est suivi dans le cadre de ce qui a été surnommé « l’initiative française », la situation est totalement bloquée politiquement tandis qu’elle se dégrade chaque jour un peu plus sur les plans économique et financier. Les réformes qui étaient déjà considérées comme urgentes il y a six mois – on pourrait même dire depuis des années – le sont encore plus désormais, ce qui pousse Paris à opérer un revirement. « Le temps des responsabilités, en tout cas du test de responsabilités, s’achève », a prévenu hier Emmanuel Macron, alors que la France avait tenté jusqu’ici de faciliter un commun accord entre les différentes composantes de la classe politique, sans quoi il n’était pas possible selon elle d’avancer.

Cette stratégie conciliante vis-à-vis des chefs politiques avait suscité de nombreuses critiques, en particulier de la société civile qui relevait le paradoxe de vouloir intégrer à la solution de sortie de crise les principaux responsables de celle-ci. Le choix français était guidé à l’époque par l’absence d’alternative politique sérieuse et légitime et l’urgence de la situation. Mais les nombreux mois perdus à regarder les dirigeants libanais se déchirer sans accoucher de la moindre avancée ont eu raison de la patience française.

« Ce n’était pas (les sanctions NDLR) la priorité du moment en août/septembre, mais au bout de six/sept mois la question se pose, elle est légitime », a dit mercredi un diplomate français à l’AFP, ajoutant que Paris n’allait pas agir seul « mais avec nos partenaires européens et américains ».

« Long processus »

Plusieurs membres de « l’équipe française » pressaient depuis des mois pour passer à la vitesse supérieure, mais le recours aux sanctions dans le contexte libanais n’est pas un pas facile à franchir. Il créerait une situation inédite du point de vue diplomatique où un État se retrouverait à sanctionner un gouvernement « ami » sans qu’il n’y ait eu de conflit ou de grandes tensions entre les deux. Paris espère encore ne pas avoir à en arriver là et ses sorties récentes visent notamment à « accroître la pression » pour parvenir enfin à un déblocage gouvernemental. La rencontre d’hier entre le président de la République Michel Aoun et le Premier ministre Saad Hariri, qui a laissé entrevoir un embryon de sortie de crise, a peut-être été en partie motivée par la pression française. « Nous avons en tout cas été très clairs avec les dirigeants libanais ces dernières semaines », dit le diplomate français précité. La France semble laisser encore une porte de sortie aux dirigeants locaux alors que, de toute façon, l’imposition d’un régime de sanctions risque de prendre du temps.

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Pourquoi ? Parce que pour être efficace, il doit être mis en place à l’échelle européenne, ce qui nécessite une décision prise à l’unanimité de ses membres. « La frustration vis-à-vis de la situation libanaise est très partagée parmi les diplomaties européennes et au-delà, mais dans tous les cas c’est un processus qui prend du temps », admet le diplomate français.

Un régime de sanction spécialement créé pour le Liban pourrait être mis en place à l’instar de ce qui existe pour d’autres pays comme la Syrie. Sur quelles bases juridiques ? Rien ne semble décidé pour le moment. « L’idée est de sanctionner toute personne qui pose un obstacle à la sortie de crise », dit le diplomate français. « On n’enclenche pas des sanctions parce que des gens ne prennent pas leurs responsabilités politiques », avait pourtant affirmé Emmanuel Macron le 1er septembre 2020 à Beyrouth. Pour parvenir à un résultat similaire, les sanctions pourraient viser des personnes ayant trempé dans la corruption ou ayant un lien avec des activités terroristes. Le recours aux sanctions pourrait également être graduel et viser, dans un premier temps, les deuxièmes cercles de pouvoir. Pas question toutefois pour Paris « de ne viser qu’un seul camp », en référence aux partis du 8 Mars, alors que la France a fait de la famille Hariri son principal allié sur la scène libanaise depuis des décennies. « Nous tenons l’ensemble de la classe politique pour responsable de la situation actuelle, même si à des niveaux différents », dit le diplomate français.

Plus rien à perdre

C’est la différence avec l’approche de Washington. Les sanctions américaines contre les dirigeants libanais ne visent pour l’instant qu’un seul camp avec l’objectif d’isoler le Hezbollah de ses alliés. C’est dans cet esprit que les États-Unis ont sanctionné en novembre dernier le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil.

Pour mémoire

Pour des sanctions internationales contre les dirigeants libanais

L’arrivée au pouvoir de Joe Biden a toutefois rapproché les points de vue français et américain et pourrait faciliter une action commune à ce niveau-là. La perspective d’être sanctionnés par les puissances occidentales – dans lesquelles ils ont leurs habitudes et où se trouvent une partie de leurs intérêts financiers – va-t-elle les pousser à changer de comportement ? « C’est un levier important mais qui n’est pas suffisant », admet le diplomate français. Les chefs politiques qui sont tournés, à l’instar de Saad Hariri, vers l’Occident devraient prendre la menace au sérieux. Pour d’autres, à l’instar du Hezbollah, déjà lourdement sanctionné par les États-Unis, cela ne devrait pas avoir d’impact immédiat et pourrait, dans un premier temps, le pousser (encore plus) à la surenchère. Quant au camp aouniste, les avis sont partagés. Il est impossible au Liban de prétendre être le leader des chrétiens et le candidat à la présidence lorsqu’on est sanctionné par les États-Unis et par les Européens. Mais en même temps, les sanctions américaines ont pour l’instant poussé Gebran Bassil à être encore plus radical dans ses revendications politiques, considérant qu’il n’avait désormais plus rien à perdre.

La France va-t-elle se rallier à la « méthode américaine » ? Après avoir écarté en septembre dernier toute imposition immédiate de sanctions contre les dirigeants libanais – « une méthode américaine et non française » –, Emmanuel Macron a revu sa copie et semble désormais prêt à franchir le pas. « Il nous faudra, dans les prochaines semaines, changer...

commentaires (15)

TRAITEZ LES DE TOUS LES NOMS , ILS S'EN FOUTE UNE SEULE SANCTION LES TOUCHERA: BLOQUER TOUS LEURS FONDS PARTOUT EN EUROPE PUIS DANS LE MONDE ENTIER AVEC UNE SAISIE DE LEURS BIENS IMMOBILIERS A EUX ET TOUTE LEURS FAMILLES LA VERITE C'EST LA SEULE SANCTION QU'ILS MERITENT ET QU'ILS COMPRENNENT POUR ENFIN CEDER AUX DEMANDES LEGITIMES DE MR MACRON ET DE L'ENSEMBLE DU PEUPLE LIBANAIS PUIS AUSSI QUE L'EUROPE METTE HEZBOLLAH SUR LA LISTES DES TERRORISTES AVEC CELA LA REVOLUTION U 17 OCTOBRE AURA ATTEINT SON BUT MERCI MR MACRON ET M GUTHIEREZ

LA VERITE

02 h 10, le 20 mars 2021

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Commentaires (15)

  • TRAITEZ LES DE TOUS LES NOMS , ILS S'EN FOUTE UNE SEULE SANCTION LES TOUCHERA: BLOQUER TOUS LEURS FONDS PARTOUT EN EUROPE PUIS DANS LE MONDE ENTIER AVEC UNE SAISIE DE LEURS BIENS IMMOBILIERS A EUX ET TOUTE LEURS FAMILLES LA VERITE C'EST LA SEULE SANCTION QU'ILS MERITENT ET QU'ILS COMPRENNENT POUR ENFIN CEDER AUX DEMANDES LEGITIMES DE MR MACRON ET DE L'ENSEMBLE DU PEUPLE LIBANAIS PUIS AUSSI QUE L'EUROPE METTE HEZBOLLAH SUR LA LISTES DES TERRORISTES AVEC CELA LA REVOLUTION U 17 OCTOBRE AURA ATTEINT SON BUT MERCI MR MACRON ET M GUTHIEREZ

    LA VERITE

    02 h 10, le 20 mars 2021

  • Ça a l'air d'une vitesse essoufflée.

    Esber

    00 h 34, le 20 mars 2021

  • N'oubliez pas aussi ceux qui ont pu , par leur autorité, transféré des milliards à l'étranger, tandis que le reste des déposants sont malmenés par les banques qui les retiennent avec leurs économies en otages.

    Esber

    21 h 43, le 19 mars 2021

  • Nous savons de toutes façons que si sanctions il y a, ce sera uniquement le peuple qui en souffrira, comme en Irak, comme en Iran. Les autres, les responsables, ils auront toujours un parachute doré pour subsister!

    Politiquement incorrect(e)

    18 h 26, le 19 mars 2021

  • Faites venir les vrais libanais de l'étranger pour faire un gouvernement , on n'en a mare du Hezbollah et de l'Iran , maintenant il y a aussi la Russie et la Chine , pauvre Liban ????????

    Eleni Caridopoulou

    18 h 10, le 19 mars 2021

  • Neuf supers-commentaires, très au fait de tout ce qui se passe au Liban, je ne rajouterai rien de plus, même si l’envie ne me manque pas, mes compatriotes démontrent leur attachement au Pays, et leur lucidité de la situation dans laquelle les dirigeants en place depuis quatre longues et douloureuses années ont fait pour saccager ce qui restait de notre cher Liban après la guerre dévastatrice. Le pays a perdu ses plus vaillants combattants de la Paix, parmi lesquels deux présidents de la République, Deux Présidents du conseil, de nombreux députés sans oublier les martyrs civils et militaires qui ont offert leur vie pour que vive le Liban Libre. Que dire de plus les faits parlent d’eux-mêmes et pas besoin du doigt levé pour nous donner des conseils, la vie nous a appris à ne pas faire confiance aux occupants d’où qu’ils viennent… N.B. je salue l’humour de tous en ce temps de misère.

    Le Point du Jour.

    16 h 30, le 19 mars 2021

  • Un pas en avant, deux pas en arrière. La France déclare que les sanctions prendront du temps comme s’ils n’avaient pas eu sept mois pour préparer un plan B depuis leur intervention. C’est quoi le projet que ces pays nous mijotent en laissant le temps aux fossoyeurs d’arriver à leur but d’anéantir notre pays? Parce que le plan est en marche et les hésitations des pays aidants ne font que renforcer la prise en tenaille du pays et la détermination des vendus. Le temps n’est pas notre allié il joue contre nous et tout le monde le sait, alors qu’est ce qu’ils attendent pour mettre à exécution leurs menaces avant qu’il ne soit trop tard.

    Sissi zayyat

    12 h 58, le 19 mars 2021

  • Cher Président Macron Vous avez à faire à des pervers narcissiques et comme vous le savez très très bien, vous n’arriverez pas à raisonner avec cette horde sombre et archaïque. Donc,on vous prie vivement de les sanctionner sévèrement et de rapatrier notre argent et économies d’une vie parce que nous en avons besoin pour vivre dignement et parce que nous le méritons après 45 ans de tortures.

    Wow

    12 h 25, le 19 mars 2021

  • Sanctionnez aoun, jreïssati, Jamil sayed, bassil, berry, joumblat, leurs familles proches et lointaines, leurs conseillers, sympathisants et prête noms connus.

    DJACK

    10 h 58, le 19 mars 2021

  • BLOQUEZ TOUS LEURS AVOIRS, CEUX EN LEUR NOMS ET AUX NOMS VDES MEMBRES DE LEURS FAMILLES ET DE SOCIETES OFFSHORE PAR TOUT DANS LE MONDE POUR RECUPERER LES ECONOMIES D,UNE VIE DU PEUPLE LIBANAIS, RESIDENTS ET DIASPORA, DEVALISES PAR CES VOLEURS MAFIEUX ET OBLIGEZ A LEUR DEPART ET LA FORMATION D,UN GOUVERNEMENT DE MINISTRES INDEPENDANTS COMME L,AVAIT SUGGERE MACRON ET VEUT L,APPLIQUER HARIRI. AMIS DU LIBAN, SAUVEZ LE LIBAN DES CLIQUES MAFIEUSES ET DES MERCENAIRES IRANIENS. CE N,EST SEULEMENT PAS UNE AIDE. C,EST VOTRE DEVOIR.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 17, le 19 mars 2021

  • Il est temps de sanctionner cette clique d’incapables et de fossoyeurs de l’état et surtout leur demander de restituer ce qu’ils ont volé

    mokpo

    08 h 46, le 19 mars 2021

  • Un qui doit bien rire, c'est Georges Malbrunot! Souvenons-nous comment il s'était fait tancer publiquement par Macron pour avoir évoqué la possibilité de sanctions à l'encontre de la classe dirigeante libanaise.

    Yves Prevost

    07 h 54, le 19 mars 2021

  • Caramels, bonbons et chocolats Par moments, je ne te comprends pas Merci, pas pour moi mais tu peux bien les offrir à une autre Qui aime le vent et le parfum des roses Moi les mots tendres enrobés de douceur Se posent sur ma bouches, mais jamais sur mon coeur Paroles et paroles et paroles Paroles et paroles et paroles Paroles et paroles et paroles Paroles et paroles et paroles et paroles et paroles Et encore des paroles que tu sèmes au vent

    Gros Gnon

    06 h 29, le 19 mars 2021

  • Si la France, les européens et les américains se font duper par la soit disante éclaircie entre le préz et le sheikh pour former un gouvernement, ils seraient trop naïfs pour intervenir sérieusement et aider le pays du cèdre ou, trop impliqués dans le complot visant la destruction du pays du cèdre...pas d'autres options .

    Wlek Sanferlou

    03 h 08, le 19 mars 2021

  • Il est grand temps que la France prenne des leçons des américains. Les décideurs de la classe politique libanaise ( je ne dis pas "responsables politique parce qu'ils sont IRRESPONSABLES justement). Donc ces personnes ne comprennent QUE le langage DU BATON. La parole, la civilisation, la culture, les conseils...Ils ne savent pas. Leur EGO est de loin plus fort que toute logique humaine ou compétence dans ce domaine politique. Merci à la France d'avoir ENFIN compris que le BATON à garder sur leur tête comme épée de Damoclès peut les faire avancer. SURTOUT ne pas croire en leur dite "avancée ou entente"; Une fois le BATON retiré, leur EGO surdimensionné remontera à la surface. il faut les garder sous pression et même je pencherais vers l'idée qu'il faudrait commencer à sanctionner. Il est grand temps qu'ils commencent à payer après tout non? Bonne journée tout le monde.

    LE FRANCOPHONE

    01 h 45, le 19 mars 2021

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