Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a accusé jeudi les responsables politiques libanais de "non assistance à pays en danger", alors que le Liban est plongé dans une crise socio-économique sans précédent.
"Je serais tenté de qualifier les responsables politiques libanais de non assistance à pays en danger, tous autant qu'ils soient", a déclaré à la presse M. Le Drian, dénonçant l'inaction de la classe politique face au risque "d'effondrement" du pays.
"C'est aux autorités libanaises de prendre en main le destin de leur pays, en sachant que la communauté internationale regarde avec angoisse" la situation se dégrader, a-t-il prévenu, nouvelle expression de la pression que la France tente de mettre depuis des mois sur les dirigeants politiques libanais pour qu'ils forment un gouvernement, pour l'instant sans succès. "Si le Liban s'effondrait ce serait une catastrophe pour les Libanais (...) pour les réfugiés palestiniens, syriens, et pour l'ensemble de la région. Il est encore temps d'agir, parce que demain il sera trop tard", a-t-il mis en garde.
Le Liban, en proie à sa plus grave crise socio-économique en trente ans, est sans gouvernement depuis exactement sept mois, après la démission du Premier ministre Hassane Diab six jours après l'explosion meurtrière du 4 août au port de Beyrouth. Le président français Emmanuel Macron, qui s'est rendu à deux reprises depuis l'explosion à Beyrouth, a tenté - sans succès jusqu'ici - d'arracher la formation d'un gouvernement prêt à engager des réformes structurelles pour sortir le Liban de l'ornière politique et sociale, alors que la communauté internationale a préparé un plan d'aide soumis à certaines conditions, dont la mise en place d'un gouvernement.
Le Premier ministre désigné, Saad Hariri, a enchaîné depuis plusieurs semaines les visites à l'étranger, afin d'obtenir le soutien de la communauté internationale dans sa mission de former le prochain gouvernement. Le processus gouvernemental stagne en raison des tensions entre le chef de l'État Michel Aoun et Saad Hariri, désigné le 22 octobre 2020 pour former un cabinet de "mission" tel que préconisé par l'initiative française en faveur du Liban. Les divergences entre MM. Aoun et Hariri portent notamment sur la forme de la future équipe, le nombre de ministres, et la répartition des portefeuilles. Elles sont régulièrement attisées par des échanges de communiqués acerbes entre leurs formations politiques respectives.
Le Premier ministre désigné est rentré mardi soir à Beyrouth après un séjour aux Emirats arabes unis durant lequel il s'est entretenu avec le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, ce dernier renouvelant son soutien à l'initiative française. La Russie avait déjà apporté son soutien mi-février à la feuille de route de Paris, en pressant pour la formation d’un gouvernement de mission présidé par M. Hariri.
Suite à une dépréciation record de la livre libanaise, tout le Liban avait été paralysé ces derniers jours par des blocages de routes par des manifestants en colère. Mercredi, après plus d'une semaine de protestations, l'armée a rouvert les routes sans incidents.
commentaires (18)
Tant que le parlement et le président de la république ne seront pas élus au suffrage universel direct , il n'y aura pas de solution pour le Liban
nabil zorkot
13 h 37, le 12 mars 2021