Le président français Emmanuel Macron a jugé mercredi nécessaire de "changer d'approche" au Liban, toujours sans gouvernement et embourbé dans une crise socio-économique sans précédent, accusant en creux les responsables libanais d'avoir failli à leurs responsabilités. M. Macron s'est fortement impliqué, en vain jusqu'à présent, pour tenter de débloquer la crise politique libanaise en lançant en septembre dernier une initiative en faveur du pays du Cèdre.
"Je nous crois convaincus l’un et l’autre que le temps des responsabilités, en tout cas du test de responsabilité, s’achève. Et qu’il nous faudra, dans les prochaines semaines, de manière très claire, sans doute changer d’approche, de méthode", a lancé M. Macron, lors d'une déclaration à l’Élysée aux côtés de son homologue israélien Reuven Rivlin avec qui il venait de s'entretenir. "Nous devons tout faire pour éviter l'effondrement du pays et donc accélérer la formation d'un gouvernement et (la mise en œuvre) des réformes nécessaires", a-t-il encore dit, réitérant son attachement "au peuple libanais". "Nous ne pouvons laisser le peuple libanais depuis août dans la situation où il est", a poursuivi le président français.
Ces propos interviennent alors que mercredi, une source diplomatique française avait indiqué à des journalistes qu'Européens et Américains doivent accroître les "pressions" sur la classe politique libanaise pour obtenir la formation d'un nouveau gouvernement et cela pourrait in fine aussi passer par des "sanctions". Et le 11 mars, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian avait accusé les responsables politiques libanais de "non-assistance à pays en danger" en se refusant à sortir du statu quo et de la paralysie politique.Depuis la démission du gouvernement de Hassane Diab après la tragique explosion au port de Beyrouth le 4 août 2020, la classe politique n'a pas réussi à s'entendre sur la formation d'un nouveau cabinet capable de mener des réformes alors que le pays est au bord du chaos économique. Ces derniers jours, les pressions dans la rue (des protestations en raison de la crise économique et de la forte dépréciation de la livre libanaise) et sur le plan de la diplomatie internationale s'accentuent sur le président Aoun et le Premier ministre désigné Saad Hariri afin d'aboutir à un déblocage de cette crise politique. Jeudi, au lendemain de l'appel lancé par Michel Aoun à Saad Hariri pour former "immédiatement" le gouvernement ou "céder sa place", ce dernier s'est rendu au palais de Baabda et s'est entretenu avec le chef de l'Etat pour la 17e fois depuis sa nomination le 22 octobre 2020. Si, à l'issue de l'entretien, le Premier ministre désigné n'a pas annoncé de percée concrète au niveau du dossier gouvernemental, il a tout de même évoqué une "opportunité qu'il faut saisir" et signalé qu'une nouvelle réunion aura lieu avec le président lundi. Jeudi après-midi, après cette réunion entre le président et le Premier ministre, la livre s'échangeait à environ 12.400 contre le billet vert.
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En effet, je pense qu'il est grand temps que les Libanais se réapproprient leur pays
CAMAYOU / INEOS
12 h 33, le 19 mars 2021