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Politique - DIX ANS DE CONFLIT/ÉCLAIRAGE

Comment la guerre syrienne a transformé le Hezbollah

L’intervention du parti chiite a bouleversé son ADN, faisant de la milice libanaise une puissante force régionale dans un environnement qui lui est de plus en plus hostile.
Comment la guerre syrienne a transformé le Hezbollah

Des miliciens du Hezbollah. Mahmoud Zayyat/Archives AFP

« Prie pour Mohammad et pour Ahli Mohammad. À tes ordres, ya Hussein ! Yes, Hezbollah ! » Trois blonds dans des treillis trop larges répètent dans un arabe maladroit les cris de ralliement d’un quatrième jeune homme, visiblement d’humeur badine. Nous sommes en 2016, dans une caserne de Syrie : des soldats russes au regard un peu perdu donnent la réplique à un combattant du Hezbollah. Parachutés en uniformes ultrasophistiqués, ces jeunes Russes semblent être les figurants d’une chorégraphie dont ils ignorent le sens.

Rien de surprenant a priori. À l’heure où les images sont tournées, la présence conjointe de forces étrangères en territoire syrien venues épauler le régime de Bachar el-Assad face aux insurgés est notoire depuis 2015 déjà pour les Russes et depuis 2013 pour le parti chiite libanais. Pourtant, derrière cette atmosphère bon enfant et déjà victorieuse, se cachent des enjeux décisifs et une équation militaire qui était loin d’être acquise. Malgré les impressions de camaraderie exhibées, les relations entre alliés ne se font pas sans rivalités et, surtout, l’image d’Épinal réussirait presque à faire oublier que le Hezbollah n’a pas toujours assumé avec autant de facilité son aventure syrienne.

Pour comprendre comment on en est arrivé là, il faut remonter aux origines de la guerre. Nous sommes en 2011, le monde entier s’enflamme face aux espoirs suscités par les printemps arabes. Le Hezbollah ne fait pas exception : il s’était jusque-là prononcé en faveur des révolutions tunisiennes, égyptiennes ou yéménites. Mais quand ont lieu les premières manifestations en Syrie, à Deraa puis dans le reste du pays, les dirigeants du parti sont face à un dilemme, « pris en grand écart entre deux thèmes qui leur sont chers, à savoir la révolution anti-establishment et la résistance anti-israélienne », observe Didier Leroy, chercheur à l’Institut royal supérieur de défense. Ils feront progressivement le choix de la résistance. Mais dès le début, l’engagement syrien du mouvement se fait en sacrifiant une partie de son socle idéologique.

« La stratégie de survie pure et dure prend le dessus »

Cette année zéro de la guerre en Syrie voit la révolution pacifique se muer en conflit armé. Pour le Hezbollah, c’est une question de survie. La chute du régime couperait la voie terrestre qui le lie à son parrain iranien et lui ferait perdre un allié de poids dans l’autoproclamé axe de la résistance.

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La formation chiite décide, dans un premier temps, de protéger la frontière entre le Liban et la Syrie et les circuits logistiques afin de continuer à pouvoir faire circuler des armes et toutes sortes de marchandises. « La disparition du régime aurait mis en danger cela, le Hezbollah a donc dû intervenir pour que sa propre existence ne soit pas menacée », observe Mohanad Hage Ali, chercheur et directeur de la communication du Carnegie Middle East Center.Dès 2012, « la stratégie de survie pure et dure prend le dessus », résume Didier Leroy. Elle se traduit par l’envoi de contingents en direction de la Syrie. « L’information filtre dans les médias que la composante armée de la résistance islamique aurait commencé à envoyer des unités », poursuit ce dernier. Mais il s’agit jusque-là d’un engagement timoré. « L’intervention est progressive, d’abord pour protéger les villages libanais dans la région du Hermel, puis certains villages chrétiens », explique Fayçal Abdelsater, journaliste proche du Hezbollah. Une sorte de premier avertissement a minima, afin « d’empêcher la frontière syro-libanaise de devenir un problème », estime Mohanad Hage Ali, en y repoussant les groupes armés sunnites qui, s’ils s’y implantaient, pourraient menacer ses positions au Liban. C’est le « fameux axe sunnite, Tripoli-Ersal-Anjar, perçu comme un axe en gestation, qu’il fallait absolument briser », souligne Didier Leroy.

L’opération est en marche mais, officiellement, le parti ne l’assume pas. Il faut dire que le choix est difficile à justifier pour un mouvement qui a fondé une bonne partie de son identité politique, et surtout la légitimité de son existence armée, sur la résistance à l’ennemi sioniste. « C’est une chose de se battre sur son propre territoire contre Israël, c’en est une autre de partir combattre en dehors des frontières nationales contre des civils musulmans… », rappelle Didier Leroy.

La victoire de 2006 contre Israël est fraîche dans les esprits et le Hezbollah jouit encore d’une certaine aura dans la région, notamment auprès de l’opinion arabo-sunnite qui voit alors en Hassan Nasrallah « le nouvel homme fort après Nasser et le premier à avoir su infliger une défaite à Israël », poursuit ce dernier. En faisant le choix de Damas plutôt que de Jérusalem, le parti prend un virage serré qui l’éloignera de l’opinion publique arabe qu’il avait pourtant su convaincre, un temps du moins.Le Hezbollah avait-il le choix ? Selon plusieurs sources, l’ordre est venu de Téhéran, ce parrain qui le finance depuis des décennies et à qui il a prêté allégeance en particulier pour tout ce qui concerne les dossiers stratégiques. Le 22 avril 2013, Hassan Nasrallah s’était secrètement rendu à Téhéran pour discuter du dossier avec le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei. Beaucoup d’observateurs avaient alors interprété cette visite comme le signe que le parti de Dieu agissait sur injonction de son parrain iranien. « Je sais que les Libanais dans les rangs du Hezbollah, et le Sayyed plus que quiconque, ne sont pas convaincus de cette guerre », affirme à Reuters le cheikh Sobhi al-Toufayli, secrétaire général du parti de 1989 à 1991.

« Nous sommes la victoire de Dieu »

Mais les véritables motivations du leadership du parti ne changent rien au volontarisme de la campagne militaire et à la fermeté de la stratégie de communication. À partir de l’année 2013, le Hezbollah ne semble plus s’encombrer des précautions des premiers temps. Le ton s’affermit. Les allusions à la guerre en Syrie sont de moins en moins dissimulées. Le 30 avril, une semaine après la rencontre secrète de Téhéran, le secrétaire général du parti tient un discours télévisé qui marquera les esprits. Il y maintient que la Syrie dispose de « véritables amis dans la région » qui ne la laisseront pas « tomber aux mains des Américains, d’Israël et des groupes “takfiristes”». La rhétorique s’articule désormais autour de nouveaux arguments religieux, et notamment de la défense des lieux saints de l’islam chiite. « Nous sommes la colère de Dieu, la victoire de Dieu » : des clips musicaux à la gloire de « Sayyidah Zeynab », du nom du tombeau abritant la fille de Ali en Syrie, commencent à circuler sur internet.

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Cette même année, la bataille de Qousseir, au mois de juin, est décisive dans l’aventure syrienne de la formation chiite. « À partir de là, cet engagement discret et relatif se transforme en une campagne militaire de nature offensive qui sera assumée publiquement », note Didier Leroy. Le parti a dû y surmonter un environnement hostile et des difficultés logistiques « dans des régions éloignées de ses terres d’origine, face à des groupes extrémistes à l’idéologie dangereuse », affirme Faycal Abdelsater. La victoire à Qousseir change également le rapport de forces sur le terrain. La dynamique sera désormais en faveur du régime et de ses alliés, qui « commencent à trouver un second souffle », observe Didier Leroy.

La suite, lors des campagnes de Qalamoun de novembre 2013 et de l’été 2014, sera une confirmation progressive de cet avantage stratégique. Une fois l’objectif initial de sécuriser la frontière atteint, il s’agit d’avancer ses positions plus en profondeur à l’intérieur du territoire syrien. Pour cela, l’Iran et le Hezb recrutent des dizaines de milliers de miliciens, des chiites venus d’Irak ou d’Afghanistan, comme fantassins afin de défendre les rangs de la « résistance ».

Jihad défensif

Au-delà des victoires militaires, c’est tout le récit de la guerre qui change à ce moment. Les groupes islamistes armés occupaient déjà le terrain dans les régions de l’opposition. Mais l’arrivée de l’État islamique en 2014, avec ses mises en scène spectaculaires, terrorise et contribue à peser sur une partie de l’opinion publique arabe. Les images de conquêtes sanglantes font le tour du monde et permettent accessoirement au Hezbollah de parachever sa rhétorique anti-“takfiriste” en se présentant comme le protecteur des minorités contre les forces obscurantistes de l’islam radical. Sur la scène intérieure libanaise, ce discours a une certaine résonance même auprès des plus sceptiques. « Les camps historiquement opposés au parti de Dieu, comme les Forces libanaises, continuaient officiellement de fustiger sa présence en Syrie. Mais en grattant la surface auprès d’une partie de la population chrétienne, il y avait une peur réelle », note Didier Leroy.

Si le parti insiste pour parler d’un combat légitime contre le « takfirisme », c’est que chaque mot est lourd de sens. Il ne peut pas se permettre de paraître hostile à l’islam, même sunnite, sans prendre le risque de provoquer la colère d’une partie de l’opinion publique libanaise, arabe et musulmane. Parler d’une lutte contre le « jihad » est tout aussi problématique dans la mesure où le Hezbollah se réfère au mot « moujahidine » pour parler de ses propres combattants. En parlant à longueur de journée de lutte contre le « takfirisme », le parti esquisse une nouvelle ligne de communication au sein de laquelle il différencie le jihad chiite du jihad sunnite. « Le Hezbollah considère son intervention en Syrie comme une sorte de jihad défensif dicté par les circonstances, dans le but de repousser les menaces existentielles représentées par l’État islamique, le Front al-Nosra, et leurs dérivatifs de l’islam militant sunnite », explique Joseph al-Agha, spécialiste de l’idéologie du Hezbollah et professeur à l’université Haigazian.

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En parallèle, l’intervention implique une reconfiguration de ses relations avec Damas. Certains seniors du parti n’ont pas oublié les drames de la guerre civile libanaise, comme le massacre de Fathallah perpétré par les troupes syriennes en février 1987 contre des membres du Hezbollah. Mais le vent a tourné, et le destin ou les intérêts communs ont rapproché ces anciens adversaires. Sur la scène interne, le parti gagne en indépendance à partir du retrait officiel du régime syrien, en 2005. En 2006 face à Israël, le Hezbollah avait déjà pu compter sur l’arrière-cour syrienne afin de se replier lorsque nécessaire. Mais pendant longtemps, « le régime syrien ne voit dans le Hezbollah qu’une carte à jouer dans les négociations », estime Mohanad Hage Ali. La guerre syrienne permet au parti de rendre les faveurs de 2006 et de reprendre la main en venant au secours de Damas.

« Les combattants n’ont pas le droit de parler »

Le tableau n’est pourtant pas idyllique, et des zones d’ombre persistent. Au Liban, le parti doit d’abord faire face à de lourdes pertes : le retour en martyrs de près de 2 000 soldats, sur les 8 000 engagés en Syrie, selon les estimations, fait grincer des dents. « Le mouvement a perdu plus d’hommes en Syrie que contre Israël : un seuil symbolique difficile à défendre compte tenu de leur ligne idéologique initiale », note Didier Leroy. Le sujet reste tabou jusqu’à aujourd’hui. Tous les combattants que L’OLJ a tenté de contacter ont refusé de répondre sans le feu vert du parti. « Les combattants n’ont pas le droit de parler », affirme Rana Sahili, responsable du bureau de communication du Hezbollah.

Le parti, dont la réputation avait déjà été écorchée par le coup de force de mai 2008 au Liban, perd également beaucoup de son aura régionale dans le sillage des atrocités commises en Syrie. « Cela a été un choc majeur pour l’opinion arabe, qui découvre qu’il y a plus cruel qu’Israël : le régime syrien », note Mohanad Hage Ali.

D’autant que sur le terrain militaire, la victoire n’est pas totale. En mai 2016, le mouvement attribue l’assassinat, à Damas, d’un haut dirigeant du parti, Moustapha Badreddine, aux « groupes takfiristes ». Certaines parties du territoire syrien échappent toujours au contrôle du régime et de ses alliés. À Idleb par exemple, les insurgés reprennent du terrain et administrent la région de manière autonome. L’intervention russe de 2015 contribuera à inverser de nouveau la tendance en fournissant « une formidable couverture aérienne, presque providentielle », observe Didier Leroy. À partir de là, la présence iranienne au sol et le soutien russe dans les airs permettent de reconquérir une partie des régions perdues et de consolider les gains. Le Hezbollah participe aux grandes batailles décisives, la prise d’Alep en décembre 2016, la Ghouta orientale en 2018.

À partir de fin 2016-début 2017, l’évolution du scénario militaire commence à faire émerger le camp des vaincus et celui des vainqueurs. Le Hezbollah appartient à ce dernier et sort grandi de l’aventure syrienne. La pratique du terrain lui a aussi permis de développer ses capacités militaires. « À Qousseir, dans la Ghouta, ou à Alep : toutes les batailles auxquelles le Hezbollah a participé ont mené à des victoires franches », dit fièrement Fayçal Abdelsater. Mais il doit une partie de ses victoires à l’alliance « de la couverture aérienne russe, des forces iraniennes, de la milice palestinienne prosyrienne de la brigade de Jérusalem, et des milices chiites, irakiennes et afghanes », estime Joseph al-Agha.

Le parti gagne également en matière de maîtrise des équipements, en expertise stratégique, et apprend à encadrer d’autres milices étrangères sur le terrain. Il change de statut : de milice chiite libanaise (im)portée par l’Iran, il devient une véritable force de frappe régionale qui s’assume et s’implique en Irak et dans une moindre mesure au Yémen. Les forces iraniennes parviennent à sécuriser un corridor qui permet de relier l’Iran au Liban.

L’euphorie ne va toutefois pas durer. L’avancée des Iraniens et du Hezbollah, particulièrement dans le Sud syrien, est vue d’un très mauvais œil par Israël. Le Hezbollah cherche à s’y implanter pour bénéficier d’un deuxième front contre l’État hébreu. Mais ce dernier va effectuer des milliers de raids sur les positions iraniennes, avec le feu vert russe, pour annihiler cette tentative d’implantation. Deux faiblesses du Hezbollah vont ainsi être mises en relief : son silence face aux frappes israéliennes en Syrie, alors qu’il considère avoir imposé à son ennemi le principe de dissuasion au Liban ; sa dépendance vis-à-vis du système de défense antiaérien russe, alors que Moscou laisse faire son partenaire israélien.

Le conflit a transformé le mouvement, mais en le rendant plus fort sur le plan stratégique et militaire, il l’a aussi rendu moins adapté à son environnement régional, déconnecté des besoins d’une partie de sa base populaire et en divorce avec l’opinion régionale. Sur la scène libanaise, le Hezbollah a su déléguer une partie de la gestion des affaires internes afin de « concentrer l’essentiel de ses ressources sur le plan militaire et régional », lui permettant de réaliser « cette fulgurante transformation », observe Didier Leroy. Mais les événements des derniers mois au Liban, de la contestation populaire aux crises économiques, sociales et sanitaires, ainsi que la colère qui gronde dans les zones qu’il contrôle pourraient l’obliger à se concentrer à nouveau davantage sur la scène interne.

« Prie pour Mohammad et pour Ahli Mohammad. À tes ordres, ya Hussein ! Yes, Hezbollah ! » Trois blonds dans des treillis trop larges répètent dans un arabe maladroit les cris de ralliement d’un quatrième jeune homme, visiblement d’humeur badine. Nous sommes en 2016, dans une caserne de Syrie : des soldats russes au regard un peu perdu donnent la réplique à un combattant...

commentaires (5)

Ils sont malins les russes vive Putin

Eleni Caridopoulou

20 h 23, le 15 mars 2021

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Commentaires (5)

  • Ils sont malins les russes vive Putin

    Eleni Caridopoulou

    20 h 23, le 15 mars 2021

  • TES LABORATOIRES DE RECHERCHE SUR LES MALADIES MALIGNES DISENT QUE LE CANCER DEVIENT PLUS MALIN ET DANGEREUX AVEC TOUTES SES METASTASES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 39, le 15 mars 2021

  • Rien n'est éternel. Toute montée verra une descente à un moment donné.

    Esber

    10 h 37, le 15 mars 2021

  • Il est très facile de gagner des guerres déclenchées sur des territoires qui ne sont pas les siens et ainsi sacrifier vies humaines et infrastructures en se cachant derrière des civiles. La guerre de 2006 en est la meilleure preuve. Israël a essayé par tous les moyens d’épargner la vie de ses citoyens et on peut croire aussi celle des civils libanais, en craignant la riposte de HB qui lui n’a ni dieu ni maître et considère les citoyens comme quantité négligeable lorsqu’il s’agit de détruire un pays qui n’est pas le sien. Or l’expérience nous a montré que le Liban ne fait pas partie de ses priorités. Seul le résultat compte et ce quelque soit le bilan de morts et de destructions. Il suffit de regarder la position de son QG dans un quartier surpeuplé pour comprendre que ça n’est pas de courage dont il s’agit mais de tactique de guerre en fonction de l’ennemi. Prendre les civils pour rempart. Si HB avait déclenché la même guerre avec la Syrie, aussi barbare que lui, il n’aurait pas eu le même résultat car le le Liban et les libanais civils auraient payé un lourd tribut pour que l’un des barbares gagne. Voilà la différence de mentalité entre barbares et gens civilisés. Les barbares gagnent toujours parce que eux n’ont rien à perdre puisqu’ils ne prennent en compte que le résultat final, ils se cachent dans leurs trous et sacrifient les autres pour leur gloire. Facile comme tactique non? Mais de là à la qualifier de triomphe ou de courage il y a un monde.

    Sissi zayyat

    10 h 34, le 15 mars 2021

  • Le régime Assad a toujours favorisé le Hezbollah depuis le début, en interdisant à l’armée libanaise de se déployer au Sud par exemple, ou alors lorsque dans les années 90 toutes les chaînes TV des ex-milices ont été fermées sauf la sienne, suite à une intervention personnelle de Hafez-el-Assad.

    Citoyen libanais

    08 h 18, le 15 mars 2021

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