Rechercher
Rechercher

Économie - Crise au Liban

Aoun demande à Salamé d'identifier les causes de la dépréciation de la livre

Les manifestations sont "légitimes", parce que les Libanais "ne peuvent pas se laisser appauvrir sans réagir", estime le chef de l'Etat. 

Aoun demande à Salamé d'identifier les causes de la dépréciation de la livre

Le président libanais, Michel Aoun (g.), recevant le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), à Baabda, le 3 mars 2021. Photo Dalati et Nohra

Le président libanais, Michel Aoun, a demandé mercredi à la Banque du Liban (BDL) d'enquêter sur la hausse du taux de change et de faire parvenir ses conclusions aux Libanais et à la justice. Cette requête a été transmise au gouverneur de la BDL, Riad Salamé, lors d'une réunion avec M. Aoun, alors que la monnaie nationale a atteint mardi le niveau record de 10.000 livres libanaises face au dollar, dans un pays qui doit faire face à des crises multiples. Officiellement, la monnaie locale reste indexée sur le billet vert au taux de 1.507 livres pour un dollar, observé depuis plus de deux décennies. Mais sur le marché noir, elle connaît depuis l'automne 2019 une dégringolade sans précédent.

Le chef de l'Etat a par ailleurs estimé que les manifestations ayant éclaté mardi soir, et qui se poursuivent sur le terrain mercredi avec la fermeture de plusieurs axes routiers, sont "légitimes", parce que les Libanais "ne peuvent pas se laisser appauvrir sans réagir". 

Le président Aoun "a suivi avec grande attention les mouvements de contestation qui ont eu lieu dans différentes régions mardi soir" en réaction à la hausse du taux de change, indique un communiqué publié par le bureau de presse de la présidence. Le chef de l'Etat a dans ce cadre demandé à Riad Salamé, lors d'une réunion ayant eu lieu dans la journée, de faire la lumière sur les causes de cette hausse du taux "notamment au cours des quelques derniers jours" et de rendre publics les résultats de l'enquête lancée à ce sujet par la Commission spéciale d'investigation (CSI) "pour des raisons de transparence". Les conclusions de cette enquête devront également être transmises, à la demande du chef de l'Etat, au parquet général, afin que, s'il s'avère que des "opérations de spéculation illégales" ont été effectuées par certaines personnes, institutions ou banques, tous les responsables soient poursuivis en justice.

"Détresse financière et sociale"
Le président libanais a en outre souligné l'importance d'assurer aux déposants qu'ils puissent récupérer leurs fonds, regrettant que des "spéculations illégales et transferts suspects" avaient mené à la "perte d'une grande partie des dépôts" bancaires des Libanais, qui avait à son tour provoqué une certaine "détresse financière et sociale", ce qui explique que les Libanais soient descendus "crier" leur colère lors des sit-in de la veille. "Les gens sont descendus dans la rue et c'est légitime, parce qu'ils ne peuvent pas se taire alors que leurs droits sont bafoués, ni regarder sans rien faire alors que leurs fonds sont pillés. Ils ne peuvent pas se laisser appauvrir sans réagir", a-t-il ajouté.

Lire aussi

« Nous avons tout perdu » : le même cri de désespoir hier, partout au Liban


Concernant ces mouvements de contestation, le chef de l'Etat a souligné que "le droit de manifester est sacré", rappelant toutefois que les forces de sécurité ont "l'obligation de protéger les manifestants, les biens publics et privés et d'assurer que le droit des gens à se déplacer est respecté". 

Circulaire n° 154 et audit
Le président a par ailleurs demandé au haut responsable financier si l'application de la circulaire n° 154 de la BDL avait permis de récupérer une partie des fonds préalablement transférés à l'étranger par des "gros actionnaires ou responsables bancaires ou des dirigeants politiques ou hauts fonctionnaires". La circulaire, publiée fin août 2020, avait fixé à fin février la date butoir pour le placement de 3 % des dépôts détenus à fin juillet 2020 par les établissements bancaires du pays auprès de leurs banques correspondantes, en sus d’une augmentation de leur capital de 20 % par rapport au niveau de 2018 fixée, elle, à fin décembre 2020. Des mesures intervenant dans le cadre d’une restructuration du secteur nécessaire à une sortie de crise économique et financière dans laquelle est embourbé le Liban depuis la fin de l’été 2019. 

Dans le Commerce du Levant

La réouverture du pays pèse-t-elle sur le taux de change ?


Michel Aoun a en outre discuté avec le gouverneur de l'audit juricomptable de la BDL, affirmant que cette procédure "devait" être accomplie, étant donné que les raisons de son refus initial ont été éliminées. À ce sujet, le président Aoun a informé M. Salamé que le cabinet Alvarez & Marsal, qui était censé mener cet audit, "n'a toujours pas reçu de la part du ministère des Finances des réponses satisfaisante aux question qu'il avait déjà posé à la BDL", avant de jeter l'éponge. Le gouvernement négocie en ce moment le retour du cabinet en question pour mener cet audit. L'Etat libanais avait en effet signé en septembre 2020 un contrat avec Alvarez & Marsal, mais celui-ci avait finalement jeté l’éponge en novembre face au refus de la Banque centrale de lui fournir un certain nombre de documents et informations en invoquant le secret bancaire. Toutefois, le 21 décembre, le Parlement a adopté une loi levant ce secret sur les comptes de la BDL et des institutions publiques, permettant ainsi au Liban de reprendre contact avec la société d’audit la veille de Noël. Un nouveau contrat devrait être signé pour englober les comptes des institutions publiques. L’audit des comptes de la Banque centrale est l’une des réformes réclamées par la communauté internationale, condition sine qua non à tout déblocage d’une aide financière au Liban qui coule depuis plus d’un an dans un abîme économique et financier.

Le démenti de l'ABL
Dans la journée, l'Association des banques du Liban (ABL) s'est de son côté défendue de toute responsabilité dans la dépréciation record de la livre libanaise. Au moment où la Banque centrale demande aux banques du pays d'augmenter leur capital afin d'échapper à une liquidation, des observateurs estiment que certains établissements se sont rués sur le marché noir pour s'approvisionner en dollars, ce qui aurait provoqué la forte dépréciation de la livre libanaise ces derniers jours. Dans un communiqué, l'ABL a "démenti en bloc tout ce qui se dit ces derniers jours sur le rôle des banques dans la montée du taux du dollar sur le marché noir". "La demande de liquidités requises par la Banque du Liban en vertu de la circulaire 154 excède les 3,4 milliards de dollars pour le secteur. Serait-ce donc possible que les banques puissent capter un tel montant sur le marché noir local dont la taille n'excède pas les quelques millions de dollars ?", ironise l'ABL.

Selon elle, cette dépréciation est notamment due au "flou politique dans le pays (...) en l'absence de tout effort pour former un gouvernement", le pays étant sans cabinet depuis près de sept mois, "aux importations non subventionnées par la BDL, (...), à la raréfaction du dollar sur le marché local à l'ombre d'une baisse du mouvement de liquidités", ou encore "aux transactions en dollar sur les plateformes électroniques illégales". Dans ce contexte, le député Nabil Nicolas, affilié au Courant patriotique libre (CPL) de Gebran Bassil, a fait une demande d'ouverture d'une note d'information contre ces plateformes électroniques qui se trouveraient selon lui au Liban mais à l'étranger aussi. L'Association des déposants libanais a elle aussi déposé une demande d'ouverture d'une note d'information auprès du parquet financier contre "des dizaines de personnes qui manipulent le taux de la livre et menacent la santé de la monnaie nationale".

Le président libanais, Michel Aoun, a demandé mercredi à la Banque du Liban (BDL) d'enquêter sur la hausse du taux de change et de faire parvenir ses conclusions aux Libanais et à la justice. Cette requête a été transmise au gouverneur de la BDL, Riad Salamé, lors d'une réunion avec M. Aoun, alors que la monnaie nationale a atteint mardi le niveau record de 10.000 livres libanaises face...
commentaires (18)

Pas besoin de convoquer Salamé pour cette réponse. Je peux lui expliquer. La Livre Libanaise c’est comme son gendre, officiellement elle est toujours forte et appréciée et peu très bien tenir tête à la plus grande puissance mondiale et à sa monnaie. En réalité la Livre aussi bien que votre gendre, personne n’en veut car elle a montré ses limites, tout le monde est prêt à s’en débarrasser à très bas prix donc c’est normal que sa valeur vaille bientôt moins chère que les papiers qu’on a utilisé pour l’imprimer

Liban Libre

23 h 55, le 03 mars 2021

Tous les commentaires

Commentaires (18)

  • Pas besoin de convoquer Salamé pour cette réponse. Je peux lui expliquer. La Livre Libanaise c’est comme son gendre, officiellement elle est toujours forte et appréciée et peu très bien tenir tête à la plus grande puissance mondiale et à sa monnaie. En réalité la Livre aussi bien que votre gendre, personne n’en veut car elle a montré ses limites, tout le monde est prêt à s’en débarrasser à très bas prix donc c’est normal que sa valeur vaille bientôt moins chère que les papiers qu’on a utilisé pour l’imprimer

    Liban Libre

    23 h 55, le 03 mars 2021

  • HE HO .... Les manifs sont faites contre TOI !!!! Allo les conseillers...Y a personne pour expliquer au Monsieur ce qui se passe et contre qui les gens manifestent ? Faut sortir de sa bulle et du déni Monsieur. Franchement, si cela n'est pas publié, cad que la censure fait perdurer la misère des libanais.

    LE FRANCOPHONE

    23 h 10, le 03 mars 2021

  • Nuit blanche. La BdL toute entière s'affaire à trouver les causes pour 9h demain matin. Effort d'équipe admirable dont le résultat sera, je l'espère, salué par une tournée de manakish

    M.E

    23 h 08, le 03 mars 2021

  • il demande à Salamé?? Qu'il demande à ses alliés. ils envoient les billets de dollars en syrie dans des valises. Qu'il se mette quelques minutes sur une autre chaine que la OTV , chaine qui passe ses journées à l'encenser. Qu'il aille voir ailleurs pour savoir où se trouve l'essence, le dollar, les médicaments. La syrie et l'iran sont isolés. Du coup, ils passent par le liban. Faut pas être Bac + 100 pour pouvoir le deviner . franchement. Les gens parlent, voient ...A lui de demander des enquêtes et de prouver ce que les gens disent...Au liban tout se dit, tout se sait. Sauf les politiciens, ils jouent à l'autruche alors qu'ils savent tout ce qui se passe. Tout comme l'ammonium...Qu'il dise à qui ils appartiennent? et qui a retiré une grande partie du stock? chut... là, y a personne.

    LE FRANCOPHONE

    23 h 06, le 03 mars 2021

  • "Le chef de l'Etat a dans ce cadre demandé à Riad Salamé, lors d'une réunion ayant eu lieu dans la journée, de faire la lumière sur les causes de cette hausse du taux "..... Faire la lumière!?? Il y a donc coupure d'électricité au palais?? Voilà que Salameh devient donc un luminaire présidentiel...

    Wlek Sanferlou

    22 h 55, le 03 mars 2021

  • AOUN EST SURPRIS ET ÉTONNÉ PAR LA DEPRESSIATION DE LA LIVRE ! IL IGNORE LA OU LES RAISONS MALGRÉ QU'IL A TRAVAILLÉ FORT POUR LE PAYS. SUREMENT C'EST ISRAEL DERRIÈRE TOUT ÇA. ET LA RÉSISTANCE DU HASSAN NASRALLAH VA ÉLIMINÉ ISRAEL ET CORRIGER LE TIRE ET LA LIVRE VA DÉPASSER LE $ PROCHAINEMENT. PAS D'INQUIÉTUDE TANT QUE AOUN ET BASSIL SONT LÀ. DORMEZ TRANQUILLE LES PATRIOTES.

    Gebran Eid

    22 h 32, le 03 mars 2021

  • Il n'a qu'à demander à son gendre, lui sait ...

    Zeidan

    22 h 00, le 03 mars 2021

  • DE NOUVEAU LES PSEUDO DEMOCRATES ET DEFENSEURS DE LA LIBRE EXPRESSION DE L,OLJ... HONTE AU JOURNAL... ONT CENSURE MA LIBRE EXPRESSION MUS JE CROIS PAR DES INTERETS POLITIQUES ESPERONS SEULEMENT. ET MAINTENANT PRIERE DE PUBLIER.

    LA LIBRE EXPRESSION SE DECONNECTE

    21 h 37, le 03 mars 2021

  • "This is Major Tom to Ground Control I'm stepping through the door And I'm floating in a most peculiar way ...For here Am I sitting in a tin can Far above the world Planet Earth is blue And there's nothing I can do Though I'm past one hundred thousand miles I'm feeling very still And I think my spaceship knows which way to go... Your circuit's dead, there's something wrong. David Bowie, Space Oddity.

    Sabri

    20 h 33, le 03 mars 2021

  • Dans des déclarations bien rodées le père du peuple , à chaque éruption populaire feint l'indignation autant que l'étonnement.... Pourquoi donc ne l'a t on pas informé de la chute de la livre Libanaise et lui qui pensait que notre monnaie était arrimée au dollar au taux de 1507 !! C'est seulement maintenant qu'il cherche à identifier les raisons de cette catastrophe qui date de 2009 et ce par l'entremise du "gouverneur de la BDL" !!! qui n'en a cure des "sans dents" (définition attribuée à l'aussi célèbre François Hollande pour qualifier les pauvres.

    C…

    19 h 25, le 03 mars 2021

  • Je ne pensais pas qu’ils avaient aussi de l’humour en haut-lieu... hahahaha Les causes de la dépréciations de la livre. Beau sujet de mémoire , pour un étudiant en seconde année d’économie ou de sciences politiques.. On pourrait plancher aussi sur les causes de la pourriture à tous les niveaux du pouvoir, de la justice, de la sécurité , de la santé, des finances, ..... la liste est bien longue et pourrait occuper le cursus sur plus d’une année. En fait sur une vie ! Hahahahaha... Tristement risible !!

    LeRougeEtLeNoir

    18 h 19, le 03 mars 2021

  • Mais quelle est donc la raison de cette anarchie dans ce pays, se demande l’occupant du poste de la présidence de la républiques? On se le demande très cher Monsieur, est ce la mollesse ou la cupidité de toute la bande qui a régné pour faire en sorte que cela soit possible où est ce leur appétit dévorant de l’argent facile qui a fini par assécher les sources et propager la pollution de tout genre dans ce petit beau pays qui est livré aux crasseux afin d’en disposer comme ils veulent parce que alliés et complices? Je dirais les deux à la fois alors que Aoun arrête de jouer à la vierge effarouchée comme s’il venait d’atterrir d’une autre planète. C’est son œuvre qui est en train de s’exprimer sur le sol après tant d’années de laxismes et de lâcheté. Il veut que le peuple s’exprime pendant que les FSI tabassent sans pitié les citoyens anéantis et veut des procès pour juger les fautifs pour les mettre avec les coupables de l’explosion déjà jugés et emprisonnés grâce à son autorité et à son patriotisme peut être. Il croit que les libanais accorde le moindre intérêt à ses propos insipides et creux dépourvu de toute sincérité. Il peut rêver...

    Sissi zayyat

    18 h 09, le 03 mars 2021

  • Il se reveillent 15 mois apres le debut de la crise ? De qui se moquent-ils ? Plus personne n'est dupe de leur simagrees tardives.

    Michel Trad

    17 h 50, le 03 mars 2021

  • "Aoun demande à Salamé d'identifier les causes de la dépréciation de la livre" Une des principales et évidente est le refus du tandem Aoun-Hariri de former un cabinet de spécialistes indépendants. Une seconde, non moins évidente est l'inaction du gouvernement qui depuis un an n'a pas pris la moindre mesure pour arrêter contrebande, corruption et pour contrôler les prix.

    Yves Prevost

    17 h 18, le 03 mars 2021

  • Monsieur Salameh n’a pas besoin de chercher loin et longtemps la cause de la dépréciation de la Livre et de l’effondrement du pays, cette cause est juste en face de lui dans la photo.

    Lecteur excédé par la censure

    17 h 12, le 03 mars 2021

  • Mr. Aoun fails to realize that the economic deterioration is due to the lack of a functioning government that he has actively delayed together with his son in law, Mr. Bassil. He wants to deflect the responsibility and blame others while he should look in the mirror and be held responsible along with all the other political elites.

    Mireille Kang

    17 h 00, le 03 mars 2021

  • On dirait un commentateur politique, et non un Président de la République ...

    YOUNES Samer

    16 h 40, le 03 mars 2021

  • Salamé ne doit pas être le bouc émissaire. Le chef de l'Etat semble vouloir rejeter sur autrui la cause bien évidente de la détérioration générale, en fermant l'œil sur ses convoitises, et son blocage à la formation rapide du gouvernement.

    Esber

    16 h 35, le 03 mars 2021

Retour en haut