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Nos Lecteurs ont la Parole

Mourir pour des idées...

Qui vole un œuf vole un bœuf. En grandissant je n’ai jamais compris ce que ces quelques mots voulaient dire. Et j’ai toujours regardé avec incrédulité celui de mes parents qui me les sortait comme un mauvais slogan. Aujourd’hui, je comprends. Et la leçon est bien simple. Une fois qu’on ferme l’œil face à un délit, il est impossible de le rouvrir face à un crime. Sans bornes, il n’y a pas de limites. Et voilà pourquoi un gouvernement et une classe politique qui n’ont fait que fermer l’œil deviennent complices – sinon commanditaires – du crime contre la pensée dans la nuit de mercredi dernier.

Je regardais tout à l’heure la mère du défunt se désoler d’avoir perdu, avec l’assassinat de son fils, son compagnon de réflexion. Et c’est en effet le drame silencieux dont souffre le pays. On perd un à un tous les penseurs patriotes comme un chapelet qu’on égrène. Un peu comme un cadavre en décomposition perd ses couleurs. Un peuple face à une classe politique charognarde.

« Et le ciel regardait la carcasse superbe

Comme une fleur s’épanouir. »

Ce génocide de la pensée se fait malheureusement au vu et au su de la communauté internationale, qui reproche à la révolution de ne pas présenter une alternative crédible au régime politique actuel. Ce régime totalitaire qui sponsorise ce crime et tous les viols systématiques dont souffre en silence un peuple qui ne sait plus à quelle bouée s’accrocher.

Sauf que voilà. Quand on s’allie avec le diable, il ne faut pas être surpris de se retrouver en enfer. Voilà pourquoi il est vital de renouveler tout l’échiquier politique. Voila pourquoi il est impossible de changer quelques pièces en en gardant d’autres. Un mandat d’arrêt international groupé pour crimes contre l’humanité. C’est tout. On les met tous hors d’état de nuire d’abord, on trouve l’alternative ensuite. On arrache cette gangrène pour permettre au corps de survivre.

Le crime est abject. Les criminels, des lâches. L’approche connue. La culture de la peur qu’on a essayé de nous faire accepter du temps de l’occupation syrienne n’a pas trouvé preneur à l’époque et ne prendra pas aujourd’hui. Il est important de ne pas oublier. Aussi difficile que ça l’est, il ne faut pas désespérer. Le combat n’est pas futile, mais bien existentiel. Et rien d’autre ne compte dans une existence absurde, si ce n’est que de se battre pour un avenir meilleur. Derrière Slim, derrière Kassir, derrière Tuéni, derrière tous ceux qui sont morts pour leurs idées, les idées restent. Et les idées sont antiballes. Les idées survivent et se nourrissent de la mort de ceux qui les ont eues.

Ce pays est bien le nôtre, et on ne le cédera à personne. Pas même la peur.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Qui vole un œuf vole un bœuf. En grandissant je n’ai jamais compris ce que ces quelques mots voulaient dire. Et j’ai toujours regardé avec incrédulité celui de mes parents qui me les sortait comme un mauvais slogan. Aujourd’hui, je comprends. Et la leçon est bien simple. Une fois qu’on ferme l’œil face à un délit, il est impossible de le rouvrir face à un crime. Sans bornes,...

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