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Politique - Gouvernement

Le Hezbollah semble perdre patience : Aoun et Hariri doivent « arrondir les angles »

« Après la présidentielle américaine, il est devenu clair que le blocage est principalement interne », estime Naïm Kassem.

Le Hezbollah semble perdre patience : Aoun et Hariri doivent « arrondir les angles »

Naïm Kassem. Photo d’archives ANI

Le secrétaire général adjoint du Hezbollah, Naïm Kassem, a appelé hier le président de la République Michel Aoun et le Premier ministre désigné Saad Hariri à « arrondir les angles » de manière à faciliter la mise sur pied du nouveau cabinet. Une façon pour le parti chiite de se laver, une fois encore, les mains du blocage actuel et de se montrer comme pressé qu’un nouveau gouvernement soit formé le plus rapidement possible.

Dans une interview accordée à la radio al-Nour, organe médiatique du Hezbollah, Naïm Kassem a exhorté le chef de l’État et le Premier ministre désigné à « arrondir les angles et tenter de trouver une solution à leurs désaccords ». Le numéro deux du Hezbollah faisait ainsi allusion au bras de fer opposant Baabda à la Maison du Centre autour de la nomination des futurs ministres, de la répartition des portefeuilles et, bien entendu, du tiers de blocage que le tandem présidence-Courant patriotique libre est accusé de vouloir obtenir au sein du gouvernement, dans la perspective de calculs politiques prématurés.

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Outre le fait de renvoyer la balle de la paralysie actuelle dans le camp de Michel Aoun et Saad Hariri, cheikh Kassem s’est employé à assurer que des motifs strictement locaux se tiennent derrière le blocage. Il tente ainsi de dissocier la crise gouvernementale du processus des négociations entre Washington et Téhéran au sujet de l’accord sur le nucléaire iranien. « L’Iran n’a rien à voir avec les décisions du Hezbollah dans le dossier de formation du gouvernement, et le Hezbollah œuvre pour que le cabinet voie le jour sans aucune interférence », a-t-il lancé, notant qu « après la présidentielle américaine, il est devenu clair que le blocage au Liban est principalement interne ». « Le mandat (du président américain Joe) Biden sera celui du dialogue avec l’Iran et d’une tentative de retour à l’accord nucléaire, bien que cela demande du temps », a dans ce cadre estimé Naïm Kassem.

Dans les propos de Naïm Kassem qui visent à manifester la volonté du Hezbollah de voir le futur cabinet formé afin de redresser le pays, c’est surtout une ultime démarche tentée par le parti de Dieu dans l’espoir de rapprocher les points de vue qui se dégage. Le tandem chiite, que le Hezbollah forme avec son allié Amal, semble perdre patience face à cet immobilisme, maintenant que la nouvelle administration de Joe Biden est aux commandes et que le moment serait plus propice à des négociations. Il y a quelques jours, c’est en effet Nabih Berry qui avait déclaré, dans une sortie inhabituelle, qu’« absolument personne » ne pouvait obtenir le tiers de blocage, ajoutant lui aussi que l’obstacle qui empêchait la formation du gouvernement était « bien de chez nous ».

Un message de bonne volonté ?

Les déclarations du dignitaire chiite interviennent aussi au lendemain du communiqué conjoint publié jeudi par le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, et le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le-Drian. À l’occasion de la commémoration des six mois de la tragédie du port de Beyrouth, les deux hommes ont de nouveau appelé les dirigeants libanais à respecter leur engagement en ce qui concerne la formation d’une nouvelle équipe ministérielle. « Il est urgent et vital que les responsables libanais mettent en œuvre leur engagement de former un gouvernement crédible et efficace, et de travailler à la réalisation des réformes nécessaires, conformément aux aspirations du peuple libanais (…) », peut-on lire dans le communiqué de MM. Blinken et Le Drian.

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Dans ce contexte, les propos de Naïm Kassem pourraient être interprétés comme un signal positif adressé à la communauté internationale, notamment la France, à l’heure où le président français Emmanuel Macron multiplie les signes de sa volonté de donner un nouvel élan à son initiative en faveur du Liban. À ce sujet, Naïm Kassem a déclaré : « Nos discussions avec les Français n’ont jamais été interrompues et elles se poursuivent. Il y a des signes indiquant une relance de l’initiative française, mais nous n’avons pas encore compris les conditions posées et à quel point celle-ci est sérieuse. Nous encourageons toute initiative constructive, car la formation d’un gouvernement est la solution. »

« Le Hezbollah ne veut pas d’un cabinet »

Sauf que pour le moment, rien ne prête à croire que le cabinet pourrait voir le jour dans un avenir proche. Tant les proches de la présidence que les haririens campent toujours, en effet, sur leurs positions gouvernementales respectives.

De plus, dans les milieux du Premier ministre désigné, l’on n’interprète pas les propos du responsable hezbollahi comme une volonté de voir le cabinet naître, mais bien le contraire. « Les propos de Naïm Kassem prouvent que le Hezbollah ne veut pas d’un cabinet à l’heure actuelle. Sinon, il aurait exercé des pressions sur ses alliés pour accélérer le processus », commente pour L’Orient-Le Jour un proche de Saad Hariri. Et d’ajouter : « Le Premier ministre désigné a accompli son devoir en remettant au président de la République une mouture gouvernementale (le 9 décembre dernier). » « Maintenant, il revient aux protagonistes concernés de respecter la Constitution pour que le cabinet soit mis sur pied », renchérit ce proche de la Maison du Centre, dans ce qui sonne comme une flèche décochée en direction du président Aoun. De même, Baabda continue d’imputer à Saad Hariri la responsabilité du blocage actuel et réduit les déclarations de Naïm Kassem à « une prise de position exprimée par un parti politique », pour reprendre les termes d’une personnalité proche de la présidence, contactée par L’OLJ. « Nous n’avons pas de doutes concernant des efforts déployés pour faciliter la naissance du gouvernement. Mais la véritable question est de savoir si le Premier ministre désigné serait prêt à mettre en place un nouveau cabinet, loin de ses appréhensions et craintes. Est-il prêt à former un gouvernement de salut public tel que préconisé dans le communiqué conjoint franco-américain ? » ajoute ce proche de Baabda, affirmant que la présidence ne plaide « que pour une équipe qui respecterait les critères constitutionnels ». Ce proche de M. Aoun laisse ainsi entendre que le chef de l’État est toujours attaché à ce qu’il appelle (son) « droit » à prendre part au choix des ministres formant la future équipe. Un rôle qu’il accuse Saad Hariri de « confisquer » en nommant les ministres chrétiens au sein de son gouvernement.

Le secrétaire général adjoint du Hezbollah, Naïm Kassem, a appelé hier le président de la République Michel Aoun et le Premier ministre désigné Saad Hariri à « arrondir les angles » de manière à faciliter la mise sur pied du nouveau cabinet. Une façon pour le parti chiite de se laver, une fois encore, les mains du blocage actuel et de se montrer comme pressé qu’un...

commentaires (4)

Tant qu’il y aura un Hezbollah carré il y aura des angles!

PROFIL BAS

06 h 42, le 07 février 2021

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Commentaires (4)

  • Tant qu’il y aura un Hezbollah carré il y aura des angles!

    PROFIL BAS

    06 h 42, le 07 février 2021

  • N'était- ce cet accord de 2006, Aoun aurait été un simple citoyen, et on aurait épargné au pays, une seconde vague de catastrophes depuis 1990.

    Esber

    19 h 10, le 06 février 2021

  • CEUX QUI REFUSENT LA FORMATION D,UN GOUVERNEMENT D,EXPERTS INDEPENDANTS DONNENT DES CONSEILS POUR LA FORMATION D,UN GOUVERNEMENT DE MARCHANDAGE OU CHACUN NOMME SES PIONS. LIBANAIS, DEGAGEZ TOUTES LES CLIQUES MAFIEUSES QUI VOUS GOUVERNENT DE LA TETE DE L,ECHELLE ET JUSQU,AU DERNIER ECHELON.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 48, le 06 février 2021

  • C'est la même clique qui cherche à ne pas former un gouvernement ... et nous rêvons encore d'un miracle. Tant qu'ils sont là le Liban est perdu.

    Zeidan

    08 h 17, le 06 février 2021

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