Rechercher
Rechercher

Société - Initiative

« 961 talent », une plateforme pour promouvoir les compétences libanaises à l’étranger

L’idée est d’offrir à des experts spécialisés dans divers domaines l’opportunité d’enseigner en ligne leurs matières en contrepartie de paiements en devises.

« 961 talent », une plateforme pour promouvoir les compétences libanaises à l’étranger

Sur le site « 961 talent », il suffit de cliquer sur la partie rouge pour trouver un enseignant de son choix.

Privés d’accès à leurs économies, qui ont en outre perdu beaucoup de leur valeur, et confinés sans avoir accès à des compensations financières, de nombreux Libanais ont du mal à joindre les deux bouts. D’autres, qui se sont retrouvés au chômage à cause de la crise économique et financière, trouvent difficilement des opportunités de travail qui les sortiraient du gouffre. Heureusement, les élans de solidarité et les initiatives de soutien se multiplient pour leur permettre de surmonter un tant soit peu une des pires situations économiques qu’un État puisse faire subir à ses citoyens. Dernière en date, la démarche de Marie Mangou, une jeune maman française mariée à un Libanais et installée à Beyrouth depuis une quinzaine d’années. Elle vient de créer une plateforme électronique mettant en contact des enseignants libanais locaux avec un public international, notamment au sein de la diaspora. À l’heure où la livre est au plus bas, et pour offrir aux professionnels du secteur de l’enseignement l’opportunité d’avoir des rentrées en devises, sa plateforme baptisée « 961 talent » leur suggère de proposer à des personnes vivant à l’étranger un enseignement en ligne de matières relevant de divers domaines.

Lire aussi

Des polytechniciens libanais au secours de leurs compatriotes élèves de l’X


« L’idée m’est venue lorsque durant notre séjour en France l’été dernier, ma fille a pris des cours de piano à distance avec un professeur qui jusque-là lui avait donné des leçons en présentiel à Beyrouth », révèle Marie Mangou à L’Orient-Le Jour. « Je me suis alors dit : “Pourquoi ne pas mettre en place un marché destiné à mettre en contact des Libanais ayant un talent particulier avec des personnes souhaitant bénéficier de leurs compétences” », poursuit cette spécialiste en marketing, pour qui le e-learning n’a pas de secrets. Alors qu’elle travaillait il y a quelques années chez l’opérateur de télécoms Orange, Marie Mangou avait pris en charge un projet visant à former en ligne les salariés de l’entreprise sur certains sujets. « Forte de mon expérience et de mes compétences, j’ai voulu les mettre au profit des Libanais qui vivent dans ce second pays de cœur où j’ai construit ma vie », raconte-t-elle, exprimant une vive empathie pour « ceux qui veulent partir mais n’y parviennent pas en raison des restrictions imposées sur leurs avoirs bancaires ». « Je me suis mis en tête de faire quelque chose pour ces énormes talents sacrifiés », ajoute-t-elle, confiant ressentir « une belle énergie » lorsqu’elle se trouve « utile ».

Prestations de qualité

Sur la plateforme, l’on peut trouver des cours de soutien scolaire, de langues, de cuisine, de musique (guitare, piano...), de chant, de sport, d’arts plastiques, de peinture et de maquillage, ainsi que des sessions de nutrition et de coaching. Toutes les leçons se font via Zoom ou WhatsApp. Environ vingt enseignants se sont inscrits sur la plateforme depuis qu’elle a été établie en décembre dernier. « Les demandes sont soigneusement triées pour assurer des prestations de qualité », indique Marie Mangou, évoquant l’exigence d’« aptitudes et (de) capacités, étayées d’un bagage académique et d’une expérience solides ».

Lire aussi

L’École supérieure internationale de Paris tend la main aux étudiants libanais

Toute personne intéressée n’a qu’à cliquer sur le site www.961talent.com. L’enseignant ira sur l’onglet « Le réseau des talents libanais », situé au haut de la page, où il verra s’afficher « Devenez prof ». Quant au futur élève, il devra cliquer sur « Trouvez votre prof », afin de choisir la catégorie qu’il recherche, avant d’opter pour l’enseignant de son choix. En signe de solidarité avec « 961 talent », le célèbre chef cuisinier Joe Barza s’est inscrit sur le site. « Une façon d’attirer les internautes qui seraient alors tentés de consulter les autres profils, faisant bénéficier ainsi tous les talents inscrits », indique Marie Mangou. Chaque profil affiche une photo accompagnée d’un résumé du CV, ainsi que les coordonnées de l’enseignant. La première leçon est en général offerte gracieusement. Une sorte de mise en contact, « pour savoir si le courant passe », sourit la fondatrice de la plateforme. Les tarifs sont en euros (18 à 40 EUR) alors que les prestataires sont rémunérés en dollars ou en livres libanaises. « À ce jour, les élèves qui réservent des cours résident pour la plupart en Europe, préférant donc les payer en euros. Les enseignants veulent pour leur part être rétribués en dollars ou en livres au taux du marché noir, puisqu’ils vivent au Liban », explique Mme Mangou, soulignant que les paiements sont sécurisés et se font par carte bancaire. Ils sont encaissés auprès de la société de transfert d’argent, OMT, ajoute-t-elle, indiquant qu’un certain pourcentage est retenu. « 961 talent » est une entreprise (et non une ONG) qui doit couvrir ses coûts de fonctionnement et de publicité, en même temps que réaliser des bénéfices afin de pouvoir perdurer dans le temps, explique-t-elle, avant d’ajouter : « C’est ce qu’on appelle un business gagnant-gagnant », en référence à une démarche dans laquelle toutes les parties tirent un profit de manière équitable. Marie Mangou garde en tête les grands besoins des ONG. « Dans une prochaine étape, il sera proposé aux personnes désirant prendre des cours via « 961 talent » de payer un petit supplément, pour verser la différence à des ONG actives au Liban », promet-elle.

Privés d’accès à leurs économies, qui ont en outre perdu beaucoup de leur valeur, et confinés sans avoir accès à des compensations financières, de nombreux Libanais ont du mal à joindre les deux bouts. D’autres, qui se sont retrouvés au chômage à cause de la crise économique et financière, trouvent difficilement des opportunités de travail qui les sortiraient du gouffre....

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut