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Société - Pauvreté

Le Bloc national appelle à accélérer la mise en œuvre des aides sociales de la Banque mondiale

« Il est possible qu’une réunion exceptionnelle du Parlement se tienne dès la semaine prochaine pour voter ce projet », révèle un responsable du ministère des Affaires sociales.

Le Bloc national appelle à accélérer la mise en œuvre des aides sociales de la Banque mondiale

Un jeune garçon fouillant dans des bennes à ordures, dans un des quartiers de Beyrouth. Joseph Eid/Archives AFP

Le Bloc national a lancé une vaste campagne de sensibilisation contre la paupérisation de la société libanaise, à travers un spot publicitaire largement diffusé à la télévision ces derniers jours, ainsi qu’avec une série de publications sur les réseaux sociaux. Il entend par là « faire pression sur les autorités » pour qu’elles mettent en œuvre au plus vite un programme d’aides de 246 millions de dollars, sous forme de transferts d’argent et d’accès aux services sociaux, destiné aux ménages les plus précaires du pays. Ce plan d’aides bénéficie d’un prêt approuvé mardi dernier par la Banque mondiale (BM). « Tout ce que nous voulons, c’est que les autorités commencent enfin à octroyer ces aides. Notre campagne vise à faire pression sur l’État », confie Pierre Issa, secrétaire général du Bloc national, non sans critiquer « les délais dans la mise en œuvre de ce programme », à l’heure où près de la moitié de la population ploie aujourd’hui sous le poids de la pauvreté.

Selon la Banque mondiale, la crise que connaît le Liban depuis l’automne 2019, la pire depuis des décennies, a entraîné une baisse de 19,2 % du PIB en 2020, une inflation à trois chiffres et une paupérisation à grande échelle. Selon l’institution, 45 % de la population vit aujourd’hui sous le seuil de la pauvreté et 22 % sous le seuil d’extrême pauvreté. Une crise aggravée par la pandémie de Covid-19. Face à l’ampleur de cette double crise, la Banque mondiale avait approuvé la semaine dernière cette aide d’urgence qui devrait profiter à environ 786 000 Libanais et sera pilotée par le ministère des Affaires sociales. Toutefois, cet accord doit encore être entériné par le Parlement. Le programme vise à soutenir le développement d’un filet de sécurité sociale national pour permettre une meilleure réponse aux crises « d’une gravité sans précédent », a affirmé la BM. « La solution à court terme, c’est une aide directe aux familles les plus pauvres », insiste Pierre Issa, impatient de voir les autorités se lancer sans plus attendre dans le projet financé par la BM. « Les gens crèvent de faim et personne ne fait rien. On constate l’émergence d’une classe de nouveaux pauvres », se désole-t-il. « Aujourd’hui, 45 % de la population vit dans la précarité, or les responsables politiques veulent supprimer les subventions... S’ils le font, 80 à 90 % de la population pourrait basculer dans la pauvreté. Le Liban n’accorde aux filets de protection sociale que 0,35 % de son PIB, alors que la moyenne mondiale est de 1 à 2 % », souligne le secrétaire général du Bloc national. Dans ce contexte, il met en garde contre une transformation de la crise politique et sociale « en crise sécuritaire ».

Deux cent mille familles ciblées

Assem Abi Ali, représentant du ministère des Affaires sociales auprès de la Banque mondiale, se défend pour sa part de tout retard dans l’application du programme d’aides en question. « Le ministère a commencé les discussions avec la BM en mars 2020, mais tout a été suspendu après les explosions du 4 août au port de Beyrouth et la démission du gouvernement de Hassane Diab », explique-t-il à L’Orient-Le Jour. « Ce genre de projets ne peut être mis en place par un gouvernement d’expédition des affaires courantes, poursuit le responsable. Mais nous avons décidé de reprendre le travail malgré tout, parce que la société libanaise n’a pas le luxe d’attendre qu’un nouveau gouvernement soit formé. Les crises successives ont augmenté la pauvreté et le chômage et fragilisé la société. Aujourd’hui, 25 % des habitants vivent dans l’extrême pauvreté. »

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M. Abi Ali souligne que les discussions avec la BM sont finies et que le ministre sortant des Finances, Ghazi Wazni, a signé le procès-verbal de l’accord de prêt (en décembre). « Il est possible que le Parlement soit convoqué dès la semaine prochaine, en séance extraordinaire, pour voter ce projet. Mais il faudra ensuite attendre environ deux à trois mois pour que cette aide commence à être distribuée, en raison des formalités administratives », précise-t-il. Les 246 millions de dollars de la BM, ajoutés à d’autres aides obtenues par le ministère auprès de l’Union européenne, profiteront en tout à 200 000 familles vivant dans la précarité, confirme-t-il, avant de préciser que le ministère des Affaires sociales collabore avec l’Unicef, l’ONG Beyond pour le développement social et économique et la société civile pour mettre en place une stratégie nationale globale de protection sociale.

Pierre Issa rappelle pour sa part qu’un projet de loi avait été présenté dès 2014 par Robert Fadel, ancien député de Tripoli et membre du bureau exécutif du BN, afin de lutter contre la paupérisation et de mettre en place des filets sociaux efficaces. Sauf que ce projet de loi n’a jamais été adopté par le Parlement. Le secrétaire général du Bloc national souligne également que sa formation a repris le travail sur ce dossier durant l’été 2019. « Nous avions préparé une campagne pour lancer un projet de loi contre l’extrême pauvreté en octobre 2019, mais notre travail a été freiné par le soulèvement populaire (du 17 octobre) », explique M. Issa à L’Orient-Le Jour. Sur le long terme, il faudra, selon lui, « favoriser et aider à l’investissement des capitaux dans des secteurs productifs et créateurs d’emplois, telles l’industrie, l’agriculture ou encore les nouvelles technologies ».

Le Bloc national a lancé une vaste campagne de sensibilisation contre la paupérisation de la société libanaise, à travers un spot publicitaire largement diffusé à la télévision ces derniers jours, ainsi qu’avec une série de publications sur les réseaux sociaux. Il entend par là « faire pression sur les autorités » pour qu’elles mettent en œuvre au plus vite un...

commentaires (1)

Ces aides passent par qui? Par ces voyous qui ont fait de nous de mendiants? Elles ne sont donc pas près d'arriver.

Christine KHALIL

17 h 37, le 18 janvier 2021

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Commentaires (1)

  • Ces aides passent par qui? Par ces voyous qui ont fait de nous de mendiants? Elles ne sont donc pas près d'arriver.

    Christine KHALIL

    17 h 37, le 18 janvier 2021

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