Un nouveau record de contaminations enregistré dans un Liban reconfiné

Au premier jour du reconfinement du pays, le Liban a enregistré jeudi un nouveau record de 4.774 nouveaux cas et 16 décès supplémentaires en 24h, pour un taux de contamination par rapport au nombre de tests effectués de 14,7 %. Ces chiffres ont fait grimper à 204.699 le nombre cumulé des contaminations depuis la détection du premier cas du virus dans le pays en février 2020, au nombre desquelles 1.553 décès et 137.582 guérisons. Parmi les cas toujours actifs, 1.334 personnes sont hospitalisées, dont 517 en soins intensifs.

"Vraie crise"

"La vraie crise a commencé", a déclaré jeudi le ministre sortant de la Santé, Hamad Hassan. Lors d'un entretien télévisé, il a appelé "à créer le scénario libanais", alors que ces derniers jours, plusieurs observateurs évoquent la possibilité d'un "scénario italien" au Liban, en référence à la grave crise sanitaire qui avait frappé l'Italie dans les premiers mois de la pandémie. "Nous devons créer le scénario libanais, auquel tout le monde devra contribuer, sans se culpabiliser les uns les autres", a souligné M. Hassan au micro de la chaîne de télévision locale LBCI. Il a espéré que les objectifs du reconfinement, à savoir une baisse des contaminations et des hospitalisations et l'installation de lits supplémentaires dans les hôpitaux, seront atteints et que le nombre de décès au cours des prochaines semaines diminuera, après une hausse dernièrement, "alors qu'il n'y a plus qu'un mois à attendre avant que le vaccin n'arrive". Le Liban s'attend à recevoir, à partir de février et jusqu'à la fin de l'année, deux millions de doses du vaccin Pfizer-BioNTech. Il a encore estimé que le confinement, qui s'étendra jusqu'au 1er février et pourra être prolongé si les résultats le nécessitent, est "la dernière chance" qu'a le pays pour faire face à la "courbe dangereuse" des contaminations. 

Mardi, le gouvernement avait annoncé les modalités du quatrième reconfinement qui prévoit notamment un couvre-feu entre 18h et 5h ainsi que la fermeture de nombreux secteurs. Toutefois, une longue série d'exceptions a également été prévue, dans une tentative de ménager l'économie d'un pays déjà en crise depuis plus d'un an. Ces exceptions sont dénoncées par de nombreux experts qui y voient un manque de sérieux dans la volonté de lutter contre la pandémie. Le gouvernement a apporté jeudi une série de modifications aux mesures initialement annoncées.

Sur le terrain

Lors de cette première journée de reconfinement, les mesures décrétées ont été inégalement respectées d'une région à l'autre, rapporte l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle). Dans le sud du pays, à Tyr, Nabatiyé et Saïda, les mesures de confinement ont été plutôt bien respectées. La circulation était très fluide à Saïda et les boutiques qui le pouvaient ont ouvert leurs portes en prenant les mesures de précaution nécessaires. Des commerçants et hommes d'affaires de Saïda avaient pourtant annoncé peu avant le reconfinement, lors d'un sit-in, leur intention de ne pas respecter le bouclage. Le confinement était également bien observé dans le Metn, au centre du pays, et à Batroun et Tripoli (Liban-Nord). A Baalbeck, les boutiques étaient fermées dans 90% des cas. "Il y a eu une réponse favorable des citoyens à la décision de bouclage et un engagement vis-à-vis des mesures préventives", a affirmé le maire de la ville.

Point noir dans ce tableau, le Akkar, la région septentrionale du pays, où les mesures "n'ont rien changé à la situation". Cafés, restaurants, magasins et banques étaient majoritairement ouverts. Les supermarchés ont ouvert leurs portes et faisant fi de la distanciation physique. Aux quatre coins du pays, les forces de sécurité ont effectué des patrouilles sur les routes principales et mis en place des barrages mobiles pour contrôler les violations et vérifier la circulation alternée des véhicules.

"Aujourd'hui, je n'ai pas de chiffres précis quant au taux de conformité, mais le pourcentage, tel que rapporté par les services de sécurité, est très bon", s'est félicité le ministre sortant de l'Intérieur, Mohammad Fahmi, lors d'un point de presse jeudi soir.

Le ministre sortant des Finances, Ghazi Wazni, a pour sa part annoncé avoir donné des instructions pour payer 69,370 milliards de livres libanaises dues par l'Etat aux hôpitaux privés qui accueillent des patients contaminés au coronavirus, pour l'année 2020. Les hôpitaux privés sont régulièrement accusés par le ministère de la Santé de ne pas contribuer à l'effort national en refusant d'ouvrir leurs portes aux patients atteints du Covid-19. Ceux-ci rétorquent qu'ils ne pourront améliorer leurs capacités d'accueil que lorsque l'Etat leur aura réglé les arriérés de paiement qu'il leur doit.

Vaccination

Le directeur de l'hôpital gouvernemental Rafic Hariri de Beyrouth, le docteur Firas Abiad, a pour sa part appelé dans une série de tweets à ne pas compter seulement sur le vaccin qui doit arriver en février. "La vaccination nécessitera du temps et des efforts pour obtenir le résultat désiré. Cela prendra des mois. D'ici là, nous avons besoin d'une stratégie claire pour isoler le virus et le garder sous contrôle. Sinon, nous ne ferons qu'enchaîner confinements et déconfinements", a estimé le docteur.