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Société - La Psychanalyse, ni ange ni démon

Hamlet et Abraham

Dans son éditorial du mercredi 9 décembre, Issa Goraieb introduit son texte par un rappel de la « procrastination » dans laquelle se retrouve la classe politique libanaise. Remettre à demain ce que l’on peut faire le jour même est la malédiction de Hamlet. On se rappelle que le spectre du père de Hamlet lui apparaît au début de la pièce et lui dévoile la vérité sur sa mort : son frère Claudius, l’oncle du jeune Hamlet, l’a empoisonné, a épousé sa belle-sœur Gertrude, la mère de Hamlet, et a spolié la couronne du Danemark en devenant Roi lui-même.

Le père de Hamlet lui demande de le venger et de ne jamais l’oublier. Hamlet n’y arrive pas, il remet sa vengeance au lendemain, il « procrastine ». À la fin de la pièce, tout le monde meurt, l’oncle, la mère, Hamlet lui-même ainsi que la couronne du Danemark.

Dans la situation des Libanais depuis 1990, le régime syrien a joué le rôle de Claudius et dans la classe politique, rares sont ceux qui ont pu dénoncer ce régime.

Walid Joumblatt l’a fait, mais tardivement, après l’assassinat de Rafic Hariri. Il y a quelques années, il déposa une rose sur la tombe de Kamal Joumblatt en reconnaissant qu’il avait été lâche jusque-là.

Du même auteur

La classe politique et le syndrome de Stockholm vis-à-vis du Hezbollah

Depuis le départ des troupes syriennes en 2005, c’est le Hezbollah qui spolie l’État libanais et la classe politique libanaise se laisse faire.

Si Hamlet s’était rappelé la leçon d’Abraham, de même que la classe politique libanaise, on n’en serait pas là. La classe politique libanaise se reproduit, en grande partie en passant le pouvoir à ses enfants, ce qui est contraire à la position d’Abraham qui honore d’abord le Père.

Dans la Bible, Dieu décide de passer une alliance avec Abraham. Pour marquer cette alliance, Abraham se soumet à la castration. Afin de tester la foi d’Abraham, Dieu lui demande de sacrifier son fils unique. Abraham accepte, mais Dieu le stoppe au dernier moment et remplace le sacrifice de son fils par celui d’un bélier. Cet épisode marque l’alliance entre un Dieu unique et les descendants d’Abraham (Wikipédia).L’histoire d’Abraham nous enseigne qu’il ne faut pas oublier le Père, que l’amour du père prime sur l’amour des enfants. Un père, on n’en a qu’un seul, alors que les enfants, on peut en faire plusieurs. Au Liban, le fait que beaucoup d’hommes politiques transmettent à leurs enfants leur propre mission publique indique qu’ils continuent de s’accrocher au pouvoir : si ce n’est plus moi, ce sera donc mon fils, ma fille et personne d’autre. Il s’agit d’un narcissisme morbide qui est en partie responsable des maux du Liban. La chose politique est une question d’engagement politique pour la patrie et non pas une perpétuation de soi.

Ici, le Père représente symboliquement la patrie, et l’amour du Père passe avant celui des enfants. À ne pas l’avoir compris, la classe politique libanaise a trahi sa mission en confondant le Politique avec le pouvoir.

Quant à Hamlet, une des interprétations psychanalytiques de sa procrastination montre que s’il n’arrive pas à venger son père en tuant son oncle Claudius, c’est parce que sur un plan inconscient, Claudius réalise les désirs œdipiens de Hamlet, tuer le père et posséder la mère. Hamlet est resté enfant, empêtré dans ses désirs incestueux. La classe politique libanaise de même.

Dans son éditorial du mercredi 9 décembre, Issa Goraieb introduit son texte par un rappel de la « procrastination » dans laquelle se retrouve la classe politique libanaise. Remettre à demain ce que l’on peut faire le jour même est la malédiction de Hamlet. On se rappelle que le spectre du père de Hamlet lui apparaît au début de la pièce et lui dévoile la vérité sur sa...

commentaires (1)

Waw qu'elle analyse !!!! Juste malheureusement

Eleni Caridopoulou

20 h 27, le 23 décembre 2020

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Commentaires (1)

  • Waw qu'elle analyse !!!! Juste malheureusement

    Eleni Caridopoulou

    20 h 27, le 23 décembre 2020

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